Depuis des décennies, il prête sa voix à Sylvestre, le « gros minet » ennemi juré de Titi, sans oublier plus de 200 rôles au cinéma, au théâtre et à la télé : à 80 ans, Patrick Préjean s’offre un marathon avec deux pièces jouées un jour sur deux au Théâtre de Passy à Paris.
L’acteur jovial au regard pétillant campe le personnage principal de Visites à Mister Green et Retour chez Mister Green, de l’Américain Jeff Baron. Ce huis clos poignant et drôle met en scène un vieil homme acariâtre et un jeune cadre condamné à lui rendre visite chaque semaine pour l’avoir renversé en voiture. Mise en scène par Thomas Joussier qui campe l’automobiliste imprudent, cette adaptation, jouée jusqu’à fin décembre, a été présentée lors du dernier festival Off d’Avignon.
« Ce sont deux pièces touchantes et pleines d’humour sur la tolérance. Mon personnage m’oblige à travailler une double composition, intérieure et physique, car à 80 ans, je suis quand même un peu jeune pour le rôle de M. Green qui en a 86 ! », souligne auprès de l’AFP Patrick Préjean, qui en paraît dix de moins.
« Avec Mister Green, on aborde des problèmes vieux comme le monde, sans donner de leçons. J’aime le divertissement qui fait réfléchir, dans le style de Molière et Plaute dans l’Antiquité, pour apprendre aux hommes à se comprendre et à mieux comprendre les autres. Pour moi, c’est la noblesse du théâtre ! », confie-t-il.
Parmi les œuvres contemporaines les plus jouées dans le monde, ces deux pièces ont été traduites en vingt langues depuis leur création à New York en 1997.
« cure de jouvence »
« La scène est ma respiration première, même si j’adore tourner pour le cinéma ou la télé », confie ce comédien qui a débuté à l’âge de 13 ans à la fin des années 1950 dans la troupe Gruss dont son père Albert Préjean a été M. Loyal.
« J’y ai appris l’humilité, la rigueur et le courage. Cela m’a servi pour toutes les autres disciplines de la comédie dramatique », observe-t-il.
Depuis, l’acteur s’est distingué sur toutes les scènes, y compris l’opérette, jusqu’au doublage – sa « cure de jouvence » -, avec plus de 150 voix, de l’acteur Steve Martin à Sam le pirate des Looney Tunes, en passant par Bayonne le cochon-tirelire de « Toy Story » et Tigrou, l’ami de Winnie l’ourson.
En 1998, Patrick Préjean, formé au cours d’art dramatique de la Rue Blanche et au Conservatoire, est revenu à ses premières amours en interprétant Cyrano de Bergerac, lui vaillant une nomination aux Molières face à Michel Bouquet, lauréat cette année-là.
Au cinéma, il a été le maréchal des logis Perlin dans « Le Gendarme et les gendarmettes » (1982), après avoir donné la réplique à Jean Gabin dans « Le Tatoué » (1968). Il a été aussi à l’affiche de « Peau d’âne », « Le Mur de l’Atlantique », « Le Cerveau » et dernièrement « Cocorico », succès de début d’année avec Christian Clavier.
Pour la télévision, après les grandes séries des années 70 dont « Les Rois maudits » et « Jo Gaillard », Patrick Préjean vient d’être enrôlé pour « Scènes de ménages » (M6), dans le rôle du meilleur ami du personnage joué par Gérard Hernandez, touché par le décès de sa femme (interprétée par Marion Game).
Quel conseil donnerait-il à un comédien débutant ? « Avoir la patience et le courage d’entretenir ses rêves, croire en sa bonne étoile et comprendre que, même avec du talent, ça ne tombe pas tout cru… ».
Si Patrick Préjean estime avoir eu « la chance d’interpréter tous les sentiments », il se verrait bien aujourd’hui jouer du Shakespeare.
Jean-François Guyot © Agence France-Presse
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