En cette année 1831, Bellini est l’étoile montante du bel canto. Au printemps, La Somnambule voit le jour à Milan, bientôt suivie de Norma, créée en fin d’année avec les plus grandes voix du moment, Giuditta Pasta, Giulia Gasi et Domenico Donzelli. L’œuvre surprend lors des premières représentations mais s’impose très vite. Bellini, avec Norma, bouleverse les codes de l’opéra italien selon Rossini et augure de la grande forme romantique à venir. Ici les frontières se font plus souples entre les airs, duos et ensembles offrant ainsi au tissu musical une fluidité où mélodies et intentions dramatiques convergent en de vastes fresques. Bellini, en plus de « révolutionner » la forme traditionnelle, compose des rôles d’une exigeance folle. Ainsi du rôle-titre de Norma, réputé à juste titre pour être l’un des plus difficiles du répertoire de soprano, impose à la fois une parfaite maîtrise technique et de réelles qualités de tragédienne. Son mythique air « Casta diva » est à lui seul une leçon de haut niveau de l’art belcantiste convoquant longueur du souffle, précision, virtuosité des vocalises et pas moins de trois contre-ut !
Une équipe à la hauteur de ces exigences a été conviée pour servir cet ouvrage « hors normes » à bien des égards. En tout premier lieu, la jeune italienne Maria Agresta fait figure de nouvelle diva du chant italien (elle a triomphé récemment dans Les Puritains à l’Opéra de Paris). Son assurance vocale sur toute l’étendue du registre (le rôle de Norma exige autant d’aisance dans l’aigu que dans le grave) et ses qualités scéniques lui ont permis de s’imposer sur de nombreuses scènes internationales ces dernières saisons. Sa compatriote Sonia Ganassi n’a elle plus rien à prouver dans un rôle qu’elle a fait sien depuis longtemps. La mezzo-soprano n’y sacrifie jamais l’émotion à l’écriture vocale qu’elle maîtrise en virtuose accomplie. Quant à l’homme de théâtre Stéphane Braunschweig, gageons que sa pratique des grandes fresques wagnériennes et verdiennes lui donne toutes les clés pour explorer ce drame de l’intime « démesuré ».
Norma
Vincenzo Bellini
Maria Agresta, la plus grande Norma d’aujourd’hui, fait revenir à Paris le chef d’œuvre de Bellini dans une nouvelle mise en scène
Opéra en deux actes (1831)
Livret de Felice Romani, d’après Norma ou l’Infanticide d’Alexandre Soumet
Riccardo Frizza direction
Stéphane Braunschweig mise en scène et décors
Johanne Saunier chorégraphie
Thibault Vancraenenbroeck costumes
Marion Hewlett lumières
Maria Agresta Norma
Sonia Ganassi Adalgise
Marco Berti Pollion
Riccardo Zanellato Orovèse
Sophie Van de Woestyne Clotilde
Marc Larcher Flavius
Orchestre de chambre de Paris
Choeur de Radio France direction Sofi JeannninThéâtre des Champs-Élysées
Du 8 au 20 décembre 2015
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