On ne cesse d’être admiratif du génie précoce de Mozart… A l’âge où bon nombre d’adolescents ont naturellement des rêves et des préoccupations de leur âge, lui compose Mithridate, son premier opera seria sur un livret adapté de la tragédie éponyme de Racine. D’emblée, l’œuvre est à la fois un coup de maître et un succès important pour sa jeune carrière de compositeur. En 1770, Mozart a 14 ans et il effectue son premier voyage en Italie avec son père. L’ouvrage dépeint l’étrange relation qui unit le roi Mithridate à ses deux fils, Xipharès et Pharnace, car tous trois convoitent la même femme. La jeune Aspasie est en effet promise à Mithridate mais son cœur bat pour Xipharès. Sur fond de guerre de succession au trône et d’inévitables trahisons, Mozart écrit une partition à la fois pleine de fougue et d’émotion (l’air d’Aspasie « Nel grave tormento », déchiré entre amour et devoir, est l’un des plus beaux du genre). Selon les codes de la forme seria, l’ouvrage regorge d’airs virtuoses pour chacun des interprètes. Seul le bref quintette final les réunira. Page de jeunesse, Mithridate contient déjà en germe l’œuvre de la maturité du musicien tant sur le plan musical que pour celui du théâtre.
Une équipe jeune a également été réunie pour servir ce bijou de grâce et d’émotion. Le pensionnaire du Français et metteur en scène Clément Hervieu-Léger a reconstitué à ses côtés celle de La Didone de Cavalli présentée ici même il y a trois saisons. Emmanuelle Haïm mènera avec l’énergie et le talent qu’on lui connaît son Concert d’Astrée. Quant à la belle convoitée, elle sera incarnée par Patricia Petibon, bouleversante Blanche chez Poulenc et aussi depuis longtemps fine mozartienne. Messieurs père et fils, nous ne doutons que vous aurez à cœur de briller aux yeux de la belle Aspasie.
Mithridate
Wolfgang Amadeus Mozart
Opéra seria en trois actes (1770)
Livret de Vittorio Amedeo Cigna-Santi, d’après Mithridate de Jean Racine, dans la traduction italienne de Giuseppe Parini
Emmanuelle Haïm direction
Clément Hervieu-Léger, de la Comédie-Française mise en scène
Frédérique Plain dramaturgie
Eric Ruf décors
Caroline de Vivaise costumes
Bertrand Couderc lumières
Michael Spyres Mithridate
Patricia Petibon Aspasie
Myrtò Papatanasiu Xipharès
Christophe Dumaux Pharnace
Sabine Devieilhe Ismène
Cyrille Dubois Marzio
Jaël Azzaretti Arbate
Le Concert d’Astrée
Coproduction Théâtre des Champs-Elysées / Opéra de Dijon
Décors réalisés par les Ateliers de l’Opéra de Dijon
Spectacle en italien, surtitré en français
Durée de l’ouvrage 3h30 environThéâtre des Champs-Elysées
Du 11 au 20 février 2016
Opéra de Dijon
Du 26 février au 1er mars 2016
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