J’image que vous vivez ces jours comme les jours les plus pénibles depuis que vous faîtes du théâtre ?
C’est très contrasté. Parce que j’ai un tel soutien de tellement de gens. Certains m‘étonnent d’ailleurs car ce ne sont pas des gens proches de moi, donc c’est très contrasté. La douleur est surtout pour les équipes de l’Odéon, pour les salariés. Ils ont l’impression d’avoir été sanctionnés alors qu’ils ont fait des choses importantes. Ils se sont battus pour faire de cette maison ce qu’elle devenue depuis trois ans, et donc cette sanction est très pénible pour eux.
Êtes-vous atteint ?
Oui, mais j’essaye de prendre les choses avec philosophie et j’ai un respect de la parole institutionnelle. J’ai une sorte de confiance que c’est une injustice qui ne peut pas rester i réparée.
Votre rencontre a été très brève vendredi soir avec le Ministre ?
Oui cela a été bref et laconique. Je savais ce qu’il avait à me dire. Je n’ai cherché à répondre des choses qu’il n’aurait pas entendu. Cela été bref et formel.
Vous n’avez même pas pu défendre votre bilan ?
J’aurai bien aimé pouvoir défendre ce que les équipes ont fait avec moi, et qui se défend tout seul. Les chiffres sont là. 150 000 spectateurs. 10 000 abonnés. Des partenariats extraordinaires avec les maisons d’édition, mais aussi avec l’Education Nationale. On a initié un lien entre une maison comme la nôtre et l’Education Nationale, ce qui n’avait jamais été fait. On a fait plus de 800 heures d’interventions dans le milieu scolaire. Et puis il y a le projet européen. J’aurai aimé pouvoir le défendre. On a trouvé des moyens, des subventions auprès de la Commission Européenne. C’est une première. Et j’aurai aimé trouver de nouveaux moyens à travers les nouveaux médias, comme la présence du théâtre dans les lycées et les collèges à travers ce que le Président de la République a imaginé, un ciné club numérique. Cette idée là pouvait servir le théâtre, et plein d’autres projets…
Le Ministre dit vouloir renforcer la politique européenne avec votre successeur, vous sentez-vous déjugé ?
Je veux bien savoir comment ils vont faire pour faire plus, mais alors je serai admiratif s’ils font plus ! On vend déjà 30% des billets pour des spectacles en langue étrangère, c’est incroyable ! Et puis les artistes qui sont venus à l’Odéon sont de grands artistes, avec toute une nouvelle génération qui n’était jamais venue. Faire plus, ils vont pouvoir le faire avec ce que j’ai réussi à obtenir de la Commission…
On vous annonce cela au moment où vous terminez de présenter Adagio, un spectacle sur le pouvoir. Avez-vous le sentiment d’être prisonnier de guerres politiques ?
Je suis peut-être naïf mais je n’ose pas le croire. Ce que je sais c’est que pour la dernière hier le public était debout en larmes. C’est vrai, il y a une ironie du sort de faire ce spectacle sur Mitterrand qui rend hommage à l’homme et à une certaine idée de la politique, et d’être débarqué par un autre Mitterrand, ça c’est une ironie du sort, cela restera dans l’histoire. Et sur les raisons même de la non reconduction je n’ai rien à dévoiler parce que je n’en sais absolument rien.
Au delà de 2012, comment voyez-vous votre avenir ?
D’abord faire du théâtre…et puis si jamais il y a une institution à laquelle je puisse apporter mon énergie et mon savoir faire je répondrai présent. Mais je trouve qu’il est très important que de grandes maisons comme celles là puissent s’inscrire dans la durée, c’est pas en quatre ans que l’on fait le travail, c’est un peu plus long, il faut sept, huit ans, c’est pour cela qu’un deuxième mandat est presque automatique. Je souhaiterai que les pouvoirs politiques soient plus proches de la réalité technique de ces grandes maisons, de ce que c’est de remplir une salle avec des œuvres exigeantes, ce n’est pas une chose facile à faire. L’Odéon c’est un lieu à manier avec précaution, un magnifique bateau, il ne tourne pas vite, j’ai fait les changements en douceur. Il faut rendre ce rapport entre les directeurs de grandes institutions et les pouvoirs publics un peu plus serein, calme, concerté et démocratique…
Il faudrait peut-être aussi que les politiques viennent plus au théâtre. Je crois que le Ministre n’est pas venu voir Adagio…
Je ne pense pas que le Ministre n’ait vu aucun de nos spectacles. Peut-être un opéra, mais pas de théâtre. C’est dommage…Je ne crois pas définitivement que ce soit des questions artistiques qui aient présidé à ma non reconduction….
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
je vous envoie mon soutien et aussi à vos équipes !!!!!pour vous consoler y’aura le film hommage de Wim Wenders sur Pina Bausch on peut critiquer le systéme allemand plus rigide , mais plus stable pour ses artistes !!!maintenant la liberté c’est bien!!!Bon courage à vous pour cette année à l’Odéon et qui sait en 2012 le vent tournera!!!!!