La Nina de José Ramón Fernández est la réincarnation bouleversante et contemporaine de celle de Tchekhov, La Mouette. Que serait Nina si elle avait vécu un siècle plus tard ? Dès la première lecture, j’ai trouvé une telle simplicité, tant de naturel et de vérité, si proches de mon cher Tchekhov, que je me suis sentie des affinités profondes avec cette écriture. Avec une extrême justesse, il peint des sentiments complexes et contradictoires : l’homme d’aujourd’hui avec sa rage, son vertige, son espoir, son désespoir, sa tendresse et ses désillusions. Les personnages sont arrivés au bout de leur chemin, ils n’ont plus d’autres choix que celui d’en prendre un nouveau. «Pat, c’est une fin de partie aux échecs. On ne peut plus continuer à jouer et personne ne joue. Comme si tout était bloqué (…) Nous sommes bloqués. Tu as joué et rien ne s’est passé. Tu ne peux même pas dire que tu as perdu. On peut en recommencer une autre mais on ne peut pas rejouer cette partie.» L’auteur, comme il le dit lui-même, choisit, pèse et jauge chaque mot. Pourtant, on sent que la vérité se joue au-delà des mots, dans les silences, l’atmosphère, l’impalpable rendu palpable par les comédiens et l’intensité de leur interprétation. Les ondulations de la musique de Chet Baker, très présente tout au long de l’histoire, rend bien compte de cette atmosphère délicate, fragile, sinueuse, sensuelle, vaporeuse et grave de la pièce. Extrait de la note d’intention de Nassima Benchicou
Nina
Texte publié aux éditions de l’Amandier José Ramón Fernández, traduit par Angeles Muñoz
Mise en scène de Nassima Benchicou assistée de Arnaud Schmitt
Avec Anne-Laure Connesson, Michel Papineschi, Tristan Petitgirard
Scénographie de Suzana Machado
Production Co-Réalisation Les Déchargeurs / Cie Ôhasard
Durée 1h15
Salle Salle Vicky Messica
du 01 novembre au 23 décembre 2011 à 21h45 mardi au samedi
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