La nouvelle de Boulgakov nous plonge dans l’enfer de l’addiction, un enfer qu’il a connu. « Morphine » c’est un peu son histoire, celle d’un jeune médecin envoyé à la campagne pendant la guerre et qui devient accro à la morphine. En 1916, Boulgakov, médecin réserviste, est envoyé dans un hôpital civil. C’est pendant ces années de service qu’il commence à écrire, et son premier récit « Maladie » (qui n’a jamais été retrouvé) était une première version de sa nouvelle « Morphine ». Dans ce récit, le personnage central Paliakov (Jérémie Malavoy) cherche à sortir de la spirale infernale qui va le conduire à la mort. Il cherche de l’aide et écrit à son ami Bomgard (Mathias Mégard). « Le diable se mêle à mon sang » écrit Boulgakov.
« Morphine » est la première création de la toute jeune compagnie ALIA créée par Jérémie Malavoy (neveu de Christophe Malavoy). Formé à l’Atelier Recherche Expression Acteur de Thierry Atlan, Jérémie Malavoy a tout naturellement demandé à son professeur de mettre en scène le spectacle. Thierry Atlan qui mène une carrière éclectique (il met en scène actuellement « Le Matelas » au Palais des Glaces) a choisi de mettre beaucoup de « russitude » dans sa mise en scène avec un décor malheureusement trop chargé (des tapis d’Orient jonchent le sol). Il a recherché à recréer à travers ce climat le réalisme de l’écriture de Boulgakov. Et la plume de l’écrivain russe n’en manque pas lorsque il exprime ce que ressent Poliakov lors de ses injections de Morphine : « une sensation de fraicheur de menthe au creux de l’estomac… ».
Le jeu de ping-pong est intéressant dans la mise en scène. Les deux acteurs se renvoient la balle, se croisent. Bomgard lit le journal de Poliakov, tandis que l’on assiste à la mort lente du jeune médecin. Jérémie Malavoy parvient vers la fin du spectacle à une réelle transformation. Son regard change, ses mains tremblent, son corps de raidit. La liaison de Poliakov avec Anna Kililovna (Jason Ciarapica) vient compléter la pièce, mais n’apporte pas grand-chose à la profondeur du personnage. L’échange entre les deux médecins aurait suffit.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
MORPHINE MIKHAïL BOULGAKOV
MISE EN SCÈNE / THIERRY ATLAN
direction artistique / Jérémie malavoy
AVEC JASON CIARAPICA / ANNA KIRILOVNA
MATHIAS MEGARD / BOMGARD
Jérémie MALAVOY / POL IAKOV
conception vidéo / « ARTISANS DU FILM »
Affiche / anne lise Dees
Durée: 1h10
Du 14 avril au 12 juin 2010
du mardi au samedi
21h00 / DUREE ESTIMÉE DU SPECTACLE – 1H10
THEATRE DU LUCERNAIRE
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris
01 45 44 57 34
M° Notre-Dame-des-Champs
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !