Olivier Martin-Salvan est Ubu pendant tout le festival d’Avignon dans un spectacle en itinérance autour d’Avignon et dans des lieux insolites (prison, concession automobile, AFPA). Il va au contact du public dans un spectacle débridé dans une forme qui rapproche les spectateurs. Rencontre avec le comédien et metteur en scène.
- Quel est le sens de cette itinérance autour d’Avignon
C’est le sens de ma vie en ce moment. Je viens d’une famille qui n’est pas dans la culture. J’ai découvert le livre très tard. En découvrant vraiment le théâtre à 18 ans en arrivant à Paris, j’ai trouvé ahurissant que le livre et le théâtre ne soient pas au centre de la vie de chacun. On a beaucoup de travail à faire sur le renouvellement du public. Ca change tellement la vie ! Je souhaite que le spectateur soit transformé en regardant le spectacle. Il faut que les artistes aillent au devant du public. C’est comme cela que les municipalités s’engageront. Chaque soir je discute avec le Maire et j’y vais un peu fort. Je leur dit que créer des orages dans son cerveau cela évite Alzheimer ! J’ai lu cela dans un article écrit par des neurologues. C’est une bataille constante.
- Est-ce que vous sentez dans cette forme théâtrale du quadri frontale que l’écoute du public est différente
C’est incroyable. On donne tout à voir. Il n’y a pas de coulisses. Les spectateurs sont au cœur du drame. Les gens hurlent de rire. Mais cet Ubu raconte beaucoup de choses sur notre société. On peut voir le spectacle 144 fois car à chaque chaise la vision est différente.
- Et les spectateurs se regardent aussi !
Oui les gens se jaugent, surtout sur les moments plus olé olé d’autant qu’ils sont autant éclairés que nous. On créé un spectacle tous ensemble, ce n’est jamais le même. Les spectateurs sont au cœur de la création.
- Le sport est au centre de la dramaturgie. Le pouvoir politique se sert du sport comme une arme
J’ai beaucoup regardé les vidéos de Kim Jong-Un. Les plus grands tyrans sont ceux que l’on a envie d’embrasser. Le spectateur a envie de m’aimer parce que je suis rond, mais il se rend compte que je dis des horreurs. Kim Jong-Un a une bonne tête, on a envie de lui faire des câlins. Le sport est arrivé très vite dans notre démarche car c’est un monde cruel. Les scénographes Clédat et Petitpierre ont eu cette idée de l’aérobic. C’est un sacré terrain de jeu. Cela amène un vocabulaire.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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