Les Major’s Girls, stars à Montpellier, investissent Le Théâtre de l’Agora pour faire tourbillonner leurs bâtons, mais surtout raconter leur histoire. Orchestré par Mickaël Phelippeau, un pro pour mettre en scène des amateurs, Majorettes, est un gai acte de résistance.
Douze majorettes entrent sur la scène au rythme du furieusement 80’s de Fade to grey du groupe Visage. En justaucorps bleu et petites vestes blanches, elles rappellent l’héroïne de manga Sailor Moon. Elles tracent des figures, investissent toute la largeur de l’Agora de Montpellier, font tourner leur bâton et frappent de concert leurs talons de bottes blanches de cowboy sur le sol. Dans le public, ils et elles sont venus nombreux applaudir la bande montpelliéraine historique, plutôt en décalage avec la programmation habituelle du temple de la danse contemporaine.
Sans surprise, la pièce est signée Mickaël Phelippeau. Depuis une vingtaine d’années, le chorégraphe déploie des portraits, qui mettent en scène de manière confondue professionnels et amateurs (avec une préférence pour la deuxième catégorie), dont il orchestre le dévoilement sur les scènes de théâtre. Kitsch et folklo à souhait, aussi déroutant que touchant, ce Majorettes prouve que les girls menées par la charismatique Josy ont bien leur place à Montpellier danse.
Après avoir déployé leurs danses, qui laissent échapper quelques faux pas et maladresses, les Major’s Girls prennent le micro pour raconter leurs histoires. Sous le vernis pailletté, des destins touchants apparaissent, où se dessine une histoire de filiation. On apprend comment la mère de Josy, la cheffe de brigade au sourire inébranlable, créait le groupe en 1964, parmi ces quinze femmes dont la moyenne d’âge tourne désormais autour de 60 ans. On y croise des mères et filles, des sœurs. Les Major’s Girls de Montpellier font sans aucun doute famille.
Ces paroles, parfois hésitantes, prennent la forme d’une succession de confessions, qui mettent en valeur cette pratique, ni amatrice, ni professionnelle, toutefois colonne vertébrale de la vie de la plupart de ces danseuses. Être majorette, participer à des compétitions, voyager à travers le monde, c’est plus d’un hobby, mais ce n’est pas un travail. Majorettes rend ainsi les catégories pro et amateur obsolètes, nous exhortant à revaloriser des pratiques considérées non-productives. Dans une économie capitaliste où l’activité professionnelle définit la valeur et la place de l’individu, revendiquer cet espace apparaît comme un acte joyeux de résistance. Une dépense des corps “inutile”, qui fait écho à toute pratique de danse.
Fortes du lien sororal qui les tient et les aide à surmonter les épreuves de la vie, génération après génération, elles prennent le plateau vêtues aux couleurs du chorégraphe (jaune et noir), pour réinventer leur pratique. Eclatées dans l’espace, elles reprennent les mêmes gestes, petits pas, tours sur elle-même, pas carré… Manière, pour le chorégraphe, de révéler une nouvelle couche de ces interprètes, à travers son écriture.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Majorettes
Pièce chorégraphique de Mickaël Phelippeau
Avec les Major’s Girls : Laure Agret, Josy Aichardi, Jacky Amer, Isabelle Bartei, Anna Boccadifuoco, Dominique Girard, Myriam Jourdan, Martine Lutran, Gianna Mandallena, Chantal Mouton, Marjorie Rouquet et Myriam Scotto D’apollonia
Regard dramaturgique : Anne Kersting
Collaboration artistique : Marie-Laure Caradec
Lumière : Abigail Fowler
Son : Vanessa Court
Conception costumes : Karelle Durand
Réalisation costumes : Aline Perros
Régie générale : Jerome Masson
Production, diffusion, administration : Fabrik Cassiopée – Manon Crochemore, Mathilde Lalanne et Marie-Laure MengerProduction déléguée : Bi-p
Coproduction : Festival Montpellier Danse 2023, résidence de création à l’Agora, cité internationale de la danse, avec le soutien de la Fondation BNP Paribas, La Filature – Scène nationale de Mulhouse, Les Quinconces et L’Espal – Scène nationale du Mans, La Halle aux grains – Scène nationale de Blois, Format ou la création d’un territoire de danse – Ardèche, Centre national pour la création adaptée – Morlaix, Théâtre Brétigny – scène conventionnée d’intérêt national arts & humanités, CCNT – Centre chorégraphique national de Tours, Le Quartz – Scène nationale de Brest, Carreau du Temple – Etablissement culturel et sportif de la Ville de Paris, TAP – Théâtre auditorium de Poitiers.Avec le soutien du Centre national de la danse – CND Pantin.
bi-p est soutenue par la DRAC Centre-Val de Loire-Ministère de Culture et par la Région Centre-Val de Loire, au titre de compagnie conventionnée, et par l’Institut français pour ses projets à l’étranger.Festival Montpellier Danse 2023
Théâtre de l’Agora
28 et 29 juin 2023
à 22h
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