Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Nicolas Liautard élague La Cerisaie

À la une, Les critiques, Moyen, Nogent-sur-Marne, Théâtre

Photo Christophe Battarel

Épaulé par Magali Nadaud, le metteur en scène présente une version revue et modernisée du chef d’œuvre de Tchekhov. Si elle ne manque pas de vitalité, leur proposition n’atteint jamais le bouleversement des cimes.

Pour s’emparer de La Cerisaie d’Anton Tchekhov et l’inscrire dans notre temps, Nicolas Liautard a choisi d’endosser le rôle d’arboriculteur. Plutôt que d’adapter la traduction de référence d’André Markowicz et de Françoise Morvan – fondation essentielle de la mise en scène mémorable d’Alain Françon – le directeur artistique de La Scène Watteau a préféré livrer sa version de l’ultime chef d’œuvre du dramaturge russe. Au-delà de la langue, moins poétique, et beaucoup plus triviale, où les « chalets d’été » rêvés par Lopakhine en lieu et place de la demeure de Lioubov Andréevna se transforment, par exemple, en vulgaires « bungalows », il a, ça et là, presque subrepticement, coupé quelques branchages et les personnages, dont aucun n’a été sacrifié en route, voient leurs répliques parfois amputées, comme ratiboisées par la grande faux contemporaine.

Ce parti-pris a, concédons-le, ses avantages. Pour ceux qui ne connaîtraient pas la pièce de Tchekhov, ils y découvriront un souffle de vie, porté par une troupe de comédiens pleinement engagés. Dans un décor dépouillé, où ne trônent, sur un fond immaculé qui rappelle la blancheur de la cerisaie en fleurs, que quelques objets mobiliers symboliques, certains y font même des étincelles. Plus fantomatique que jamais, Thierry Bosc incarne un Firs dont la dévotion vitale et la nostalgie d’un temps révolu ne manquent pas d’émouvoir, quand Emilien Diard-Detoeuf – que l’on avait déjà repéré dans Le Cahier noir d’Olivier Py -, campe un Lopakhine à la jeunesse qui n’a d’égal que l’arrivisme, sous l’œil de Célia Rosich, cette Varia à la belle mélancolie.

Au gré de leur direction d’acteurs, Nicolas Liautard et Magali Nadaud s’astreignent d’ailleurs à souligner le côté « bipolaire » de la mécanique tchekhovienne, de cette pièce qui se décrit comme une « comédie » alors qu’elle a tous les accents du drame, de ce monde qui ne sait pas s’il doit rire ou pleurer de sa mutation irréversible. Au milieu des traits d’humour, ils réussissent à faire sonner les répliques les plus tranchantes, qui provoquent l’effroi du tocsin pour peu qu’on en prenne la mesure.

Sauf qu’à trop vouloir élaguer, le tandem a pris le risque de saigner l’arbre théâtral tout entier. Chez Tchekhov, aucune réplique ne relève du bavardage et chaque personnage, y compris les domestiques que certains dramaturges délaissent, est ciselé avec une précision d’orfèvre. Chacun n’est que ce qu’il dit, dans toute sa complexité. Simplifier un fragment textuel sur l’autel de la modernité revient à amputer l’une de ses facettes qui, pour autant qu’elles puissent briller, font toute la richesse de la composition dramaturgique. Sans doute conscients de cette déperdition volontaire, Nicolas Liautard et Magali Nadaud ont cherché à compenser et à grossir les traits de certains rôles, histoire que tout un chacun comprenne bien de quoi il retourne. Parfois à la limite de la caricature, à l’image de Nanou Garcia qui appuie la versatilité de Lioubov Andréevna, l’ensemble perd alors de sa superbe, révèle quelques fragilités et ne parvient jamais à installer cette langueur qui fait tout le sublime du théâtre tchekhovien. Comme si le duo avait scié une partie de la branche sur laquelle il était assis.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

La Cerisaie
d’Anton Tchekhov
Texte français Nicolas Liautard
Mise en scène et scénographie Nicolas Liautard et Magali Nadaud
Avec Thierry Bosc, Sarah Brannens, Jean-Yves Broustail, Emilien Diard-Detoeuf, Jade Fortineau, Nanou Garcia, Emel Hollocou, Marc Jeancourt, Fabrice Pierre, Simon Rembado, Célia Rosich, et en alternance Christophe Battarel, Paul-Henri Harang et Nicolas Roncerel
Costumes Sara Bartesaghi Gallo et Simona Grassano
Lumières Magali Nadaud
Son Thomas Watteau

Production Robert de profil, compagnie conventionnée par le ministère de la Culture – DRAC Ile-de-France et soutenue par le Conseil départemental du Val-de-Marne ; coproduction La Scène Watteau – scène conventionnée de Nogent-sur-Marne, Théâtre André Malraux de Chevilly-Larue.
Coréalisation avec le Théâtre de la Tempête,
avec la participation artistique du Jeune théâtre national et le soutien de l’Adami. L’Adami gère et fait progresser les droits des artistes-interprètes en France et dans le monde. Elle les soutient également financièrement pour leurs projets de création et de diffusion

Durée : 1h50

La Scène Watteau – Scène conventionnée de Nogent-sur-Marne
du 4 au 14 février 2019

Théâtre Jacques Carat, Cachan
Le 19 février

Théâtre André Malraux, Chevilly-Larue
Le 21 février

Le Trident – Scène nationale de Cherbourg
Les 28 février et 1er mars

Théâtre Firmin Gémier, La Piscine, Châtenay-Malabry
Les 20 et 21 mars

6 février 2019/par Vincent Bouquet
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Notre petite Cerisaie d’Olivier Borle d’après Anton Tchekhov
Alexander Zeldin, le théâtre entre les morts et les vivants
Christian Raynaud de LageZabou Breitman met en scène Thélonius et Lola de Serge Kribus
L’art de la Comédie: un cocktail explosif de comédiens hors pair !
Kjære Albert Et au-delà rien n’est sûr de Monica Isakstuen
Gaviota d’après La Mouette de Tchekhov par Guillermo Cacace
Wajdi Mouawad crée Racine carrée du verbe être au Théâtre de La Colline À La Colline, les vies parallèles de Wajdi Mouawad
Monkey Money : pari raté pour Carole Thibaut
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut