Le metteur en scène allemand Peter Stein met en scène Le Prix Martin, l’une des dernières pièces de Labiche, un contre-pied au vaudeville avec Jacques Weber et Laurent Stocker. Travail soigné.
Peter Stein aime gratter derrière les œuvres et cette pièce de Labiche s’y prête car il ne s’agit pas d’un Labiche dans la lignée du Chapeau de Paille, c’est un pièce plus en nuances, à la limite de la déconstruction. Ici le rythme n’est pas frénétique, on prend le temps de s’arrêter, de jouer aux cartes (au jeu de bésingue). Alors Peter Stein prend son temps pour installer les situations. Dans une semi boite noire en avancée de scène vont se dérouler les trois actes de ce voyage en quête d’amour qui débute à Paris pour s’achever au pied des montagnes suisses. Au cœur de l’action, deux amis, Ferdinand Martin (Jacques Weber) et Agénor Montgommier (Laurent Stocker). Agénor a été l’amant de la femme de Martin (Christine Citti) mais il la trouve désormais encombrante et la repousse. La jalousie de Ferdinand le pousse à monter un stratagème pour tuer Agénor lors de leur escapade en Suisse. Mais les situations comiques vont déjouer les plans et les deux amis finiront pas reprendre leur partie de cartes. L’amitié l’emporte sur la rancœur.
Le Prix Martin est l’occasion d’une rencontre au sommet entre deux grands acteurs. Du haut de sa stature imposante Jacques Weber se laisse guider par l’orientation sage de Peter Stein. Laurent Stocker est comme toujours parfait. Le côté comique de la pièce est incarné par les personnages secondaires. On aime Jean-Damien Barbin facétieux dans le rôle du domestique de Martin qui flotte dans un pantalon trop grand. Il est irrésistible. La mise en scène de Peter Stein permet d’apprécier l’écriture caustique de Labiche qui se moque de son époque. « Voilà bien la vieille Europe, flasque et sans énergie » lance Hernandez Martinez, roi des Chichimèques (Pedro Casablanc) à Martin. Et malgré cela on sort avec la fâcheuse impression de s’être ennuyé pendant une bonne partie du spectacle, comme ci on s’était laissé bercer par un délicieux ronronnement…
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le Prix Martin
d’Eugène Labiche mise en scène Peter Stein
avec Jean-Damien Barbin, Rosa Bursztein, Julien Campani, Pedro Casablanc, Christine Citti, Manon Combes, Dimitri Radochevitch, Laurent Stocker, Jacques Weber
collaboration artistique Jean-Romain Vesperini
conseiller dramaturgique Jean Jourdheuildécor Ferdinand Woegerbauer
costumes Anna Maria Heinreichlumière Joachim Barth
maquillages et coiffures Cécile Kretschmar
effets spéciaux de maquillage Emmanuel Pitois
assistante à la mise en scène Sara Abbasi
Production Odéon-Théâtre de l’Europe
Durée : 2 heures 40 avec entracte après les deux premiers actes
22 mars-05 mai 2013
A 20h du mardi au samedi
A 15h le dimanche
Pas une seule minute d ennui et aucun ronronnement. Très beau et triste texte. Et belle distribution. Le meilleure spectacle d’une triste saison de l’O déon.
Pas une seule minute d ennui et aucun ronronnement. Très beau et triste texte. Et belle distribution. Le meilleure spectacle d’une triste saison de l’O déon.