Thomas Ostermeier continue son voyage dans l’œuvre de Shakespeare. Après Hamlet, il s’attaque à Ottello et cette histoire de conspiration teintée de racisme, où l’on suit le stratagème de Iago pour faire plonger le maure Othello. Comme toujours la scénographie impressionne dès l’entrée dans la salle. Une énorme étendue d’eau occupe l’espace, elle va jouer un rôle central pendant toute la pièce. L’eau de Venise, l’eau de Chypre…Elle va et vient. Elle change de couleur aussi pour épouser une teinte rougeâtre annonciatrice du sang qui va couler…
Comme souvent dans les dramaturgies autour de la pièce de Shakespeare c’est le personnage de Iago qui est centre de l’action. Ce fourbe n’aime pas Othello. Il n’aime pas sa couleur, sans jamais le dire. Ostermeier n’a pas joué sur la différence de peau. Il n’y a pas d’acteur noir pour jouer Othello. Qu’importe. La cruauté de Iago est suffisamment forte pour sentir ce relent de racisme.
L’action est soutenue par un orchestre jazzy, très utilisé lors de l’installation de la pièce, la présentation des personnages, il devient plus discret pendant la deuxième partie du spectacle lorsque Iago provoque la jalousie d’Othello, en assurant que sa femme, Desdémone a été la maîtresse de Cassio. Toute cette partie, qui est le cœur de la pièce tire malheureusement en longueur. Passée la surprise agréable de la scénographie de Jan Pappelbaum, et la découverte de toutes les trappes et astuces, la mise en scène de Thomas Ostermeier s’enlise et devient profondément ennuyeuse. Il tente bien de nous réveiller en faisant passer au dessus de nos têtes quelques avions de chasse (tiens les Rafales de Sarkozy sont de sortis ces temps-ci !) ou en nous plongeant dans une ville illuminée qui ressemble à Las Vegas. Ce n’est pas suffisant pour soutenir l’action.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Othello de William Shakespeare
traduction Marius von Mayenburg
mise en scène Thomas Ostermeier
avec :
Sebastien Nakajew Othello
Thomas Bading Brabantio, Lodovico, Herr
Tilman Strauss Cassio
Stefan Stern Iago
Niels Bormann Roderigo
Erhard Marggraf Doge, Butler
Ulrich Hoppe Senator, Montano, Gratiano
Eva Meckbach Desdémone
Laura Tratnik Emilia
Luise Wolfram Bianca
Ben Abarbanel-Wolff Saxophone
Thomas Myland Orgue, clavier
Nils Ostendorf Trompette
Max Weissenfeld Batterie
scénographie Jan Pappelbaum
costumes Nina Wetzel
musique Polydelic Souls
direction musicale Nils Ostendorf
vidéo Sebestien Dupouey
lumières Erich Schneider
combats (chorégraphie) René Lay
durée du spectacle : 2h40 sans entracte
co-production de la Schaubühne et Hellenic Festival 2010
création en août 2010 à Epidaure en Grèce, dans le cadre du festival Hellenic.
première en France
du mercredi 16 au dimanche 27 mars 2011
du mercredi au samedi à 20h45
dimanche à 17h
spectacle en allemand surtitré en français
Bonjour,
Juste un commentaire bref, j’aimmerais voir souvent dans le théâtre français » des mises en scène profondément ennuyeuses comme celle-ci »
Je peux comprendre que n’ayez pas adhéré ou compris le parti pris de Thomas Ostermeier, mais cette mise en scène est en aucun profondément ennuyeuse, que diriez-vous alors du Richard II présenté dans ce même théâtre pour ne prendre que cet exemple ???
Cordialement
Annie Cazaubon