Ce qui m’intéresse dans son écriture c’est le frottement, la porosité entre fiction et réalité. Wasted s’ancre dans un univers quotidien, pétri de banalités. Les enjeux que portent ses personnages ne semblent être connectés qu’à leur propre intimité. C’est une micro-histoire, un fragment de vie qui n’essaye pas de masquer son manque de superbe.
Les mots sont simples : ce sont ceux avec lesquels on vit, ceux avec lesquels on parle à nos voisins, à nos amis. Kae Tempest a 28 ans quand le texte est publié. Iel n’essaie donc pas de s’approprier une langue, mais iel porte la parole de sa génération.
Dans ce traitement presque brut de la réalité on pourrait se demander où se trouve la fiction.
Dans cette parole, la poésie ne passe pas par des figures de style complexes, la symbolique y est minime.
Tout l’enjeu de cette mise en scène est donc de s’emparer de cette banalité pour en faire spectacle, pour en révéler toute la beauté. Rendre le banal spectaculaire. Traiter le quotidien pour en révéler toute sa complexité et le rendre beau. Rendre magnifique le deuil de leur ancien futur glorieux.
Esthétiquement, je vais constamment chercher à confronter la médiocrité de la condition des personnages avec le sublime. Les confronter pour pouvoir les confondre.
Note d’intention de Martin Jobert
Wasted
Texte : Kae Tempest
Traduction : Gabriel Dufay et Oona Spengler
La pièce Fracassés (WASTED) de Kae Tempest est éditée et représentée par l’ARCHE – Editeur & Agence théâtraleMise en scène : Martin Jobert
Assisté de : Fabien ChapeiraAvec : Simon Cohen, Raphaël Mars, Tristan Pellegrino, Kim Verschueren
Musique : Raphaël Mars
Conception décors : Louis Heiliger
Construction décors : Louis Heiliger,
Nicolas Jobert, Jean-Jacques Colas
Création Lumière : Gautier Le GoffProduction : Théâtre de la Mascara, Studio | ESCA, Nouveau Théâtre de l’Atalante, Région Haut-de-France, Département de l’Aisne
Administration/Production : Mathilde Blottière14 et 15 décembre 2024
Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France
dans le cadre du Festival Impatience
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