Au Théâtre 13 / Seine, Opération Roméo n’exploite pas tout le potentiel d’un sujet pourtant prometteur. Le texte de Viliam Klimáček y est en grande partie pour quelque chose.
A côté du scénario de La Vie des autres ou des pièces de Václav Havel, Opération Roméo fait pâle figure. Construit à partir de la pièce de Viliam Klimáček, Komunizmus, une comédie de Normalisation, le texte n’en a ni la profondeur ni la subtilité. Là où ces œuvres majeures permettent de comprendre voire de ressentir l’oppression étatique à l’œuvre dans les pays communistes d’Europe de l’Est durant la seconde moitié du XXe siècle, le spectacle d’Eric Cénat, s’il est honnête dans ses intentions, ne fait que l’effleurer à la manière d’un téléfilm.
Présentée comme « un portrait de famille sur fond d’espionnage », cette comédie qui vire au drame se laisse regarder sans trop y croire. Dans cette Tchécoslovaquie de l’année 1984, Michal, Alena et leur fils Viktor forment une famille pour le moins banale. Mis sous surveillance à cause du père d’Alena, écrivain en dissidence, ils doivent vivre sous la menace d’écoutes et d’observations permanentes organisées par la police d’Etat. Mais derrière leurs sourires de façade se cachent un lot de secrets qui éclatent au grand jour.
Fondée sur des bases prometteuses, l’intrigue se révèle cousue de fil blanc. Sans véritable surprise, la dramaturgie s’étiole à mesure que la pièce progresse. Les ficelles littéraires trop grossières apparaissent alors en complet décalage avec cette dissidence et cette surveillance dont l’ingénieuse habilité était au contraire la force motrice et cardinale. Manquant de richesse dans la forme comme dans le fond, les dialogues ne font qu’alourdir cette impression générale de superficialité.
Traversée par quelques idées directrices plutôt intéressantes, la mise en scène d’Eric Cénat n’en reste pas moins un brin ringarde. Il ne réussit pas à créer l’univers adéquat au drame qui se noue, en grande partie à cause d’une scénographie plus illustrative que signifiante. Surtout, le jeu de ses comédiens – aussi sincère soit-il – est dans l’ensemble trop faible pour déceler une quelconque profondeur aux personnages. Plus à l’aise dans la comédie que dans le drame, ils ne parviennent pas à faire monter une tension psychologique qui pourtant aurait été fort utile.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
Opération Roméo – Tchécoslovaquie 1984
Mise en scène Eric Cénat
Avec Jacques Bondoux, Jaromír Janeček, Thomas Silberstein, Claire Vidoni et Marc Wyseur.
Présenté sous le Haut Patronage des Ambassades slovaque et tchèque
D’après Komunizmus, une comédie de Normalisation de Viliam Klimáček, traduit du slovaque par Jaromir Janeček et Claire Vidoni, édité en français aux Éditions Infimes (2014). Scénographie et costumes Kristina Novotná, Création lumière Vincent Mongourdin, Création son Christophe Sechet, Régie général & Photographies Jean-Pierre Legrand, Assistantes Katerina Chybova & Jitka Berunka, avec la participation amicale pour le photo reportage Stéphane Godefroy
Production : Le Théâtre de l’Imprévu, Orléans – Compagnie portée par la Région Centre-Val de Loire, conventionnée par la Ville d’Orléans, et subventionnée par le Département du Loiret.
Partenaires financiers : La DRAC Centre-Val de Loire, la Région Centre-Val de Loire, l’Institut Français, l’Adami et la Spédidam.
Résidences de création : Le Théâtre de Pardubice (République-Tchèque), le Studio Théâtre de Charenton-le-Pont, la maison d’Europe et d’orient à Paris et la MJC Village de Créteil.
Avec le soutien de : L’Institut Slovaque, le Centre Tchèque de Paris, le Théâtre et la région de Pardubice, l’Alliance Française de Pardubice, le Printemps de l’Europe et les Éditions Infimes.
1h30 sans entracte – conseillé à partir de 14 ansThéâtre 13 Seine
Du 21 septembre au 4 octobre 2017
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h – relâche le lundi
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