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Liliom, manège sans magie

Décevant, Festival, Les critiques, Lille, Montpellier, Théâtre

photo Antoine de Saint Phalle

Faute d’un parti pris scénique affirmé, semble-t-il, le Liliom ou la vie et mort d’un vaurien présenté par Myriam Müller au Printemps des comédiens manque de caractère. A l’inverse de son « héros », bonimenteur fruste et séducteur, ambivalent vaurien qui frappe sa femme. L’histoire écrite début XXème par le hongrois Ferenc Molnar y perd de son intérêt.

C’est un objet étrange que ce Liliom du hongrois Molnar. Une histoire naïve comme l’a voulue son auteur avec une fête foraine en toile de fond et tout l’imaginaire que cet univers peut véhiculer. Comédie populaire aux résonances sociales de cette Hongrie du début du XXème siècle dans laquelle l’aspiration à l’ascension sociale commence à s’affirmer – la pièce est sous-titrée Légende de banlieue en sept tableaux – elle emporte son personnage principal dans un élan onirique et possiblement parodique jusqu’aux portes du purgatoire, puis propose à l’occasion de son retour sur Terre un épilogue qui pose problème. Avant guerre, Frank Borzage et Fritz Lang ont assuré la notoriété du texte via de réputées adaptations cinématographiques. Plus près de nous, en 2014, Jean Bellorini en avait proposé sa version à l’invitation de ce même Printemps des comédiens où Myriam Müller vient de présenter la sienne.

La fête foraine y respire à travers une scénographie ingénieuse et belle. Un plateau tournant dépouillé côté pile, évoquant l’arrière d’un manège. Riche, côté face, structure verticale en forme de bric à brac, évoquant les châteaux hantés et autres maisons à chausse-trappes des fêtes foraines, qui fait également office de domiciles des personnages. Des musiciens peuvent s’y installer, on y emprunte de petits escaliers secrets et les lampes diffusent une lumière chaude comme celle des lampions d’un bal de 14 juillet après la fête. C’est là que Julie, jeune domestique qui ne s’en laisse pas compter, rencontre Liliom, bonimenteur de foire, qui la protège des foudres de sa patronne jalouse, jusqu’à en perdre son emploi. Ils s’aiment et elle tombe enceinte tandis que la spirale de la violence domestique s’est déjà enclenchée entre eux sur fond de galère matérielle et sociale. Cette violence constitue bien l’épicentre de l’histoire, l’héroïne restant imperturbablement amoureuse de celui qui la maltraite sans pour autant l’accepter. Mais elle est aussi traitéepar l’auteur  d’une manière presque folklorique, comme un archétype social. Les deux personnages sont d’ailleurs peu dessinés, parce que frustes peut-être mais aussi parce que, malgré son sujet, Liliom reste une comédie avec ses types comme en témoignent quelques personnages secondaires hauts en couleurs.

La matière réclame ainsi un regard plus affirmé que celui que semble poser Myriam Müller sur la pièce. Dans la feuille de salle, la metteuse en scène met en regard le texte avec le surgissement dans l’actualité du sujet des violences faites aux femmes. Elle retient à juste titre l’ambivalence du traitement qu’en fait Molnar avec sa pièce comme une qualité pour l’aborder. Certes. Liliom est autant victime de lui-même que bourreau de sa femme. Julie en même temps se révolte et accepte la violence jusqu’au bout, même quand elle se retourne contre sa fille. Mais à vouloir porter cette complexité du propos, Myriam Müller l’affadit, le prive d’un regard qui lui aurait donné davantage de relief et n’en exploite pas assez la théâtralité. Ainsi, l’ensemble manque de souffle. La fête foraine ne transmet ni son énergie ni sa magie. L’épisode du jugement divin est loin de l’être. Et dès le début, la rencontre amoureuse entre les deux protagonistes ne fait pas tourner la tête tandis que les manèges environnants…. Si bien qu’on ne s’attache pas aux personnages, qu’ils demeurent des constructions sans s’affirmer vraiment comme tels ni parvenir à prendre chair. Comme si la mise en scène hésitant entre les registres épars d’un texte se contentait de le suivre plutôt que d’en faire spectacle.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Liliom ou la vie et mort d’un vaurien, Légende de banlieue en sept tableaux
de Ferenc Molnár
Adaptation et mise en scène : Myriam Muller
Avec : Mathieu Besnard, Sophie Mousel, Isabelle Bonillo, Manon Raffaelli, Raoul Schlechter, Jules Werner, Valéry Plancke, Jorge De Moura, Rhiannon Morgan, Clara Orban, Catherine Mestoussis
Scénographie : Christian Klein
Costumes : Sophie Van den Keybus
Lumières : Renaud Ceulemans
Vidéos : Emeric Adrian
Direction musicale : Jorge De Moura et Jules Werner
Création sonore : Patrick Floener
Assistant à la mise en scène : Antoine Colla
Couture : Manuela Giacometti
Habillage : Anna Bonelli et Fabiola Parra
Maquillage : Joël Seiller et Laurence Thomann
Accessoires : Marko Mladenovic
Production : Les Théâtres de la Ville de Luxembourg

Durée 1h40

du 31 mai au 2 juin 2024
Printemps des Comédiens
Le Kiasma – Castelnau-le-Lez
1 rue de la Crouzette 34170 Castelnau le lez

Théâtre du Nord
L’Idéal, Tourcoing
du 12 au 14 juin 2024

3 juin 2024/par Eric Demey
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