Le grand public a découvert Nicolas Bouchaud le soir de la cérémonie des Molières à la Maison des Arts de Créteil, il avait été choisi par l’Académie pour lire un texte sur l’état du spectacle vivant en France au nom de la profession. Et déjà il citait Serge Daney. Quelques mois avant sa mort, le Rédacteur en Chef des Cahiers du Cinéma s’est entrenu avec Régis Debray sur son itinéraire de critique de cinéma. Fondateur de la revue Trafic, il témoigne de ce que « voir des films » lui a offert du monde. Le spectacle créé par Nicolas Bouchaud et Éric Didry, issu de la transcription exacte des entretiens, puise à cet art de la parole si propre à Serge Daney qui se décrivait lui-même comme un « griot », un « passeur ».
La Loi du marcheur (entretien avec Serge Daney)
un projet de Nicolas Bouchaud
d’après Serge Daney, Itinéraire d’un ciné-fils – entretiens réalisés par Régis Debray
un film de Pierre-André Boutang et Dominique Rabourdin
mise en scène Éric Didry
avec Nicolas Bouchaud
collaboration artistique Véronique Timsit
lumière Philippe Berthomé
scénographie Elise Capdenat
son Manuel Coursin
régie générale Ronan Cahoreau-Gallier
vidéo Romain Tanguy et Quentin Vigier
stagiaires Margaux Eskenazi et Hawa Kone
production Théâtre du Rond-Point / Le Rond-Point des tournées
coproduction Théâtre National de Toulouse / Midi-Pyrénées,
Cie Italienne avec Orchestre, Festival d’Automne à Paris
Marseille Théâtre de la Criée 4 oct. – 8 oct. 2011
Besançon Nouveau Théâtre de Besançon 11 oct. – 13 oct. 2011
Bordeaux Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine 18 oct. – 21 oct. 2011
Brest Le Quartz 3 nov. – 5 nov. 2011
Poitiers Le TAP, Scène nationale de Poitiers 8 nov. – 9 nov. 2011
Saint-Etienne Comédie de Saint-Etienne 15 nov. – 22 nov. 2011
29 novembre – 31 décembre, 20h30
dimanche, 15h30 – relâche les lundis, dimanche 4 et 25 décembre
représentation du 31 décembre à 18h30
Quimper Scène Nationale Théâtre de Cornouaille 10 janv. – 11 janv. 2012
Genève Théâtre Saint-Gervais 17 janv. – 21 janv. 2012
Grenoble MC2 – Maison de la Culture 24 janv. – 28 janv. 2012
Sartrouville Théâtre de Sartrouville 15 févr. – 17 févr. 2012
Reims La Comédie de Reims 21 févr. – 24 févr. 2012
Bar-le-Duc L’ACB – Scène Nationale 1 mars – 2 mars 2012
Rennes Théâtre National de Bretagne 6 mars – 10 mars 2012
Nantes TU 13 mars – 15 mars 2012
Epernay Le Salmanazar 19 mars – 20 mars 2012
La Rochelle La Coursive 23 mars – 24 mars 2012
Strasbourg Le Maillon – Théâtre de Strasbourg 27 mars – 31 mars 2012
Je tenais à photographier Nicolas Bouchaud, ce soir-là, mardi 14 septembre, au théâtre du Rond Point, face à cette armada de photographes dont j’avais le privilège de faire parti. La scène était surréaliste. Un acteur face à des dizaine de téléobjectifs, dont le monologue va s’étaler sur près d’une heure et quarante minutes, ponctué de claquements inharmonieux d’obturateur de gros boitiers photographique. Mais Nicolas Bouchaud saura demeurer professionnel jusqu’au bout, récitant avec un sérieux imperturbable son texte malgré ce public quelque peu iconoclaste, et semble-t-il déshumanisé.
Un public déshumanisé… On pourrait le croire mais non. L’émotion était de palpable. Les photographes de presse furent conquis, grâce à une interprétation mêlant pédagogie, générosité, culture et humour. La représentation est épuré de toute fioriture scénique hormis un écran blanc qui diffuse sur fond de nostalgie le « cinéma de papa » qu’un Eddy Mitchel n’aurait pas boudé et de quelques accessoires, clope, chaise et bouteille de whisky qui borne allusivement la présence émouvante de l’acteur dans le mirage d’un western.
Incarnant généreusement Serge Daney, c’est à un retour historique à la fois pédagogique et passionnant que nous convie Nicolas Bouchaud entre quelques bouffée de malbak qui ponctuent la réflexion sans concession de Serge Daney sur le 7ème art et les nouveaux médias. On s’amuse des références d’hier et d’aujourd’hui, on se rappelle de son premier film d’enfance, de ses premiers frissons ou de ses premières larmes.
Bref, La loi du Marcheur » est un spectacle qui surprend, touchera n’importe qui… photographes compris.