Le 68ème Festival d’Avignon s’est ouvert par une journée de grève. Les deux salles sont restées fermées. Pas de trompettes dans la Cour d’honneur, pas d’Alain Platel à Saint-Joseph. Le festival va devenir un festival militant. C’est le souhait des salariés qui souhaitent désormais que l’on joue. Et la nouvelle pièce d’Olivier Py est justement une pièce militante. Orlando ou l’impatience est un texte que les rapports entre le pouvoir et le théâtre. Une pièce qui tombe à point nommé avec l’actualité. Rencontre avec Olivier Py.
Votre pièce colle à l’actualité du Festival d’Avignon 2014, quand vous l’avez écrite, vous étiez loin d’imaginer l’agitation de ce début de festival ?
C’est la paradoxe de l’écriture poétique. En étant le plus inactuel possible on croise des sujets d’actualité. J’avais vu large car la pièce parle des rapports entre l’artiste et le pouvoir. J’imagine que la chose ne sera pas close après ce mois de juillet 2014.
C’est l’histoire d’Orlando, un fils qui cherche son père qui est metteur en scène. Sa mère se souvient qu’un soir au Cristal Palace, elle a eu une relation avec un homme mais elle ne souvient plus avec qui !
La nuit de l’inauguration du Cristal Palace, il y avait beaucoup de metteurs en scène. Elle ne sait plus avec qui elle a fricoté. Je me suis rendu compte que j’avais eu très peu de pères dans la théâtre, à part Ariane Mnouchkine. Quand on a des difficultés à trouver un père de théâtre on en a plusieurs. Cela crée une sorte de destins qui croisent des théâtres différents, quelque fois un théâtre politique, un théâtre mystique, un théâtre beaucoup plus engagé, mais aussi toutes les formes théâtrales, de la clownerie jusqu’au grands poèmes. C’est un hommage au théâtre cette pièce.
Avec des phrases fortes, à un moment donné Orlando dit « le théâtre ne peut changer que cinq cent personnes, le journal télévisé mondialisé manipule des multitudes »
C’est vrai qu’on nous dit toujours cela: « vous ne parlez qu’à cinq cent personnes« . Mais c’est bien difficile de se rappeler d’un journal télévisé, alors qu’une soirée de théâtre cela marque un destin, cela marque une vie, cela n’agit pas de la même manière. Cela agit pour agrandir notre vie intérieure, notre imaginaire. C’est ce qui rend le théâtre inestimable.
A la fin il est question du manque. « Nous sommes nés pour nommer notre manque » dit le père. Quel est votre manque ?
Quand j’étais jeune j’étais une sorte de mystique fou. Je me suis tempéré. Ma mystique a plus la forme d’un point d’interrogation. Donc il y a un manque, une belle chose de penser que ce que la vie nous offre n’est pas suffisant. Quand on est jeune cela ressemble à de l’impatience et quand on vieillit on se rend compte que ce manque est peut-être la vie même qu’il fallait chercher. C’est une conclusion peut-être un petit peu facile mais c’est celle que j’offre avec toute la sincérité de mon cœur.
Et puis dans la pièce il y a un personnage très présent, le Ministre de la Culture a qui on donne beaucoup de magnésium pour sauver la culture.
Oui souvent les ministres de la Culture sont déprimés et ils devraient prendre du magnésium. C’est la seule solution à mon avis pour sauver la culture.
Et ce ministre dans votre pièce fait penser à Frédéric Mitterrand !
Ah bon , non je pense que mon personnage est beaucoup plus spirituel que Frédéric Mitterrand.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON
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