Le Faiseur de théâtre écrit en 1984 est l’un des fleurons du cycle bernhardien mettant en scène de manière explicite le théâtre. De la même veine, on tire des ouvrages tels que L’Ignorant et le fou (1972), La Force de l’habitude (1974), Minetti (1976)… plus tard encore, Simplement compliqué (1986). L’auteur y retrouve l’un de ses sujets favoris : le littérateur-artiste-philosophe. A l’instar de l’auteur et comédien d’Etat Bruscon (personnage central de la pièce) déclarant à sa fille : “Ta mère est un anti-talent, mais c’est précisément pour cela que je l’ai prise“, Bernhard s’inscrit contre le théâtre. Cette adversité résulte du sentiment ambivalent que l’auteur entretient avec son œuvre, son art et ses personnages. Si besoin était de s’en convaincre, il suffirait sans doute de ces quelques citations : “Se faire comprendre est impossible“ ou encore “L’art que l’on expose est annihilé du seul fait qu’il est exposé“ (Perturbation) ; enfin et pour revenir à la pièce : “Si nous sommes honnêtes / nous ne pouvons pas faire de théâtre / ni ne pouvons si nous sommes honnêtes / écrire une pièce de théâtre / ni jouer une pièce de théâtre / si nous sommes honnêtes / nous ne pouvons absolument plus rien faire / sauf nous tuer“. La dénégation de l’art est donc l’un des thèmes majeurs du faiseur de théâtre ; plus encore, elle recoupe la vie de Thomas Bernhard lui-même. L’œuvre questionne sur la représentation au théâtre de la destruction même du théâtre et, donc par extension, de celle de la pensée. Extrait de la note d’intention de Patrick Schmitt
Le faiseur de théâtre
De Thomas Bernhard
Traduction française : Edith DARNAUD
Mise en scène et scénographie : Patrick SCHMITT
Costumes : Laurence CHAPELLIER
Régie générale : Xavier BRAVIN
Chargée de diffusion : Isabelle AURERIN
Distribution
Par ordre alphabétique :
Jean-Luc DEBATTICE : Bruscon
Lorène EHRMANN : Sarah
Catherine LEFÈVRE : Mme Bruscon
Pierre-Etienne ROYER : Ferruccio
Georges SALMON : L’hôtelier
Avec l’aimable autorisation de l’ARCHE Editeur
Production La Forge / Cie Patrick Schmitt
La Forge / Cie Patrick Schmitt est conventionnée par la Région Ile-de-France
Elle est subventionnée par le Conseil Général des Hauts-de-Seine et la Ville de Nanterre
Durée du spectacle : 1h50 sans entr’acte
du 19 novembre au 5 décembre 2010 à la Forge à Nanterre
• Du mercredi au samedi à 20h30 • Dimanche en matinée à 16h00
• Relâche lundi & mardi
• Prix des places : 20 € • Cartes nanterrien, cartes vermeil : 13 €
• Demandeurs d’emploi, étudiants : 10 €
La Forge / Cie Patrick Schmitt
17/19 rue des Anciennes Mairies 92000 Nanterre
Tel : 01-47-24-78-35
Le 10 décembre à la Scène Nationale de Mâcon
Je suis désolée en lisant les différents articles sur le web de voir la place réservée au metteur en scène et le peu d’importance accordée aux acteurs. j’ai été voir cette pièce avec beaucoup d’a priori. Dès l’arrivée, on est découragé, la salle est lugubre, il y a quelques spectateurs qui ne se disputent même pas le premier rang. Cependant, dès que la pièce commence on est époustouflé non seulement par la performance de Debattice (impressionnant tant par son jeu que par sa maîtrise du rôle et du texte) mais par celle de l’ensemble de la troupe. Les acteurs ont un temps de parole limité mais leur présence et leurs expressions méritent autant d’admiration que celle que l’on peut légitimement accorder au metteur en scène et au premier rôle.