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De quoi hier sera fait : une utopie sans boussole

À la une, Aubervilliers, Grenoble, Les critiques, Montpellier, Moyen, Théâtre
Denise Olivier Fiero

Photo Denise Olivier Fiero

Au Théâtre de la Commune, Marie Lamachère et Barbara Métais-Chastanier imaginent le monde urbain post-effondrement. Dramaturgiquement confus et scéniquement brouillon, le projet d’inspiration fouriériste s’égare dans le champ des possibles qu’il déploie.

Penser l’après. Non pas la catastrophe écologique et économique qui pourrait advenir et bouleverser, voire anéantir, nos modes de vie, mais bien le monde tel qu’il pourrait être une fois la tempête passée. L’exercice est intellectuellement stimulant, théâtralement ambitieux, de ceux qui nécessitent enquête et réflexion approfondies pour éviter de sombrer dans la caricature. Après s’être immergées dans la sphère rurale avec leur road-trip Nous qui habitons vos ruines, Marie Lamachère et Barbara Métais-Chastanier ont tenté de réfléchir à cette ville d’après-demain, à celle qui pourrait renaître sous les décombres contemporains.

D’inspiration largement fouriériste, tout comme le premier volet de leur diptyque, De quoi hier sera fait se décompose en trois temps. Les années 2019, 2026 et 2047 balisent le parcours de sept personnages qui tous, dès l’origine, essaient de repenser la société à leur échelle. Alors que la menace gronde, Tina, une jeune youtubeuse pleine d’espoir, réalise des tutoriels pour agir au quotidien contre la crise écologique ; infirmière spécialisée en psychiatrie, Niki travaille de son côté dans des camps d’exilés en Grèce et s’adonne à la poésie ; plus radical, Seb est un hacker survivaliste qui se prépare à un repli communautaire ; Sacha tente, quant à lui, de déconstruire, à travers des podcasts, sa propre identité, blanche, cisgenre, hétérocentrée et masculiniste. Venus de l’étranger, Aymen, Ainoun et Dipali, maghrébin, bangladeshi et québécoise d’origine, militent chacun dans leur domaine d’expertise, l’architecture pour le premier, l’accueil des plus pauvres pour le second et l’eau comme bien commun pour la dernière.

A cette galaxie de personnages déjà très complexe, Marie Lamachère et Barbara Métais-Chastanier surajoutent une évolution temporelle. Tous installés à Bobigny, ils vivent le délitement progressif de la société et le grand effondrement de 2025 qui les précipite, dès l’année suivante, dans un environnement urbain où l’Etat a fait faillite, où les « maîtres possesseurs », exilés dans des îlots protégés, sont les nouveaux rois, où le choix entre l’autonomisation et la lutte armée tiraille le groupe. Une fois ce chaos passé, 2047 apparaît comme l’année de la maturité, celle de l’abolition du capitalisme et de l’avènement de la société du partage, du règne des petites communautés fluides et hospitalières, du temps apparemment béni de la généralisation des ZAD, où le quotidien serait moins confortable, mais les gens pétris de bons sentiments.

Loin d’être inepte, l’exercice de prospective de Marie Lamachère et Barbara Métais-Chastanier se nourrit sans aucun doute d’un travail de recherche et d’enquête colossal et aspire à combiner une foule d’influences venues d’horizons divers. Sauf que, très rapidement, les deux artistes se perdent dans le champ des possibles qu’elles déploient et voient leur créature théâtrale leur échapper. Sans cap, ni boussole, leur utopie est tirée à hue et à dia, jusqu’à se transformer en compilation de fantasmes d’extrême-gauche mal digérés. A trop vouloir empiler les couches de complexité, leur dramaturgie se noie dans un ensemble confus qui peine à prendre de la hauteur, de la surface et de la profondeur. Tant, et si bien, que le discours produit devient indigeste et glisse comme l’eau sur les plumes du canard.

A l’avenant, la mise en scène de Marie Lamachère paraît un peu trop biberonnée au « bricolage poétique » que Charles Fourier avait érigé en principe esthétique. Faite de bric et de broc, d’accumulation d’idées, dépourvue de tout cadre clair, elle laisse les comédiens livrés à eux-mêmes. Malgré leur engagement, ils paraissent submergés par ce foisonnement scénique et semblent courir après les enchaînements de séquences qui, tous, se font au chausse-pied, à l’aide de grosses chevilles bien visibles. A l’image du texte de Barbara Métais-Chastanier, elle mériterait d’être drastiquement resserrée et canalisée pour éviter de perdre autant d’énergie en digressions inutiles. A moins qu’il ne faille, pour le bien de tous, tout recommencer de zéro.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

De quoi hier sera fait
Conception Marie Lamachère et Barbara Métais-Chastanier
Mise en scène Marie Lamachère
D’après De quoi hier sera fait de Barbara Métais-Chastanier
Avec Michaël Hallouin, Emilie Hériteau, Jade Maignan, Laurélie Riffault, Mohammed Muzammal Hossain Soheb, Damien Valero, Rami Zaatour
Scénographie Delphine Brouard
Régie générale Thierry Varenne
Création lumières Franck Besson
Création vidéo Antoine Briot 
Création son François Chabrier
Musique Takumi Fukushima
Mixage Serge Monségu
Assistante à la mise en scène Camille Khoury
Stagiaire (enquêtes) Jade Maignan
Tournages additionnels Joséphine Jouannais (Collège Pierre Sémard), Odysseas Ioannou Konstantinou (Athènes), Michaël Hallouin
Photographies Arthur Crestani
Traductions Mohar Boeglin Banerjee
Constructions Christophe Corsini et l’atelier décors du Théâtre des 13 Vents, art&oh, Déambulons
Merci à Denis Barçon pour l’utilisation de son visuel ainsi qu’à Sasha Hallouin, Bernard et Annie Valero, Juliette Sacard pour leur aimable participation.

Production //Interstices
Coproduction Théâtre des 13 vents CDN Montpellier – Ensemble associé 2018-21 ; MC2 : Grenoble ; MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis ; La Commune, CDN d’Aubervilliers ; L’Empreinte, Scène nationale de Brive-Tulle ; Théâtre du Beauvaisis, Scène nationale de l’Oise – Artistes associés 2016-19 ; L’Usine, Centre national des arts de la rue et de l’espace public (Tournefeuille/ Toulouse Métropole) ; L’Atelline lieu d’activation art et espace public (Montpellier)
//Interstices est conventionné par la DRAC Occitanie et la Région Occitanie, elle reçoit le soutien de la Ville de Montpellier.
Barbara Métais-Chastanier a été accueillie en résidence d’écriture par le Festival Textes en l’Air (Saint Antoine l’Abbaye), le CEAD Montréal / La Chartreuse ; Orphéon-Bibliothèque Armand Gatti, (La-Seyne-sur-Mer) ; la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, centre national des écritures du spectacle.

Durée : 2h20

La Commune, CDN d’Aubervilliers
du 30 janvier au 9 février 2020

Théâtre du Beauvaisis, Scène nationale de l’Oise
les 13 et 14 février

L’Empreinte, Scène nationale Brive-Tulle
les 20 et 21 février

MC2 : Grenoble
du 18 au 20 mars

3 février 2020/par Vincent Bouquet
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