Yves Beaunesne a choisi de placer l’action de la pièce à la fin des années 60. « C’est une manière de dire que beaucoup de choses sont en attente, explique le metteur en scène. La France reste un pays où l’on peut continuer à rêver. Il faut continuer de proposer des rêves au Monde. » Et dans cette France qui bascule (nous sommes en 68), Perdican rêve d’un mariage avec Camille, qui rêve d’entrer au couvent, tandis que Rosette, sœur de lait de Camille, est une paysanne midinette qui écoute de la musique rock grâce à un mange disque orange… Cette première scène magnifique donne le ton à la pièce. Rosette (Suliane Brahim), allongée par terre, écoute son tube et joue négligemment avec ses gants de ménage en plastique. Le dispositif scénique imaginé par Damien Caille-Perret, fidèle de Beaunesne, accentue le jeu frontal voulu par Musset. L’espace est clos et sombre, délimité par des voilages en fond de scène. Au centre trône une table qui se transforme au fur et à mesure des actes pour devenir billard, champ de pâquerettes, autel…
La pièce est servie par une distribution admirable. Loïc Corbery est un Perdican rock n’roll, passionné, qui peut se montrer d’une violence inouïe. Julie-Marie Parmentier, trouve ici son premier vrai rôle au Français, elle est une Camille touchante, qui se transforme au fil de l’action. Suliane Brahim est touchante en Rosette, paysanne, séduite par Perdican, victime, car le jeu de l’amour imaginé par Perdican va la mener à la mort. « Ils sont confrontés au jeu de la vérité, explique Yves Beaunesne. Musset raconte dans cette histoire que la vie est tragique. C’est fait avec le sang du poète. »
Dans la pièce ces jeunes gens sont livrés à eux-mêmes. « Il y a une sorte de génération absente qui est celle des parents, celle qui donne les repères, qui dit oui, qui dit non. J’ai construit cette pièce sur ce vide des parents et donc les jeunes gens sont confrontés comme repère aux seuls grands-parents. » Alors les grands anciens observent cette jeunesse. Et quels grands anciens. Il y a Roland Bertin en Baron, Pierre Vial en Bridaine, Christian Blanc en Blazius ivrogne (il est irrésistible), et Danièle Lebrun en Dame Pluche. C’est le retour au Français pour cette comédienne puisqu’elle y a débuté sa carrière de 1958 à 1960. Elle a la lourde tâche de remplacer Hélène Surgère qui nous a quittés en mars dernier. Et elle le fait avec beaucoup de tact. L’ensemble provoque beaucoup d’émotion. Un spectacle qui fête dignement et avec bonheur la fin de la saison au Vieux-Colombier
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
On ne badine pas avec l’amour
Pièce en trois actes d’Alfred de Musset
mise en scène d’Yves Beaunesne
Avec
Roland Bertin, le Baron
Pierre Vial, Maître Bridaine, curé
Christian Blanc, Maître Blazius, gouverneur de Perdican
Loïc Corbery, Perdican, fils du Baron
Suliane Brahim, Rosette, soeur de lait de Camille
Julie-Marie Parmentier, Camille, nièce du baron
Danièle Lebrun, Dame Pluche, gouvernante de Camille
Dramaturgie, Marion Bernède
Scénographie, Damien Caille-Perret
Costumes, Jean-Daniel Vuillermoz
Lumières, Joël Hourbeigt
Création sonore, Jean-Damien Ratel
Maquillages, Catherine Saint-Sever
Assistante à la mise en scène, Marie-Édith Le Cacheux
Assistante aux costumes, Nadia Chérouk
Nouvelle mise en scène
Durée : 1h50
Représentations au Théâtre du Vieux-Colombier
Du 11 mai au 26 juin 2011 : mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche lundi
Prix des places : de 8 € à 29 €
« qui écoute de la musique rock grâce à un mange disque orange »
cette chanson du début du spectacle m’a beaucoup plu mais je la cherche en vain, ne connaissant pas le titre … Si quelqu’un sait, j’en serais très reconnaissante
(s’il n’est pas trop tard)
This guy’s in love
http://www.youtube.com/watch?v=QF1qFXGWejE
Bon, cela dit, je n’ai apprécié ni le texte (romantisme lourdingue, hormis les vignettes des vieux), ni la mise en scène (pro mais trop théâtrale, trop cliché) ni les 2 principaux acteurs (Marion Malenfant ayant remplacé JM Parmentier), eux aussi trop théatraux (trop de fougue chez Perdican, trop de froideur chez Camille).
Beau décor, très belles lumières…