P.I.G.S. de Didier Manuel
On avait des fleurs dans les cheveux et on dansait autour d’un feu au son de la guitare sur les collines de San Francisco. On rêvait d’harmonie et de liberté, d’amour libre et de communautés affranchies des carcans « bourgeois ». Mais ça a très vite commencé à grincer. Les guitares se sont électrifiées et la drogue est devenue plus dure, il y a eu comme un désenchantement et les leaders hippies se sont reconvertis dans la publicité.
Ces années soixante, âge d’or de la société de consommation, de l’hédonisme et de l’individualisme forcené, furent aussi celle de l’exploration des limites. Sex, Drugs and Rock’n’roll, ce cocktail savoureux était la philosophie de la « famille » comme on appelait alors la communauté du légendaire Charles Manson, ce gourou monstre qui attirait à lui des filles fascinées par son charisme sans scrupules.
Les lettres P.I.G.S. inscrites en lettres de sang sur les murs de la maison de l’actrice sauvagement assassinée Sharon Tate, démonisée dans Rosemary’s baby et épouse de Roman Polanski, une nuit d’août 1969, donnent le La de ce spectacle où la musique tient une bonne place. Trois femmes, trois voix, se partagent la scène et nous narrent les illusions perdues, la dérive macabre de trois jeunes filles de bonne famille, embrigadées dans une folle fuite en avant. Trois furies contemporaines, trois bacchantes modernes qui entraînent vers la perte, l’abandon et, plus loin, vers la mort, la fin, le désastre. Comment la société crée-t-elle ces monstres ? De quoi ces crimes sont-ils les symptômes ?
P.I.G.S. déroule la fable douce-amère de cette génération X, la génération des lendemains qui déchantent et nous dit que l’Histoire, ce ne sont pas seulement des rois et des reines, ce sont aussi des âmes perdues et des crises stridentes, des crimes et des mythes urbains. Cette histoire-là fait aussi ce que nous sommes. Il est bon de le savoir. Pourtant, toujours, la musique est bonne.
P.I.G.S.
Perverted Infant Gathering Society
Texte, scénographie, mise en scène Didier ManuelAvec Coralie Leblan, Maud Le Grévellec, Émeline Touron
Scénographie Olivier Irthum & Didier Manuel / Musique Tess Wassila / Lumière Olivier Irthum / Son Chloé Costet / Vidéo William« xulfni » Nurdin / Costumes Éléonore Daniaud / Masques, Prothèses Elise Kobisch-Miana / Bande originale ODM
La Manufacture – Nancy
25 > 28 février 2014
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !