Patrick Chesnais et Niels Arestrup s’affrontent au sommet dans un duel verbal qui éclaire notre temps. Après la défaite de Waterloo et l’exil de Napoléon, Wellington et ses troupes sont dans Paris. La révolte gronde. Qui va gouverner le pays ? Le 6 juillet 1815 au soir, les « faiseurs de rois » Fouché et Talleyrand se retrouvent lors d’un souper pour décider du régime à donner à la France. Si le premier souhaite une république, le second envisage le retour des Bourbons. Aucun des deux ne peut agir sans l’autre. Sans céder au manichéisme ni à l’aspect scolaire du face-à-face, Jean-Claude Brisville imagine cette conversation décisive et met en scène la lutte pour le pouvoir et les honneurs de deux hommes puissants qui se détestent, se livrent tour à tour mais que les circonstances historiques condamnent à s’entendre sous peine de disparaître. Deux siècles se sont écoulés et, cependant, leur souper est toujours d’actualité tant du point de vue du questionnement sur l’avenir de la France que de l’affrontement politique. Toutefois les enjeux du Souper ne doivent pas être entendus dans leur seul cadre historique mais compris comme une extraordinaire autopsie de l’art de la négociation. La négociation est au coeur de nos existences et c’est le thème essentiel du Souper. La dispute entre deux prestigieux protagonistes est aussi une figure de style que l’écriture théâtrale, si elle est servie par un véritable auteur, est la mieux à même de défendre.
Les très grands succès théâtraux ont parfois la fâcheuse conséquence de rendre très difficile, sinon impossible, les nouvelles mises en scène. Ceci est d’autant plus vrai quand il s’agit d’une pièce nouvelle qui, d’emblée, a ainsi trouvé son « excellence ». Marqué par l’éclatante réussite, on se résout souvent à ne plus penser à une nouvelle hypothèse. C’est le cas du Souper brillamment interprété il y a 25 ans par Claude Brasseur et Claude Rich dans une mise en scène au cordeau de Jean-Pierre Miquel qui a d’ailleurs donné lieu, peu de temps après, à une adaptation cinématographique d’Édouard Molinaro. Sauf si… Sauf si de très grands comédiens sont prêts, avec vous, à relever le défi et quand il s’agit de Niels Arestrup et Patrick Chesnais cela se transforme en une vraie ambition, un magnifique projet, l’espoir d’une nouvelle vision. Et on peut parier, comme ce fut le cas en 1989 et comme le provoque toutes les grandes pièces, au-delà de comprendre que les destinées de tout un peuple sont souvent décidées au sommet par quelques-uns, que le spectateur de 2015, deux siècles exactement après Waterloo, trouvera dans le spectacle une résonance du contexte politique actuel. Note d’intention de Daniel Benoin, metteur en scène
Le souper
De Jean-Claude Brisville
Mise en scène Daniel Benoin
Assistante à la mise en scène Linda Blanchet
Avec Niels Arestrup, Patrick Chesnais, Paul Charieras et Benjamin Migneco. Scénographie Jean-Pierre Laporte
Lumières Daniel Benoin
Costumes Nathalie Bérard-Benoin
Vidéo Paulo Correia
Théâtre de la Madeleine
À partir du 6 février 2015
Du mardi au vendredi à 20h30,
le samedi à 17h30 et 20h30
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