Un spectre. Un spectre d’elle-même, flottant, la tête vide, terriblement seule parmi les autres, c’est ainsi que se décrit Charlotte Delbo à son retour d’Auschwitz.
Ses compagnes de voyages, les 48 qui sont revenues avec elle, sur les 230 qui avaient été internées ensemble, se sont dissoutes dans la foule qui les attendait à l’aéroport. Et là, elle fait l’expérience du vide où les mortes et les vivantes se confondent, où elle-même perd pied dans cette nouvelle réalité, où tout semble à côté de la vérité ; à côté des jours passés, ces jours dont la monstruosité ne peut ni s’archiver ni se dire trop vite.
Elle essaie de répondre à toutes ces questions que l’on se pose sur ceux qui sont revenus.
Comment ont-ils fait pour survivre ? Comment font-ils pour vivre à nouveau ? Que font-ils de leurs souvenirs ?
Avec son écriture singulière, elle dit la vie après, quand toute capacité d’illusion et de rêve semble définitivement perdue. Elle dit cette difficulté à s’inscrire à nouveau dans la réalité, à pouvoir à nouveau tisser des liens profonds avec ceux qui n’ont pas fait le même voyage.
Dans un espace composé de quelques chaises et d’un banc, six comédiennes forment ensemble un groupe complice, un seul corps, un choeur de femmes. Elles donnent à entendre ces paroles dans une adresse directe au public, et à Charlotte, à sa présence sans cesse évoquée.
Entre la retenue, les silences, une légère dérision, et l’humour, chacune dit en creux ce qui fait d’elles à jamais d’inséparables « revenantes ».
« Mesure de nos jours » de Charlotte Delbo
(Les Editions de Minuit)
Mise en scène Claude-Alice Peyrottes
Avec Sophie Amaury, Sophie Caritté, Marie-Hélène Garnier,
Maryse Ravéra, Maud Rayer, Claude-Alice Peyrottes
Assistante Maryse Ravéra
Costumes Nicolas Fleury
Régie Marco Leroy
Production Compagnie Bagages de SableDurée : 1h15
Théâtre de l’Epée de Bois
du 05 au 22 mars 2015
Jeudi et vendredi à 20h30
Samedi à 16h00 et 20h30
Dimanche à 16h00
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !