Sur décision de la Préfecture de Seine Saint-Denis, les forces de l’ordre ont procédé à l’expulsion du collectif artistique de ses locaux de Saint-Ouen où il était installé depuis 2001.
C’est par un communiqué relayé sur son compte Facebook que Mains d’Oeuvres a donné l’alerte : « Aujourd’hui, ce 8 octobre 2019, William Delannoy, maire de Saint-Ouen, après de nombreuses années de menaces et de contre-vérités à notre encontre, est passé aux actes : ce matin, Mains d’Oeuvres fait l’objet d’une expulsion et doit quitter son bâtiment historique. » Avant de poursuivre : « Plus de 20 années au service de la diffusion de la culture pour toutes et pour tous sont balayées d’un revers de main par un élu qui laisse sur le carreau des centaines d’artistes en résidence soutenus par les collectivités locales et l’Etat, 70 salariés dont il se soucie peu du devenir, des milliers d’audoniennes et d’audoniens usagers quotidiens de Mains d’Oeuvres et de ses activités. Après avoir refusé la médiation juridique initialement proposée, alors qu’un jugement en appel doit intervenir le 3 décembre 2019, la réponse du maire à notre volonté de dialogue est inadmissible. »
De son côté, la mairie de Saint-Ouen, qui souhaite récupérer ces locaux pour y installer le futur conservatoire municipal, a répliqué par un communiqué publié sur son compte Twitter. Pour justifier cette expulsion, elle pointe « les 237 000 euros d’impayés de loyer à la ville » que l’association « déjà placée en redressement judiciaire cumulait en 2015 ». Toujours selon la municipalité, alors que Main d’Oeuvres se serait engagée à quitter les lieux au 31 décembre 2017 en vertu d’un accord transactionnel signé entre les deux parties, elle aurait continué « à exploiter en toute illégalité les locaux appartenant à la ville allant même jusqu’à lancer les inscriptions pour la saison 2017/2018 sans jamais verser de loyer à la commune pourtant propriétaire du bâtiment ».
Saisi par la municipalité, le tribunal de grande instance de Bobigny a ordonné, le 2 juillet dernier, l’expulsion de Main d’Oeuvres de ses locaux du 1 rue Charles Garnier qu’elle occupait depuis 2001. « À défaut de leur départ spontané, l’huissier instrumentaire a requis et obtenu le concours de la force publique le 24 septembre 2019. L’expulsion a eu lieu ce jour et s’est effectuée sans incident », assure la Préfecture de Seine Saint-Denis dans un communiqué où elle précise que « les occupants ont la possibilité de récupérer l’ensemble de leurs biens qui seront maintenus sur le site pendant un délai d’un mois ». Une version qui n’est pas tout à fait celle de l’association. Sur son compte Facebook, elle dénonce « la violence de cette expulsion » et appelle à « la mobilisation de toutes et tous ceux qui se sentent investis dans notre société pour l’accès égal à toutes et tous à la culture ». Une manifestation est prévue, ce jour, à 18h30 entre les locaux de Mains d’Oeuvres et la mairie de Saint-Ouen.
Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr
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