Condamnée à la peine capitale, une femme témoigne de sa fin de vie. A travers ses pensées, angoisses et souvenirs, elle nous plonge au cœur de son enfermement, l’espace d’un seul jour, le dernier de son existence, alors que le temps défile et que sa vie s’échappe. Voici ses mémoires.
Unité de lieu, de temps et d’action. Les règles de base de la tragédie. Nous nous appuierons sur ce dogme en nous détachant des habituelles conventions théâtrales. Et si la scène n’est évidemment pas le cachot de Bicêtre dépeint par Victor Hugo, elle a ici vocation d’enfermer le comédien. Ou plutôt, la comédienne. Loin d’être anodin, le passage du masculin au féminin donne un nouvel éclairage sur l’œuvre, trouvant sa force dans le climax de l’adieu d’une mère à sa fille.
Cette prison physique et psychique, psychologique se reflètera dans la mise en scène. Les déplacements seront limités… Quoi de plus normal ? Le corps est faible, porté tantôt par la colère vis-à-vis de l’injustice, tantôt par l’espoir d’une grâce. Plus que les mots de Victor Hugo, il s’agit de mettre en valeur, la véritable pensée de l’auteur, profonde et intellectuelle, enfouie entre ses lignes. De conjuguer son texte en pamphlet, au temps présent. Ainsi, le contemporain surgit et frappe l’audience par maux et par mots puissants.
Le principal défi est de fuir le littéraire pour entrer de plein pied dans la vie, dans cette quête absolue de jours meilleurs que nous recherchons tous avant que sonne l’heure fatidique. Alors pour cette formidable condamnée, le temps se distord. On sera avec elle, on comprendra ses tourments, sa folie naissante vis-à-vis d’ un Système « intolérable », comme le qualifiait Michel Foucault, face à une machine judiciaire, implacable, dictée par le pouvoir. Ne voulant pas être une marionnette, l’être se débat, cherche une échappatoire sans se soucier de qui la regarde, ni de qui pourrait l’entendre.
Dans cette variation volontairement épurée, jeu et mise en scène s’inscriront naturellement dans cet instant T… Tout, absolument tout doit passer par la pureté, sans aucun artifice ni aucune facilité. La pièce prendra donc la forme d’un plan séquence, où la condamnée n’a pas un seul refuge et ne peut marquer une seule pause. Point de musique… ce serait tricher, de noir… ce serait lui donner un instant de répit, de jeu de lumière… ce serait détourner l’attention de ses témoins. Non ! Elle sera seule face au verdict, face à son audience, à ses juges et face à nous, spectateurs impuissants….
Un miroir magnifique et fatal de notre simple condition de mortel.
Cédric Coppola
Le dernier jour d’un condamné
De Victor Hugo
Metteur en scène: Cédric Coppola
Avec: Pauline SmileA partir du 9 mars 2018
Au 100 Ecs, 100 Rue de Charenton – 75012 PARIS
Réservations: BilletRéduc, sur place ou en téléphonant au 01 46 28 80 94 .
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