Avec L’oeil nu, Maud Blandel tisse des liens entre phénomènes astrophysiques et deuil familial. À travers un ensemble hypnotique éprouvant, la chorégraphe dévoile son écriture subtile.
Jeune chorégraphe basée à Lausanne, Maud Blandel monte des pièces conçues en lien étroit avec la musique, qui jouent avec les structures pour mieux organiser leur délitement. Avec L’oeil nu, donné au Festival d’Avignon, il est question de dégradation, d’explosion. Et à travers une danse répétitive qui paraît calquer des phénomènes physiques, elle tisse des liens invisibles entre ses souvenirs et les étoiles.
Un lecteur de bande audio est posé en évidence, sur le côté, dans un espace tri-frontal à ciel ouvert, au coeur de la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon. Alors qu’une partie de pétanque se joue, on entend un extrait des Looney Tunes où Bugs Bunny et Daffy Duck font face au chasseur qui scande « Shoot him now », (« Tire lui dessus »). Sur cette note aussi enfantine que violente, les danseuses et danseurs se lancent dans un ensemble hypnotique. Ils tracent des cercles concentriques, avec un pas rapide, prenant l’un après l’autre la place centrale.
La phrase « Shoot him now » est répétée inlassablement, intégrée à une bande son percutante. Elle scande les trajectoires des interprètes, les stoppe, les active aussi. Éprouvant, ce ballet physique, sorte de danse des atomes, n’est toutefois pas totalement froid. Il est porté par le regard des interprètes, déterminés, emprunt d’intensité, voire de défi, qu’ils se lancent entre eux, comme pour se soutenir dans cette course acharnée. Une touche d’humanité dans cet ensemble proche du mécanique.
Sur un écran, on lit une histoire cosmique, celle de la dégénérescence des étoiles, de l’explosion de leur cœur, mais aussi personnelle : celle du père de Maud Blandel, qui s’est tiré une balle en plein cœur. Au fil des gestes scandés avec intensité, des mailles invisibles se tissent entre ces histoires, connectées sur différentes échelles de manière métaphysique. Après cette saturation des sens, les corps se calment, la musique devient lumineuse, comme si tous les éléments de la pièce se déposaient et prenaient sens dans un apaisement salvateur : souvenirs d’enfance, poème de T.S. Eliot, choc des atomes… À travers subtilités et liens invisibles se construit alors, progressivement, l’écriture de Maud Blandel.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
L’œil nu
Mise en scène et chorégraphie Maud Blandel
Avec Karine Dahouindji, Maya Masse, Tilouna Morel, Ana Teresa Pereira, Romane Peytavin, Simon Ramseier
Son Maud Blandel, Denis Rollet, Flavio Virzì
Lumière Florian Bach, Daniel Demont
Costumes Marie Bajenova
Regard extérieur Anna-Marija Adomaityte
Assistanat création lumière Edouard Hügli
Mixage et diffusion sonore Denis RolletProduction I L K A, Parallèle Pratiques artistiques émergentes internationales (Marseille)
Coproduction Arsenic Centre d’art scénique contemporain (Lausanne), Pavillon ADC Association pour la danse contemporaine (Genève), La Bâtie Festival de Genève, Centre chorégraphique national de Caen en Normandie, Centre national de danse contemporaine d’Angers
Avec le soutien de Canton de Vaud, Ville de Lausanne, Loterie Romande, Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture, Fondation Ernst Göhner, Pour-cent culturel Migros
Coréalisation Festival d’Avignon, La Chartreuse-CNES de Villeneuve lez Avignon
Dans le cadre de SCH – Sélection suisse en Avignon
La compagnie I L K A bénéficie d’un contrat de confiance avec la Ville de Lausanne (2021-2024)Durée : 1h
8 et 9 octobre 2024
dans le cadre du FAB – Festival International des Arts de Bordeaux Métropole, du 28 septembre au 13 octobre 2024 À La Manufacture CDCN • Bordeauxdu 23 au 30 novembre 2024
Théâtre Public de Montreuil — CDN, dans le cadre du Festival d’Automne et avec le Centre culturel suisse. On tour12 et décembre 2024
Usine à Gaz, Nyon
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