Mathilda May se lance dans le grand bain de la mise en scène au Théâtre avec Open Space, créé au Théâtre de Suresnes en octobre 2013, la pièce est reprise actuellement au Théâtre du Rond-Point. Une pièce pas banale…puisqu’il n’y a pas de texte : c’est du théâtre visuel…Avec fermeté, avec précision, Mathilda May a tout construit de A à Z. Elle s’est investie à 100% en écrivant le spectacle comme une partition musicale qui est une analyse minutieuse de la vie de bureau et des relations entre six collègues. Il y a du Tati dans cette écriture qui demande une concentration extrême pour les comédiens.
Rencontre avec la désormais metteuse en scène.
Vous vous lancez dans lancez dans la mise en scène avec Open Space, un projet qui vous tient à cœur.
Oui je ne peux pas me mettre à qui que ce soir sans que cela me tienne vraiment à cœur. Cela réunit tout ce qui me constitue. On me connaît comme comédienne mais j’ai aussi été danseuse donc c’est un spectacle qui est assez chorégraphié même si ce n’est pas de la danse. C’est musical, c’est rythmique.
C’est un spectacle sur le monde du travail et l’on retrouve une journée dans un bureau
Oui nous sommes dans un Open Space de l’ouverture à la fermeture du bureau, il y a six employés et un personnage qui joue tous les rôles extérieurs, de la femme de ménage au patron.
C’est un spectacle sans paroles. C’est assez particulier, non ?
Oui mais pas sans histoire. On se dit sans texte, mais alors c’est du mine ? Non ce n’est pas du mine. Il y a plein d’astuces. Les comédiens parlent en même temps, il y a du borborygme…On ne comprend pas la force des mots mais on comprend par la sonorité de la phrase le sens de l’émotion. Il y a un récit très écrit en fait. Les gens vont cohabiter avec ce que cela représente de difficultés. J’en tire le côté absurde. C’est assez fou de mettre des gens qui travaillent ensemble, qui téléphonent en même temps, qui parlent en même temps. Et je m’amuse avec cette matière.
Est-ce qu’il est plus difficile de diriger les comédiens lorsqu’il n’y a pas de texte écrit ?
Il y a une obligation de vérité encore plus impérative. Avec le texte on peut s’appuyer sur des béquilles. Je retrouve un principe archaïque qui est celui de la compréhension du langage par les nourrissons. Ils comprennent l’émotion et la vérité du ressenti de la personne bien au-delà du sens des paroles. Ce que je cherche c’est la vérité des émotions qui n’est pas parasité par le texte. Il se trouve que cela contraint les comédiens à être beaucoup plus dans une vérité du ressenti. Ils ne peuvent pas s’appuyer sur le langage pour valider leur ressentiment.
C’est votre première expérience de mise en scène. Comment vous sentez-vous ?
Plus que chez moi comme jamais ! Tout est lié. L’écriture, la mise en scène, la musique que j’ai composée. Je ne peux rien dissocier. Ce monde de l’entreprise c’est aussi un prétexte pour mettre des gens ensemble et voir comment on cohabite. On y retrouve un concentré d’humain dans un même lieu.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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