Circassien et équilibriste Bastien Dausse présente son premier spectacle jeune public : une envolée spatiale en apesanteur qui défie avec ingéniosité la gravité. Une proposition encore très ancrée dans la performance et qui peine à tirer ses fils narratifs.
Bastien Dausse a déjà marqué les esprits avec Moon, un cycle de performances qui présentait ses créations scéniques uniques et antigravitaires. Déjà accompagné de Julieta Salz (ils se sont tous deux rencontrés à l’Académie Fratellini), l’acrobate y explorait la notion de déséquilibre, en mettant toujours le corps à l’épreuve de la chute : ici tenir en équilibre sur une table à la renverse, là évoluer dans les airs accroché à une bascule…
Quoi de plus naturel que de poursuivre l’expérimentation et de s’amuser avec l’imaginaire spatial pour un premier spectacle jeune public ? On embarque donc avec MIR, épopée solitaire sans gravité, première création narrative de la compagnie Barks à bord d’un vaisseau de leur création.
Ici, l’objet central autour duquel se bâtit le récit et s’organise le corps de l’acrobate (Laurane Wüthrich) est un habitacle composé d’un bloc blanc, qui abrite un couchage, une chaise et un bureau, lieu de vie immaculé dans lequel évolue l’astronaute, lui-même imbriqué dans une structure métallique ronde. Calibrée au millimètre près pour le corps de l’artiste, la structure va pouvoir pivoter, entraînant dans sa course l’ensemble du décor et l’acrobate, qui va devoir jouer et danser avec cette gravité mouvante.
L’illusion visuelle est au coeur du travail de Bastien Dausse, et nous cueille dès le premier tableau : un écran diffuse l’image filmée en temps réel d’une astronaute oubliée dans l’infini de l’espace, à travers le hublot brillent les constellations. Tête à l’envers, elle se meut sans effort, s’accroche aux parois, s’assoie sur une chaise à la renverse, s’articule dans une lenteur cosmique. Alors que le jour se lève sur scène, l’écran disparait, dévoilant la machinerie à vue, dont on entend même les grincements : Où est le haut ? Où est le bas ? À nous remettre tout à l’endroit.
Au fil d’une succession de chorégraphies, l’acrobate va ainsi défier les règles de la gravité. On la suit au fil de ses journées qui se déroulent en même temps que la structure continue sa course : s’habiller, se coiffer, étudier les astres, faire du sport… Mais la synergie n’est pas toujours son alliée : après un accroc, une sirène retenti, le rythme s’accélère, l’acrobate est soudain malmenée par un mouvement qu’elle ne contrôle plus.
C’est lors de ses envolées oniriques que la proposition convainc le plus et quitte la démonstration technique : lorsque l’astronaute s’endort et que son corps assoupi est emporté par la synergie du mouvement, glissant même hors de la structure pour venir à notre rencontre, emportée par les mélopées envoûtantes créées par l’artiste Sakine. Moments qui sont trop rares pour permettre totalement au récit d’exister et pour sortir tout à fait de la performance. Les séquences clownesques par exemple (lorsque l’astronaute fête son anniversaire avec ballons et cotillons) manquent de force pour faire apparaître les reliefs du personnage.
Dans MIR, Bastien Dausse nous embarque dans un voyage cosmique onirique, mais où l’ingéniosité technique et scénographie de Bastien Dausse, adossé à son grand regard poétique et à une acrobate de talent n’éludent pas la difficulté à apercevoir le personnage derrière l’acrobate, le récit derrière la performance.
Fanny Imbert – www.sceneweb.fr
MIR
[NOUVELLE CRÉATION]
compagnie Barks / Bastien DausseAvec Laurane Wuthrich.
Soutien à la mise en scène Julieta Salz.Composition musicale Sakine.
Costumes Fanny Gautreau.
Direction technique, création lumière Pierre-Yves Aplincourt.
Construction Pierre-Yves Aplincourt, Association La Molette – Sébastien Leman.
Production, diffusion Compagnie Barks – Clémence Tonfoni.
Production Compagnie Barks.
Avec le soutien de la DRAC Île-de-France au titre de l’aide au projet 2023.
Coproduction PJP49 – réseau jeune public Maine et Loire, UP ; Circus & Performing Arts, Bruxelles ; L’Éclat, Scène conventionnée d’intérêt national Art ; Enfance Jeunesse, Pont-Audemer ; 2Angles – centre de création contemporaine, Flers ; Charleroi Danse, Belgique ; Circusnext, Paris ; Nouveau Gare au Théâtre, Vitry-sur-Seine ; Les Noctambules, Nanterre.
Accueil en résidence Centre Culturel Jacques Prévert, Villeparisis en partenariat avec CirquEvolution ; 2R2C en partenariat avec Circusnext, Paris ; 2Angles – centre de création contemporaine, Flers ; UP – Circus & Performing Arts, Bruxelles ; PJP49 – réseau jeune public Maine et Loire ; Les Noctambules, Nanterre ; Les Nouvelles Coordonnées, Fontaine-l’Abbé.
Bastien Dausse est artiste associé à Circusnext – Ferme Montsouris.
La Compagnie Barks est en résidence permanente aux Noctambules.
Jeune public – à partir de 6 ans
Durée 45 minutes
Nouveau Gare au Théâtre – Vitry-sur-Seine
ven 8 dec à 10h et 14h30 (scolaires)
sam 9 dec à 15h30 (tout public)13 février 2024
Le Cargo, Sergédu 16 au 19 février 2024
THV, Saint-Barthélemy-d’Anjoudu 22 au 24 février 2024
Le Quai – CDN d’Angers27 février 2024
Commune de Tiercé29 février 2024
L’Échappée Belle, Val d’Erdre-Auxence19 mars
Espace du Séquoia26 mars
Festival Mômes en Folie – Le Dôme, Saumur16 et 17 avril
Festival SPRING
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