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Dans le grand et remuant bain de jouvence de Florentina Holzinger

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Ophelia’s Got Talent de Florentina Holzinger
Ophelia’s Got Talent de Florentina Holzinger

Photo Nicole Marianna Wytyczak

Dans Ophelia’s Got Talent présenté à La Villette, des performeuses plongent en profondeur dans les remous d’une eau trouble et célèbrent le corps offensif et libéré.

Sous la Grande Halle de La Villette, sont installés deux aquariums et une piscine géante dans lesquels le spectateur rêverait de se jeter pour tenter de supporter la température caniculaire. Ces trois bassins sont les éléments scénographiques essentiels de la pièce Ophelia’s Got Talent que présente l’artiste autrichienne Florentina Holzinger. Après avoir fait découvrir Tanz, où des Sylphides en mode bikers sadomasochistes chevauchaient des motos vrombissantes dans les airs et voltigeaient suspendues à des harnais ou à un croc de boucher, la performeuse montre cette fois un ballet aquatique inspiré de la puissance physique et métaphorique de l’eau. Dévêtues et totalement désinhibées, ses naïades qui nagent gracieusement la brasse, et ont la chance de prendre ainsi le frais, donnent l’air de s’épanouir dans la limpidité d’une eau claire et paisible, mais finiront vite par devoir y affronter l’oppression, la violence sexiste et sexuelle, entre autres adversités pour mieux s’en libérer.

Comme l’indique le titre de la pièce qui évoque l’héroïne tragique de Shakespeare promise au mariage avec le prince Hamlet, mais dont le désespoir confine à la folie et la pousse à la mort par noyade, l’eau est étroitement associée à la féminité comme à la morbidité. D’autres références mythiques sont convoquées et questionnées de manière délibérément provocante, polémique. Ainsi, avec Ophélie, Mélusine, Léda, Ondine forment une communauté sororale intergénérationnelle, qui affiche sans complexe, sans contrainte, une stupéfiante propension à s’affirmer et lutter.

Ce deuxième spectacle de Florentina Holzinger programmé en France a été créé en 2022 à la Volksbühne de Berlin alors qu’elle commençait à y être artiste associée. Il a déjà été largement diffusé en Europe et, comme à l’accoutumée, il est conseillé à un public de 18 ans et plus, car il contient des scènes de nudité et d’autres pouvant heurter la sensibilité de spectateurs plus jeunes et non avertis. En effet, l’artiste et l’ensemble des performeuses s’autorisent toutes les transgressions. Du trash, du gore, mais aussi du drôle et du divertissant. La pièce se présente avant tout comme un grand show ludique bourré d’effets tape-à-l’œil complètement assumés. Elle commence d’ailleurs en parodiant le sensationnalisme d’une émission de télé-réalité animée par une femme pirate aux allures de Capitaine Crochet siphonnée au rhum brun. La représentation flirte aussi avec les genres de la comédie musicale, du cirque et de la revue de music-hall. Passionnée par la danse, le chant, les cultures savantes et populaires sans faire la moindre distinction, Florentina Holzinger met en scène de savoureux et excentriques tableaux musicaux avec claquettes et cancans revisités sur une bande électro.

Devant les membres d’un jury munis de buzzers menaçant d’interrompre à tout moment le cours des passages successifs, les prétendantes concourent à montrer l’étendue et la variété de leurs talents. Entre autres numéros parfaitement spectaculaires : une acrobate qui virevolte suspendue à un mât pendulaire, une avaleuse de sabres qui, après avoir glissé plusieurs lames d’épée au travers de sa gorge, introduit une micro-caméra jusque dans les profondeurs de ses entrailles, et enfin une plongeuse ligotée des pieds à la tête par des chaînes et cadenas qui tente de s’extraire d’une cage de verre remplie d’eau au moyen d’une simple épingle à cheveux prêtée par une spectatrice.

Florentina Holzinger a une manière bien à elle de montrer, d’explorer, d’utiliser le corps féminin, nu, aux antipodes de toutes visions normatives et standardisées. Une manière si peu académique, tellement frontale et radicale, au mépris de la bienséance et du danger, qu’elle le met à rude épreuve, le pousse dans ses retranchements, et ce jusque dans des situations extrêmes. Examen gynécologique au spéculum, séance de piercing et de tatouage exécutée à l’arrache en direct, acte d’automutilation émaillent Ophelia’s Got Talent. De cette surenchère d’images parfois maximalisées par leur projection sur écrans vidéos, émanent beaucoup de violence, de sang, d’ordures, mais aussi une certaine beauté, une imprévisible délicatesse. Dans un délitement quasi apocalyptique, un groupe de fillettes pleines de frénésie juvénile incarne l’avenir radieux. Rescapées du cataclysme, les anciennes nymphes et sirènes attachées à des câbles prennent possession d’un hydravion jaune grandeur nature en plein amerrissage sur le grand bassin. Elles lévitent, se frottent et gémissent de jouissance pour atteindre un puissant orgasme collectif. Génialement dingues et détonantes, ces infatigables athlètes sont d’une folle et combative intensité.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Ophelia’s Got Talent
Conception et réalisation Florentina Holzinger
Avec Melody Alia, Saioa Alvarez Ruiz, Inga Busch, Renée Copraij, Sophie Duncan, Fibi Eyewalker, Paige A. Flash, Florentina Holzinger, Annina Machaz, Xana Novais, Netti Nüganen, Urška Preis, Zora Schemm (Théâtre RambaZamba) et Adele Brinkmeier, Stella Adriana Bergmann, Greta Grip, Golda Kaden, Fiene Lydia Kaever, Izzy Kleiner, Elin Nordin, Lea Schünemann, Rosa Shaw, Nike Strunk, Lenya Tewes, Thea Wagenknecht, Laila Yoalli Waschke, Zoë Willens
Conception sonore Stefan Schneider
Musique Paige A. Flash, Urška Preis, Stefan Schneider
Scénographie Nikola Kneževic
Création lumière Anne Meeussen
Conception vidéo Melody Alia, Jens Crull, Max Heesen
Caméra en direct Melody Alia
Dramaturgie Renée Copraij, Sara Ostertag, Fernando Belfiore, Michele Rizzo, Volksbühne Johanna Kobusch
Direction technique Stephan Werner
Assistant technique Jan Havers, Dörte Wilfroth

Production Volksbühne am Rosa-Luxemburg-Platz, Spirit
Coproduction Productiehuis Theater Rotterdam, Tanzquartier Wien, Arsenic – Centre d’art scénique contemporain – Lausanne, asphalt Festival, Gessnerallee Zürich, Kampnagel Internationales Sommerfestival – Hambourg, DE SINGEL – Anvers
Soutien Kulturabteilung der Stadt Wien, Bundeskanzleramt für Kunst und Kultur

Durée : 2h35
Conseillé à partir de 18 ans

La Villette, Paris
du 30 juin au 5 juillet 2025

2 juillet 2025/par Christophe Candoni
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