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« Miss Camping » du côté obscur des jeunes filles en fleurs

A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Laureline Le Bris-Cep crée Miss Camping
Laureline Le Bris-Cep crée Miss Camping

Photo Laureline Le Bris-Cep

Le spectacle conçu par Laureline Le Bris-Cep lance le festival La Fabrique des Écritures, qui se tient du 14 janvier au 14 février à L’étoile du nord. Une autofiction qui tente de régler son compte à un père détraqué : homme féministe et papa aimant qui a basculé du côté obscur de la fétichisation des jeunes filles.

Malgré son titre, Miss Camping n’a rien d’une comédie d’été. Il y est pourtant bien question de bikinis, notamment celui de la Princesse Leia dans Star Wars, que porte Carrie Fisher, tandis que son personnage est retenu prisonnier par l’immonde limace géante Jabba le Hutt. Mais surtout de ceux arborés dans les magazines féminins par les mannequins qui alimentent la collection de photos du père de Laureline, accumulateur compulsif d’images de jeunes filles sur papier glacé. Et c’est là que le bât blesse, que le projet originel – si l’on en croit Laureline Le Bris-Ceps – de raconter l’histoire de deux copines de 16 ans au camping s’est mué en une touchante plongée autofictionnelle de l’autrice, metteuse en scène et comédienne autour de ses rapports avec un père plus que problématique, dorénavant mort, mais pas tué pour autant.

Qu’est-ce qui se trame autour de cette figure paternelle ? Une époque certainement, ou plutôt des contradictions d’époque. Celle des années 1970, de la libération des femmes qui croise la rémanence des structures patriarcales et du mouvement de libération sexuelle qui va jusqu’à réclamer le droit au plaisir des enfants. Le père de Laureline, papa et mari moderne, partage les tâches domestiques et s’occupe attentivement des enfants en même temps qu’il punaise sur tous les murs de l’appartement des photos de nymphettes découpées dans des magazines, et compile dans son journal intime des déclarations d’amour cachées, dont l’une est adressée à une copine adolescente de sa fille… Un inquiétant mélange donc, à la confluence de courants contradictoires, à l’image du prénom qu’il choisit pour sa progéniture, Laureline, inspiré de la bande dessinée Valérian et Laureline, une héroïne à la fois féministe, hyper sexy et sexuée, née dans le magazine Pilote.

Autres temps, autres mœurs. Certes, mais le passé laisse bien des traces. Et en compagnie de Laurie Barthélémy, l’artiste, qu’on connaissait grâce à la Compagnie du Grand Cerf Bleu, se lance donc dans une entreprise personnelle destinée à en finir avec cette ombre qui hante sa vie et son travail, celle d’un père à la fois aimant et pervers, féministe et macho, obsédé et impotent, aimé et détesté. Le propos se perd parfois, s’éparpille, mais permet ainsi de ne pas régler son sort à la figure paternelle en laissant nombre de questions en suspens. Recours à la fiction et chansons vintage, interview fictive de David Hamilton et autre bataille finale avec Dark Vador, à coups de frites de piscine multicolores, font rebondir le spectacle dans de multiples directions et échapper au trop-plein de réel, tandis qu’un écran d’ordinateur tourné vers le public égrène une à une les photos de jeunes filles trouvées parmi les dossiers informatiques constitués avec une méticulosité pathologique – aux classements à entrées multiples – par le père de Laureline.

C’est drôle, parfois, et souvent intrigant, mais l’intérêt de cette histoire personnelle est aussi de soulever des enjeux qui dépassent l’histoire familiale. Certes, David Hamilton a été démasqué, mais la société d’aujourd’hui, que le mercantilisme abreuve imperturbablement d’images de jeunes femmes, n’a évolué qu’à la marge pour continuer de transformer à jet continu la libido en actes d’achat. Que devient le désir dans ce contexte ? Comment se modèle-t-il ? Personnage presque houellebecquien dans son côté loser, le père de Laureline a basculé du côté obscur de la force. Miss Camping n’oblitère cependant ni ses responsabilités ni celles des circonstances. Le spectacle ne fait de toute façon pas un procès, mais tourne autour d’une relation père-fille et des monstres intérieurs qui nous habitent, et qui menacent à tout moment de nous faire basculer du côté obscur de la force.

Eric Demey – www.sceneweb.fr

Miss Camping
Texte et mise en scène Laureline Le Bris-Cep
Avec Laurie Barthélémy, Laureline Le Bris-Cep
Collaboration artistique Lukas Dana
Soutien à la dramaturgie Juliette de Beauchamp
Création lumière Moïra Dalan

Production BICEPS
Coproduction L’Étoile du Nord, scène conventionnée d’intérêt national art et création pour la danse et les écritures contemporaines ; Théâtre cinéma de Fontenay Le Fleury
Avec le soutien du CENTQUATRE-PARIS et du Théâtre de Vanves
Le projet a bénéficié d’un accueil en résidence du Super Théâtre Collectif.

Durée : 1h20

L’Étoile du Nord, Paris, dans le cadre du festival La Fabrique des Écritures
du 14 au 16 janvier 2025

16 janvier 2025/par Eric Demey
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