Mais que se passe-t-il donc autour du spectacle Courgette ? Sept nominations aux Molières, une prolongation parisienne (du 7 juin au 6 juillet au Théâtre Tristan Bernard) et une tournée à l’international… Paméla Ravassard revient sur ce succès inespéré.
“Depuis le 3 avril et l’annonce des nominations, j’ai l’impression d’avoir le cœur qui va exploser à chaque seconde”. La metteuse en scène a le sourire fatigué de ceux pour qui tout s’emballe, à la sortie de la 220e représentation de son adaptation du roman de Gilles Paris Autobiographie d’une courgette. Dans le foyer du théâtre André Malraux à Rueil-Malmaison, des spectateurs viennent la féliciter pour ce spectacle “si touchant, si émouvant”, les mains serrées sur la poitrine et les yeux encore brillants.
Créée en septembre 2021, la pièce est vite repérée l’été suivant à Avignon. “Il y avait 12 personnes dans la salle le premier soir, se souvient Paméla Ravassard, qui co-signe l’adaptation avec Garlan Le Martelot. Puis le lendemain, il y en avait 24. Au bout de quatre jours, on était complets jusqu’à la fin du festival”. Ensuite, tout s’enchaîne. Courgette sera programmé au théâtre parisien Tristan Bernard pour la saison 2023/2024. Nommé sept fois aux Molières, le spectacle est, avec Le cercle des poètes disparus mis en scène par Olivier Solivérès, le grand favori de cette cérémonie, dont les lauréats seront annoncés le 6 mai. Une aventure collective puisque, si la pièce est sélectionnée dans la catégorie du meilleur spectacle et mise en scène, l’ensemble de la distribution est également concernée, avec Garlan Le Martelot dans la catégorie révélation masculine, Vanessa Cailhol meilleure comédienne, mais aussi second rôle pour l’ensemble des autres interprètes.
Si la pièce est nommée dans la catégorie théâtre public – car il est co-produit par le théâtre d’Auxerre, scène conventionnée, avec le soutien de la DRAC de la Région Bourgogne Franche Comté, le département du Doubs et du Val-de-Marne – la plupart de ses dates parisiennes se sont déroulées au Tristan Bernard, un théâtre privé. La pièce a donc bénéficié d’une visibilité parisienne de longue durée, plus difficile a obtenir pour beaucoup de spectacles du secteur public, ce qui a peut-être aidé à son succès et à son nombre de nominations aux Molières. Pour beaucoup de professionnels le spectacle est donc estampillé « théâtre privé ». “Le spectacle a été joué 98 fois à Paris contre 140 en région, dans des scènes conventionnées ou des théâtres communaux et la saison prochaine il le sera dans des scènes nationales” précise Paméla Ravassard.
Courgette, c’est aussi un conte universel et musical. “C’est ma fille qui m’a fait découvrir l’histoire”, confie la metteuse en scène “et je me suis rendu compte de l’émotion qu’elle suscitait chez les adultes et du rire provoqué chez les enfants”. Contacté, Gilles Paris lui accorde les droits de son roman sans hésitation. Paméla Ravassard convoque alors ses compagnons de longue date et s’attelle à l’adaptation du parcours d’Icare, un petit garçon qui s’est brûlé les ailes d’entrée de jeu. Lui, préfère qu’on l’appelle Courgette. Consumé d’un feu trop vif, il n’aura qu’un objectif : il veut tuer le ciel, qui lui apporte tant de malheur. Après avoir joué d’un peu trop près avec un revolver, Courgette est envoyé au foyer des Fontaines où il va rencontrer Simon, Camille et Ahmed. Un tendre humour, des trajectoires attachantes, une bande originale travaillée au millimètre – qui lui vaut d’ailleurs d’être également nommé au Trophée de la Comédie Musicale 2024 décerné le 10 juin – et le tour est joué. Les interprètes virevoltent d’un personnage à l’autre, incarnent tour à tour des enfants abîmés comme des adultes défaillants, protecteurs ou parfois sauveurs, jonglant entre perruques, batterie, guitare, clavier et voix dans une fluidité limpide.
Ce spectacle, il n’intervient pas au hasard dans la vie de Paméla Ravassard. “La première semaine de répétition, j’enterrais ma maman, articule-t-elle, les yeux embués. Et je me suis toujours dit que j’avais son étoile qui m’accompagnait dans tout le processus de création.” Depuis sa Franche-Comté natale où elle entre pour la première fois dans un théâtre grâce à son oncle, puis sa formation auprès de Jean-Pierre Garnier ou encore de Véronique Vella, la famille dysfonctionnelle et la quête de soi, ce sont des thèmes qui reviennent souvent dans ses créations. “Bien sûr, c’est lié à mon histoire”, sourit-elle, pudique. Trouver sa voix, devenir qui on est vraiment, s’émanciper des modèles parentaux, autant de thèmes qui étaient présents dans 65 miles, une adaptation du texte de Matt Hartley et seront également centraux dans sa prochaine création, Zoom, un seul en scène que Paméla Ravassard interprètera elle-même en octobre prochain, d’après un texte original de Gilles Granouillet.
En attendant, Courgette poursuit sa trajectoire avec une prolongation parisienne au Tristan Bernard et une tournée à l’international d’une quinzaine de dates qui emmènera la troupe la saison prochaine jusqu’à San Francisco. “Un sacré pas à franchir” sourit la comédienne.
Fanny Imbert – www.sceneweb.fr
Courgette
Mise en scène : Pamela Ravassard
Ass. à la mise en scène et création lumière : Cyril Manetta
Scénographie : Anouk Maugein
Costumes : Hanna Sjödin
Musique : Frédéric Minière
Avec : Vanessa CAILHOL, Florian CHOQUART, Garlan LE MARTELOT, Lola ROSKIS GINGEMBRE, Vincent VIOTTIEn coproduction avec le Théâtre d’Auxerre – scène conventionnée.
Avec le soutien de l’ADAMI, la DRAC et la Région Bourgogne Franche Comté, le Département du Doubs, le département du Val-de-Marne, le Théâtre Dijon Bourgogne dans le cadre du plan de soutien aux compagnies régionales mis en place à titre exceptionnel en 2021 en partenariat avec le réseau Affluence B-F-C , Aide à la résidence de création -Théâtre Gaston Bernard (Châtillon-sur-Seine)
En partenariat avec le théâtre de Beaune, le théâtre de Morteau, le théâtre de Maisons-Alfort, le théâtre de Landivisiau, le théâtre des Béliers, le théâtre de La Tempête, le Réseau Affluence, le Réseau Scène O Centre.
durée : 1h30
L’Aria, Cornebarrieu, du 28 au 30/04
Théâtre Pierre Fresnay, Ermont, le 05/05
Pôle culturel La Lanterne, Rambouillet, le 14/05
Théâtre de l’envol, Viry Chatillon le 17/05
Centre Culturel Albert Camus, Issoudun, le 21/05
Espace Saint Exupéry, Franconville le 31/05
Le Sube, Garces les Gonesse, le 05/06du 7 juin au 6 juillet 2024
Théâtre Tristan Bernard pour 20 représentations exceptionnelles
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