Orage, le temps des souvenirs

© Pierre Grosbois

Jacques Osinski monte une pièce rarement jouée de Strindberg, une pièce sur le temps, sur la vie, qui se déroule un soir d’été au crépuscule. Jacques Osinski joue avec ce temps et donne à entendre un texte magnifique.

 « Quand le réverbère s’allume, je me sens calme ». Monsieur, incarné par l’excellent Jean-Claude Frissiung, vit seul dans sa maison, une maison calme et sereine. Un maison triste aussi depuis que sa femme et sa fille sont parties. Avec son frère (Michel Kullmann), ils passent leur temps à philosopher et à se demander qui sont les voisins qui viennent d’emménager dans la maison. Cette maison est tenue par Louise (Alice Le Strat), parente de Monsieur et servante. Parmi les habitués, il y a aussi Starck, le pâtissier (Baptiste Roussillon). C’est une soirée d’été, l’orage commence à gronder et la quiétude estivale est bouleversée par les bruits des voisins. L’ex-femme de Monsieur, Gerda (Gretel Delattre) apparait de nouveau dans cette maison des souvenirs. C’est elle la voisine qui a emménagé avec sa fille et son nouveau mari.

Le salon de la maison est l’élément central de la pièce. Le scénographe Christophe Ouvrad a créé un espace vitré en avancée, une sorte de véranda. Toutes les scènes dans la maison se déroulent derrière ces vitres, dans ce salon aux vieux souvenirs. Le travail de Jacques Osinski est méticuleux. Il a su créer une atmosphère douce et calme.

Dans cette pièce qui lorgne vers Tchekhov, nous sommes propulsés dans un autre temps. Les silences s’imposent. « J’ai appris à me taire dans cette maison de silence » dit Louise la servante. La langue de Strindberg dans une nouvelle traduction très poétique de René Zahnd est poignante. On pense à notre vie et à nos propres souvenirs.

Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr