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Marlene Monteiro Freitas, l’ivresse du Mal

À la une, A voir, Danse, Les critiques, Paris
Peter Hönneman

photo Peter Hönneman

Présentée dans le cadre du festival d’Automne au Centre Pompidou puis au Nouveau Théâtre de Montreuil, la nouvelle création de Marlene Monteiro Freitas, Mal – Embriaguez Divina, se dope à l’énergie folle et à l’ hyper-inventivité mais se dévoile sous une couleur plus sombre et violente que d’habitude pour mieux singer et exorciser le mal inhérent à notre société.

Habituée aux constructions scéniques démesurées, la chorégraphe cap-verdienne avait enchanté avec sa bacchanale dionysiaque irradiante et surchauffée. La solarité de ses Ménades cède désormais la place au crépuscule d’un cauchemar foutraque. En dépit de ce changement radical de tonalité, on retrouve dans Mal ce qui fait le sel de la danse gesticulante et extravagante de Marlene Monteiro Freitas, à savoir un geste absolument outré, grimacier, aux effets parfois exagérément appuyés, qui peut à la fois totalement enthousiasmer et profondément agacer.

Le plateau est bien gardé par une troupe de danseurs-veilleurs en uniformes (tuniques de velours bleu nuit, gants et collants blancs). Ceux-ci rappellent les Evzones, ces jeunes militaires grecs présents devant le palais présidentiel d’Athènes ou bien les Welsh Guards de la reine d’Angleterre dont il imitent et caricaturent les raides enjambées soldatesques dans un ballet endiablé avec drapeau et kalachnikov. Leur roi, cul-de-jatte, porte une couronne de pacotille bien vissée sur la tête et surplombe la cité sur une estrade étagée qui tour à tour va servir de pupitres d’école, d’hémicycle politique, de cour de justice ou encore de table d’opération. Dans ce parlement ou ce tribunal, s’exprime sans mot mais avec force borborygmes et onomatopées, un certain malaise civilisationnel.

Matérialisés par une pestilence qui impose à la fameuse garde de se boucher le nez et d’assourdissants bombardements inexpliqués, le chaos et le déclin menacent. La pièce qui emprunte son titre à l’écrivain Georges Bataille veut se vautrer avec délice et délire dans un mal, qui loin de la boue baudelairienne, de la laideur métaphorique, s’incarne dans l’institution et l’organisation politico-sociales. Mal s’offre alors comme une satire diabolique du pouvoir. L’inépuisable plaisir que Marlene Monteiro Freitas prend à tout mettre sens dessus dessous se voit largement encouragé par l’administration kafkaïenne qu’elle dessine à gros traits.

Tels des pantins mécaniques aux gestes robotiques soudainement mus par des pulsions sauvages et animales, les neuf interprètes, yeux exorbités, visage défigurés, corps toujours en alerte, se font avec autant de précision que de liberté, les artisans d’une poésie ludique et frénétique en charriant une impressionnante quantité de feuilles de papier. D’abord méticuleusement alignées, les pages blanches ne tarderont pas à voler. Pliées, dépliées, découpées, déchirées, malaxées, mâchées, régurgitées, elles subissent de perpétuelles manipulations qui les transforment en accessoires faussement dérisoires exacerbant la folie et la monstruosité humaines.

Tous les tableaux ne sont pas d’inspiration égale et l’impression de fulgurance scénique suscitée au début par la performance se dilue dans une interminable descente aux abymes. Malgré son braillard tapage, le spectacle comporte bien des temps morts mais, à eux seuls, l’atelier papeterie déjà évoqué ou, plus encore, la géniale revisite du Lac des Cygnes au cours de laquelle la bande d’artistes piaffe à la manière de volatiles en tapant des mains comme si elles étaient des ailes affolées est un moment magique de grâce loufoque.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Mal – Embriaguez Divina
Chorégraphie, Marlene Monteiro Freitas
Assistant, Lander Patrick de Andrade
Avec Andreas Merk, Betty Tchomanga, Francisco Rolo, Henri « Cookie » Lesguillier, Hsin-Yi Hsiang, Joãozinho da Costa, Mariana Tembe, Majd Feddah, Miguel Filipe
Lumières et scénographie, Yannick Fouassier
Assistant scénographie, Miguel Figueira
Son, Rui Dâmaso
Recherche, Marlene Monteiro Freitas, João Francisco Figueira
Dramaturgie, Martin Valdés-Stauber
Costumes, Marisa Escaleira
Le Festival d’Automne à Paris est producteur délégué de la tournée francilienne de ce spectacle.
Les Spectacles vivants – Centre Pompidou et le Festival d’Automne à Paris sont coproducteurs de ce spectacle.
Le Festival d’Automne à Paris présente ce spectacle en coréalisation avec Les Spectacles vivants – Centre Pompidou et le Nouveau théâtre de Montreuil, centre dramatique national.
Production P.OR.K (Bruna Antonelli, Sandra Azevedo, Soraia Gonçalves – Lisbonne) ; Münchner Kammerspiele (Munich)
Distribution Key Performance (Stockholm)
Production de la tournée francilienne Festival d’Automne à Paris
Coproduction Biennale de la danse de Lyon 2020 ; Pôle européen de création – Ministère de la Culture/Maison de la Danse en soutien à la Biennale de la danse de Lyon 2020 ; Culturgest – Fundação Caixa Geral de Depósitos (Lisbonne) ; HAU Hebbel am Ufer (Berlin) ; Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) ; International Summerfestival Kampnagel (Hambourg) ; Künstlerhaus Mousonturm (Francfort) ; Les Spectacles vivants – Centre Pompidou (Paris) ; NEXT Festival (Eurometropolis Lille, Courtai, Tournai et Valenciennes) ; Ruhrtriennale (Bochum) ; TANDEM, scène nationale (Douai-Arras) ; Teatro Municipal do Porto (Porto) ; Theater Freiburg (Fribourg) ; Wiener Festwochen ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation Les Spectacles vivants – Centre Pompidou (Paris) ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation Nouveau théâtre de Montreuil, centre dramatique national ; Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien du CML – Câmara Municipal de Lisboa, Dançando com a diferença (Funchal), Fabbrica Europa|PARC – Performing Arts Research Center (Florence), La Gare – Fabrique des arts en mouvement (Le Relecq-Kerhuon), Polo Cultural Gaivotas | Boavista (Lisbonne), Reykjavík Dance Festival (Reykjavík).

Durée : 1h45

Festival d’Automne 2021
Centre Pompidou
3 au 6 Novembre

Nouveau théâtre de Montreuil, centre dramatique national
10 au 13 Novembre 2021

4 novembre 2021/par Christophe Candoni
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