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Navy Blue, un bleu qui fait mal

A voir, Danse, Les critiques, Paris

photo Ghislain Mirat

À Chaillot Théâtre National de la Danse, la chorégraphe Oona Doherty signe un ballet couleur ecchymose qui décrit en gestes simples et durs la douloureuse mais combative fragilité d’une humanité placée dans un état de terreur et de déliquescence.

Tandis que la lumière se fait, douze danseurs forment une ligne parfaitement ordonnée avant de vite s’éparpiller. Ils sont les représentants d’une humanité misérable et servile pliant sous l’oppression et de la soumission. Sur le lyrisme fleuve du Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov, dont la texture océanique s’offre comme un fin écho à la couleur bleu marine qui donne son titre au spectacle et domine le plateau nu, les corps, tentent de rester droit mais se courbent, rapetissent. Vêtus d’un identique uniforme évoquant le monde du travail ouvrier ou l’univers d’une prison, Des hommes et des femmes laissent clairement transparaître leur assignation à une autorité arbitraire et mettent en branle des tentatives de rébellion pour répondre coûte que coûte à la nécessité d’y échapper.

Dans un même élan choral, les interprètes condamnés d’avance s’agitent et se débattent avec une intrépide urgence et tentent de conjurer leur sort. L’esprit de groupe et la solidarité affichée par ces camarades qui se donnent les mains ou s’étreignent parfois, disent la force de protestation et le besoin de consolation qui les animent. Le poing levé face à l’adversité, ils tomberont tragiquement sous la menace des coups de feu déclenchés à répétition. De leurs silhouettes inertes, effondrées sur le sol blanc, sort et se répand un liquide bleu qui figure poétiquement l’épanchement de leur sang. Pourtant, ils parviendront à se relever, plus ou moins revigorés par la véhémence d’une voix sortie de nulle part et déclinant un catalogue d’atrocités auxquelles prend évidemment part l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine depuis février dernier.

Alors que les êtres sont soudainement pris de heurts et de spasmes incontrôlables, la pièce trouve son point d’acmé dans un court solo final au court duquel se libère et s’exacerbe le sentiment de rage et de détresse d’un homme qui, comme dans une cage imaginaire, se cogne à l’étroitesse et la claustrophobie qu’inspire son monde à la dérive.

Avec un mouvement viscéral, une gestuelle éloquente, des images choc, cette pièce créée en Allemagne cet été fait incontestablement son effet, même si parfois au moyen d’un trop plein d’explicite et de littéralité. En donnant à voir une telle soif de contestation de l’ordre établi et d’aspiration au changement, Navy Blue est une marée bleue qui cristallise avec pertinence un sentiment contemporain de profond désenchantement et soulève bien des questions, notamment celle de la valeur de l’art face à la destruction de la civilisation. Oona Doherty ose avouer l’impuissance et l’insignifiance de la danse dans un ballet à la fois empreint de douceur et d’horreur, qui secoue et décontenance.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Navy Blue
Chorégraphie Oona Doherty en collaboration avec les danseurs
Musique Sergeï Rachmaninov, Concerto no 2 en ut mineur, Jamie xx
Vidéo, projections Nadir Bouassria
Lumières John Gunning
Texte Oona Doherty et Bush Moukarzel
Costume Lisa Marie Barry
Production diffusion Gabrielle Veyssiere
Production déléguée Lea Connert et Dana Tucker

Avec Amancio Gonzalez Miñon, Andréa Moufounda, Arno Brys, Louise Gourvelec, Hilde Ingeborg Sandvold, Joseph Simon, Mathilde Roussin, Ryan O’Neill, Sati Veyrunes, Thibaut Eiferman, Tomer Pistiner, Zoé Lecorgne, Magdalena Öttl

Production OD Works
Coproduction Kampnagel / Sadler’s Wells / Chaillot – Théâtre national de la Danse / Biennale de Venise / Maison de la danse, Pôle européen de création / Belfast International Arts Festival / Big Pulse Dance Alliance / Dance Umbrella Festival / Dublin Dance Festival / Torino Danza Festival / Julidans Festival

Le spectacle a été présenté à Tanz im August/HAU Hebbel am Ufer, Zodiak, Side Step Festival, One Dance Week, International Dance Festival Tanec Praha, New Baltic Dance, Coda Oslo International Dance Festival.

Avec le soutien du programme Europe créative, de l’Union européenne.

Durée : 1h

Chaillot – Théâtre national de la Danse
Salle Firmin Gémier
du 22 septembre au 1er octobre 2022

25 septembre 2022/par Christophe Candoni
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