Une grenade a éclaté sur la vie de Berthe, sensualité, violence, naissance, mort, tous ces possibles sont là.
L’espace de la scène est un espace métaphorique, image à la fois physique et mentale du réel, où l’on voyage tour à tour dans la tête de Berthe, de Sylvie, de Nina et celle du narrateur qui s’exprime par la vidéo et la musique, recréés tous les 2 à vue, au plateau.
Le narrateur conte, raconte, la folle vie de Berthe, son histoire qui vient percuter la grande histoire, celle des peuples.
Le temps est compté, la grenade est écrasée, il faut recueillir son jus, en reconnaître l’unicité, en apprécier la saveur, avant qu’elle rejoigne le grand humus du monde et vienne nourrir indistinctement les arbres de demain, arbres de la forêt et arbres familiaux qui portent nos généalogies.
Il y a urgence, Nina veut partir sur Mars, planète rouge, planète grenade et Sylvie n’a jamais réussi à être enceinte, comme privée de la fécondité symbolisée par ce fruit.
Besoin de savoir, de s’arrêter sur Berthe, de comprendre ses souvenirs qui nous racontent le monde à leur façon humaine et singulière, avant qu’ils se diluent dans le grand magmas. Il se trouve que justement en se désagrégeant, la mémoire humaine, porte parfois la lumière sur des histoires qu’elle avait jusque-là tenues secrètes et qui viennent alors à la lumière, nimbées de couleurs magnifiques, les ors et les sangs d’un soleil qui se couche, d’une grenade éclatée qui retrouve sa place dans la terre.
Les moments de l’histoire sont le génocide arménien, la présence française au Vietnam, la décolonisation. On ne les décortique pas, on n’en parle pas, on ne les explique, ni ne les analyse, simplement ils sont là. Ils sont là dans la mémoire de Berthe, dans l’histoire de Sylvie et Nina, dans le récit du narrateur, dans notre histoire à tous.
Ils seront donc présents par touches dans l’espace, par touches dans les images projetées, mémoire erratique et déconstruite de Berthe, par touches dans la musique, unique parmi les arts à toucher très longtemps celles et ceux dont la mémoire se délite.
Ils seront donc là, présents, dans cet espace métaphorique de la scène.
Par-delà cette évocation de la vie de Berthe, nous tirerons le fil des choix et de la vie de ses proches, le fil de ce que représente l’évolution de la maladie et l’importance des récits qui nous nourrissent tous.
Un Verger pour Mémoire
de Laurent Contamin
Mise en scène – Olivier David et Delphine Lalizout
Comédiennes : Danielle Ajoret, Pauline Briand et Delphine Lalizout
Musique : Nicolas Daussy
Vidéo : Muriel Habrard
Scénographie : Delphine Brouard
Lumière : Philippe Lacombre
Régie : Sophie NgoThéâtre de l’Opprimé (Paris, 12)
du 27 Février au 3 Mars 2024
20h30 chaque jour sauf le dimanche 3 Mars à 17h30.
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