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« MALEDIZIONE », les lieux de Pamina de Coulon

A voir, Les critiques, Nancy, Paris, Théâtre
Maledizione de Pamina de Coulon
Maledizione de Pamina de Coulon

Photo Alix Golay

Nouvelle création après son précédent opus NIAGARA 3000, MALEDIZIONE de Pamina de Coulon compose avec une prose directe et concrète un stimulant enchevêtrement d’époques, d’anecdotes triviales comme de fragments de la grande Histoire. Ou comment se mettre ensemble en mouvement.

Cela fait plus de dix ans que l’artiste Pamina de Coulon creuse son sillon. Soit, qu’elle construit, façonne, spectacle après spectacle, un lieu où chacune et chacun peut venir écouter, se nourrir intellectuellement, être interpellé·e, réfléchir, ressentir. Cette analogie entre les spectacles d’une artiste et l’invention d’un lieu peut étonner. Il faut découvrir le travail de l’autrice et performeuse suisse pour saisir ce qui relève ici d’une sensation – le « lieu » n’étant pas à entendre comme un espace clos et hermétique, plutôt comme un monde qui, à chaque fois, se déploie par la parole et de menus actes. Il y a bien une « patte » Pamina de Coulon, un style. Sans pour autant – en l’état actuel de nos connaissances – repérer de glissement vers l’écueil du maniérisme. La vitalité et la nécessité demeurent, infusant chacun de ses nouveaux spectacles, tous s’articulant autour de sa série intitulée FIRE OF EMOTIONS.

Depuis 2014, Pamina de Coulon crée patiemment des œuvres qu’elle qualifie elle-même de « saga », renvoyant ici à l’art du récit (pouvant agréger mythes ou légendes), autant qu’à l’oralité – les sagas scandinaves, littérature de conteurs, ayant a priori une origine orale. Si chaque opus de FIRE OF EMOTIONS est autonome, l’ensemble partage nombre de traits communs. Seule en scène, l’artiste est face à nous et, sans incarner de personnages, déploie une logorrhée-fleuve embarquant dans son flot d’idées, d’images. Toutes sont traversées de la même sincérité et adresse directe, sans fard. Toutes agrègent les références sans hiérarchisation de celles-ci. Toutes déploient une pensée rhizomatique, où un premier fil en tire d’autres, dessinant une singulière et stimulante constellation d’idées, d’images, d’hypothèses. Toutes, également, se déroulent dans un dispositif scénographique modeste, mais évolutif, que l’artiste investira, « animera » simplement.

Dans MALEDIZIONE, Pamina de Coulon est assise au sol en tailleur tandis que le public prend place dans la salle. Vêtue d’un pantalon bleu clair et d’un débardeur vert – comprenez dans une tenue de tous les jours –, elle nous attend. Derrière elle, sur le plateau baigné d’une douce lumière, l’on voit une sorte de voile ajouré (aux motifs floraux) relié à un tuyau bleu, un bac accueillant un tapis de yoga plié, un gros pouf dont les couleurs et le motif en crochet dessinent des mauvais œils et d’intrigants petits bourrelets de tissus blancs positionnés au sol juste derrière elle. Des éléments dont elle se servira au gré de ses pérégrinations orales.

Pour signaler le début de cet « essai parlé », la jeune femme écrase et jette une bouteille plastique. « Peut-être qu’on se trompe ? » : voilà, ça débute et, à partir de cette hypothèse partagée d’un doute premier, elle ne va cesser de parler. Cette poésie fondamentalement orale, cette prose saisissante par son débit, son scandé, son adresse, son propos, va enrouler et tisser les histoires ou simples évocations : Brigitte Fontaine et l’importance d’oublier d’avoir raison, la fascination des artistes (elle en tête) pour la docteure, botaniste, musicienne et nonne Hildegarde von Bingen, l’équipe de religieuses belges ayant vendu en 1990 leur couvent pour acheter château, mercos, chevaux, Mary Poppins qui, arrivant avec le vent d’est, n’est toujours que de passage (et sans enfants), l’importance de s’interroger sur qui produit les récits et les histoires officielles, la journaliste et philosophe française Célia Izoard qui a signé article et livre sur les mines contemporaines (notamment au Suriname), la construction aléatoire des cathédrales, la vision faussée du Moyen-Âge comme une période de régression, etc.

Cela pourrait virer au name dropping surplombant, cela compose, au contraire, un territoire à arpenter dans le sillage de l’artiste qui, avec ses rebonds, retours, enchevêtrements et coq-à-l’âne proches parfois de l’association libre (de la cure psychanalytique), nous emmène en toute humilité. On note la récurrence de certains motifs, l’insistance quant à certains propos : la question de la religion détachée du dogme ou des institutions, celle des communautés (religieuses ou pas) à travers notamment l’évocation de deux films passionnants (disponibles sur Tënk), En communauté et Regarde, elle a les yeux grands ouverts, la persistance de la suprématie blanche – sous ses diverses formes –, le retour de l’extrême droite catholique et son ultra-organisation, la montée de la transphobie et du racisme, etc. Plus fort dans son articulation que le précédent opus NIAGARA 3000 – qui pouvait davantage laisser le sentiment de simplifier parfois certains sujets –, MALEDIZIONE invente un lieu (dont on découvre la carte une fois le territoire arpenté) où partager des enjeux, des idées, des sensations. Un lieu chaleureux qui, loin d’oblitérer la violence qui l’entoure, invite modestement à sortir des schémas binaires de lectures du monde pour inventer ses propres espaces et se souvenir des possibles du vent.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

MALEDIZIONE (FIRE OF EMOTIONS)
Recherche, écriture, conception et jeu Pamina de Coulon
Décor Pamina de Coulon, Alice Dussart
Lumière Alice Dussart
Production, diffusion Sylvia Courty

Production BONNE AMBIANCE
Diffusion Boom’Structur
Coproduction Arsenic – Centre d’art scénique contemporain, Lausanne ; Centre Culturel André Malraux, Vandoeuvre-lès-Nancy ; Association Le Cyclop, Milly-la-Forêt
Avec l’aide de la ville de Lausanne, du Canton de Vaud
Avec le soutien de Pro Helvetia, de la Loterie Romande, de la Corodis

Durée : 1h10

Théâtre Silvia Monfort, Paris
du 25 au 29 novembre 2025

Le Pommier, Neuchâtel (Suisse)
les 4 et 5 mars 2026

CCAM, Scène Nationale de Vandœuvre-lès-Nancy
le 18 mars

27 novembre 2025/par Caroline Chatelet
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