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Meng Jinghui erre dans un au-delà chaotique et brumeux

Festival d'Avignon, Les critiques, Moyen, Théâtre
Le Septième Jour de Meng Jinghui

Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Le metteur en scène chinois revient au Festival d’Avignon où il adapte le roman de Yu Hua, Le Septième jour. En suivant l’errance d’un homme entre la vie et la mort, il signe une épopée qui intrigue autant qu’elle égare.

La découverte de l’artiste fut pour le moins harassante avec La Maison de thé qu’il présentait en 2019. Revoici Meng Jinghui pour cette 76e édition dans le lieu historique du Cloître des Carmes qu’il investit de son geste toujours débordant, mais toutefois plus mesuré. S’il est toujours coutumier d’user de gros et inutiles effets, il laisse aussi parfois une certaine mélancolie abonder dans Le Septième jour. Après Lao She, le metteur en scène s’empare d’une figure importante et plus contemporaine de la littérature de son pays : Yu Hua, connu notamment pour la publication de Brothers (2005), un livre qui faisait se confronter la Révolution culturelle à son héritage et aux mutations de la Chine actuelle. Sorti plus tard, en 2013, Le Septième jour relate le parcours de Yang Fei, un homme qui vient de mourir, mais dont la mort s’offre comme l’unique occasion de revisiter et de réinterroger sa vie.

Au cours des sept (longs) jours qui suivent sa disparition accidentelle dans l’explosion d’un restaurant où il est attablé devant un bol de nouilles très inélégamment mangé, le protagoniste remonte le fil de sa mémoire qu’il croit perdue à jamais et croise les ombres de différents êtres également morts qu’il a connus et qui ont compté pour lui. C’est un homme ordinaire, voire assez vulgaire, mais qui, dans l’interprétation éruptive, agitée, de l’acteur principal, Chen Minghao, oscillant entre le vague à l’âme et une fiévreuse nervosité, suscite un certain intérêt.

Il apparaît d’abord juché sur les hauteurs du cloître fumant une cigarette. En bas, les pierres se nimbent progressivement de fumée blanchâtre. Nichée sous les arcades, se tient une bardée de squelettes bien ordonnés. L’espace s’apparente à celui d’un hall d’attente, où prennent place des individus tous vêtus de blanc. Il est le funérarium où l’homme doit se rendre pour sa crémation. Il est à la fois le monde et l’autre monde, amalgamés dans un purgatoire pas du tout policé et où émane même un sordide érotisme.

La scénographie est volontairement surchargée d’un tas d’éléments composites issus de la vie quotidienne qui appellent à être renversés, maltraités, et ce, à la mesure de la révolte qui habite le personnage. Pour mieux tendre un miroir au chaos généralisé, il faut à Meng Jinghui de quoi en rajouter, c’est-à-dire du son, du bruit, des cris, autant de tapage qui accompagne une manière délibérément saccageuse, et un peu racoleuse, de raconter et représenter les histoires. Tout est assumé comme tel. Le metteur en scène s’amuse à orchestrer le désordre et la confusion dans un univers sonore et visuel très prégnant. Il n’a pas peur de l’excès, ni du mélange des genres et de tonalités contrastées. Il signe une œuvre scénique aussi grotesque que tragique, empreinte d’autant de trivialité que de gravité. Le glauque s’emmêle aussi avec l’évocation de fœtus avortés, d’un travesti émasculé, et de vente de reins.

En dépit de ses nombreuses lourdeurs et facilités, le spectacle aborde par petites touches des choses profondes sur l’existence et donne matière à penser, à être touché, révolté. La violence et l’humour décalés du romancier Yu Hua trouve un véritable écho dans son adaptation au théâtre. La critique politico-sociale de la Chine et du monde d’aujourd’hui décrits comme d’une absurde et terrible vanité se fait plutôt entendre. Il y a aussi l’engagement total de la troupe et le travail convaincant sur l’expressivité des corps qui s’attirent, se débattent, se mettent à danser pour traduire ce que les mots ne parviennent à dire. On se laisse alors porter et dérouter avant de perdre définitivement le fil lorsque Meng Jinghui s’enlise en faisant se substituer son héros à Œdipe, puis encore au Christ, dans deux tableaux finaux qui semblent s’éterniser.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Le Septème jour 第七天
Texte Yu Hua
Traduction du chinois Pascale Wei Guinot
Adaptation et mise en scène Meng Jinghui
Avec Chen Minghao, Han Shuo, Huang Xiangli, Mei Ting, Sun Yucheng, Wang Zihang, Xiao Dingchen
Musique Hua Shan, Wang Chuang
Scénographie Zhang Wu
Lumière Wang Qi
Son Zhang Xinnan
Costumes Yu Lei
Assistanat à la mise en scène Li Huayi

Production Meng Theatre Studio
Coproduction Hybridités France-Chine
En partenariat avec France Médias Monde

Le Septième jour de Yu Hua, traduction Isabelle Rabut et Angel Pino, est publié aux éditions Actes Sud.

Durée : 2h30

Festival d’Avignon
Cloître des Carmes
du 18 au 25 juillet, à 22h

20 juillet 2022/par Christophe Candoni
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