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Nickel : une atomique utopie

À la une, Chalon-sur-Saône, Coup de coeur, Les critiques, Montpellier, Montreuil, Reims, Rouen, Théâtre, Tours
Jean-Louis Fernandez

© Jean-Louis Fernandez

Donné au Nouveau théâtre de Montreuil, le spectacle de Mathilde Delahaye exalte avec une beauté insolite et euphorisante la force de résistance d’une communauté marginale composée de squatteurs vogueurs et performeurs.

Une bande d’artistes multi-talentueux à l’énergie ravageuse investit l’ancien bâtiment d’une usine d’extraction de nickel et réinvente l’état et la fonction de ce vestige de l’ère industrielle proliférante dont rend compte une scénographie spectaculaire. Fidèle à sa belle conception de « théâtre paysage », Mathilde Delahaye signe un travail visuel et sonore tout à fait abouti, foisonnant et captivant, qui laisse contempler tout un univers mis à distance derrière un rideau de gaze. Le plateau évoque à la fois le monde âpre et éteint de la mine, des machines, du labeur ouvrier, un monde dont la toxicité vient se loger dans chaque interstice humain – un travailleur déshabillé et recroquevillé sur qui se déverse le nickel brut et froid constitue la première image saisissante du spectacle – puis elle imagine sa possible reconversion en lieu underground libératoire, une sorte de « bar des ruines » ou boite de nuit tant l’espace est saturé de fébriles lumières intermittentes et de musique techno.

Ainsi l’espace sombre et tristement désaffecté se voit tout à coup peuplé de créatures interlopes, des papillons de nuit aux visages maquillés, aux silhouettes musculeuses, particulièrement élancées, plus ou moins dénudées, déglinguées, autant de présences gracieusement magnétiques, chez qui se dégagent une enivrante sensualité, une douceur et une combativité désespérées. Empreints de la fiévreuse culture émancipatrice apparue au sein des milieux queers latinos et afro-américains dans les années 80, les corps et les êtres s’épanchent, s’ébattent et se débattent, en revendiquant ce qu’ils sont et ce qu’ils représentent. En assumant crânement leur marginalité et en exhortant à la fête, à la danse, aux secousses et tremblements du désir d’exister, tous réinventent un fort esprit de communauté et un espoir de contestation pacifique et de résurgence.

A travers une succession de séquences originales, la pièce réussit à donner corps et vie à un lieu alchimique et révélateur d’une condition humaine qui transitionne frénétiquement, productive et résiliente à l’image des termites dont la copulation effrénée est narrée fantastiquement par Thomas Gonzalez dans un monologue azimuté. Grâce à chacune des forces en présence, la friche tend indéniablement vers l’utopie sauvage. A celle de la transe électrisante, se substitue celle de l’osmose avec la nature lorsqu’une végétation luxuriante reprend ses droits et envahie le plateau bétonné et déserté. Le lieu perpétuellement s’éteint et renaît. Et toujours priment l’être-ensemble, la vie et la vitalité.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Nickel
Mise en scène • Mathilde Delahaye Texte • Mathilde Delahaye & Pauline Haudepin Collaboration artistique • Claire-Ingrid Cottanceau Assistant mise en scène et chorégraphie • Julien Moreau Distribution • Daphné Biiga Nwanak, Thomas Gonzalez, Keiona Mitchell, Julien Moreau, Snake Ninja, Romain Pageard Scénographie • Hervé Cherblanc Création lumière • Sébastien Lemarchand Création son • Rémy Billardon Composition • Antoine Boulé Régie générale • Vassili Bertrand Costumes • Yaël Marcuse & Valentin Dorogi Regard chorégraphique • Volmir Cordeiro

Administration / Production / Diffusion • MANAKIN – Lauren Boyer & Leslie Perrin

Production • TNI / Théâtre National Immatériel ; l’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône ; Centre dramatique national de Tours-Théâtre Olympia ; Nouveau Théâtre de Montreuil – Centre dramatique national.

Coproduction • Comédie de Reims – Centre dramatique national, domaine d’O (Montpellier 3M) , Théâtre National de Strasbourg.

Avec le soutien de la DRAC Grand Est au titre de l’aide au projet, du Fonds SACD Théâtre, de la SPEDIDAM, du Fonds d’Insertion pour jeunes comédiens de l’ESAD – PSPBB et le soutien artistique du Jeune Théâtre National.

Les ateliers du Théâtre National de Strasbourg ont réalisé les décors.

Mathilde Delahaye est artiste associée à l’Espace des Arts, Scène nationale de Chalon-sur-Saône jusqu’en décembre 2019, au Centre dramatique national de Tours-Théâtre Olympia jusqu’en juin 2021 et metteure en scène associée au Théâtre National de Strasbourg. Mathilde Delahaye est doctorante SACRe au CNSAD.

Durée : 1h30

05.11 • 09.11
Théâtre Olympia – Centre dramatique national de Tours

20.11 • 22.11
La Comédie – Centre dramatique national de Reims

03.12 • 05.12
Espaces des Arts – scène nationale Chalon sur Saône Chalon sur Saône

16.01 • 01.02
Nouveau Théâtre de Montreuil – Centre dramatique national

26.03 • 27.03
Domaine d’O Montpellier

01.04 • 02.04
Centre dramatique national de Rouen

19 janvier 2020/par Christophe Candoni
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