Henri de Montherlant, auteur totalement tombé dans l’oubli reprend vie grâce à Michel Fau qui met en scène une courte pièce où il est question de la résistance et de l’épuration en 1944. Objet théâtral intrigant. Il n’a y bien que Michel Fau pour s’atteler à un tel projet délicat.
Dans Demain il fera jour, il y a beaucoup de la vie de Montherlant. L’auteur a été inquiété à la libération. Plusieurs enquêtes ont été menées sur ses connivences idéologiques douteuses. Mais son dossier instruit par de nombreux services et de nombreuses chambres judiciaires est classé sans suite à l’été 1945. La pièce sera créée au Théâtre Hébertot le 9 mai 1949.
C’est l’histoire de Georges avocat qui a plaidé pour un allemand pendant la guerre et qui ne souhaite pas que son fils Gilou (Loïc Mobihan) entre dans la Résistance car il craint d’avoir des ennuis. Cet avocat cherche d’abord à se couvrir mais autorise finalement son fils à devenir résistant au péril de sa vie. Georges est un personnage totalement méprisable et dans ce rôle Michel Fau excelle. Les rôles de salauds lui collent à la peau. Georges doit faire face à la mère de Gilou (Léa Drucker) qui entend elle aussi protéger son fils. Le jeu de Léa Drucker emprunte le chemin de la tragédie grecque, elle est malheureusement un peu trop dans l’hystérie.
« Montherlant nous parle de l’ambigüité et de l’inconscience humaine sous l’occupation, mais ce qui nous heurte avant tout c’est le manque d’amour entre cet homme odieux » explique Michel Fau. « Nous sommes tous des monstres ? » s’interroge Georges. Un manque d’amour pour ce fils né d’un lit adultérin, ou peut-être une attirance physique pour ce fils. La pièce de Montherlant joue aussi sur cette ambigüité. Les biographes de Montherlant rapportent qu’il aurait eu une double vie et aurait entretenu des relations homosexuelles.
La mise en scène de Michel Fau est soignée. On a le sentiment de regarder à travers une lanterne magique et assister à un film muet en noir et blanc. Le côté rétro et hyperréaliste colle assez bien au sujet. Et pourtant on n’est pas sorti totalement transporté par le spectacle. Certainement à cause du jeu de Léa Drucker, certainement à cause de cette pièce d’un autre temps.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Demain il fera jour
de Henry de Montherlant
mise en scène Michel Fau
avec Léa Drucker, Michel Fau, Loïc Mobihan et Roman Girelli
décors Bernard Fau
costumes David Belugou
lumières Alban Rouge
maquillage Pascale Fau
Avec le soutien de la Fondation Jacques Toja
Durée: 1h05
A partir du 20 avril 2013
21h du mardi au samedi
le samedi à 18h et le dimanche à 16h
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