Le « Te Deum » de Marc-Antoine Charpentier ouvre naturellement « 1973 », la création du suisse Massimo Furlan, véritable ode à l’Eurovision, le célèbre concours de la chanson. La mire laisse ensuite la place au générique de la soirée du 7 avril 1973 au Théâtre Municipal à Luxembourg. Helga Luton, l’animatrice de RTL, vient présenter en trois langues la soirée, avant de laisser la place à la voix off française. Et cette année là, c’est Pierre Tchernia qui officiait au micro pour nous gratifier de moments que l’on trouve cocasses aujourd’hui. En proposant de revoir ces images d’archives, Massimo Furlan plonge le spectateur trente sept ans en arrière. Nostalgie de ces grandes soirées familiales pour lesquelles les enfants avaient le droit de veiller un peu plus tard que d’habitude.
Sur scène deux compositions florales, copies conformes des originales, encadrent l’espace. La première chanteuse à se présenter s’appelle Marion Rung pour la Finlande pour interpréter « Tom, tom, tom ». Pierre Tchernia ne manquant pas au passage d’indiquer de sa « ceinture lui entoure inutilement la silhouette ». Les candidats vont s’enchainer : Fernando Tordo pour le Portugal, Anne-Marie David (une arlésienne) pour le Luxembourg, Patrick Juvet pour la Suisse, le groupe Mercedes pour l’Espagne. Massimo Furlan, concentré, réinterprète chaque chanson, les costumes ayant été soigneusement reconstitués par Cécile Delanoë.
Et puis d’un coup le spectacle bascule. Les chanteurs vénérés par Massimo lorsqu’il était enfant deviennent des philosophes post-modern. Sven l’un des chanteurs du groupe suédois « The nova » parle de Diogène. Cliff Richard, la star anglaise, discourt sur la différence entre une icône et une idole. Au milieu de tout cela, Massimo, l’air absent à chaque intervention, perd doucement ses illusions d’enfant. Alors Massimo Furlan fait monter sur scène son père fictif. Il s’agit de l’ethnologue Marc Augé qui vient parler de la notion de rituel. Arrive enfin la dernière chanson du concours, la chanson italienne interprétée par Massimo Ranieri. Et l’on imagine alors le petit Massimo Furlan dans sa chambre chanter à tue-tête «Chi sara’ con te », et pleurer sur le triste sort de ce chanteur arrivé en 13ème position. Massimo Furlan signe avec « 1973 » un spectacle sensible et humain.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
1973
mise en scène Massimo Furlan
dramaturgie Claire de Ribaupierre
scénographie Antoine Friderici, Massimo Furlan
préparation musicale Daniel Perrin
lumière Antoine Friderici
son Stéphane Vecchione, Philippe de Rham
costumes Cécile Delanoë
maquillage Julie Monot
avec Marc Augé, Anne Delahaye, Massimo Furlan, Bastien Gallet, Thomas Hempler, Serge Margel, Stéphane Vecchione
production Numero23Prod
coproduction Festival d’Avignon, Arsenic Lausanne, Gessnerallee Zurich, La Bâtie Festival de Genève, Kaserne Bâle, Théâtre de la Cité internationale Paris, Grand Théâtre de Luxembourg avec le soutien de la Ville de Lausanne, de l’État de Vaud, de la Loterie Romande, de Pro Helvetia-Fondation suisse pour la Culture, de la Banque cantonale Vaudoise, du Pour-cent culturel Migros, de Corodis, de Ernst Göhner Stiftung, de la Fondation Artephila, de la Fondation Stanley Thomas Johnson, de la Fondation Leenaards et de la Mediathek Tanz
10 novembre 2010 | Hippodrome | Douai, France
2, 3, 4, 6, 7 décembre 2010 | Théâtre de la Cité Internationale | Paris, France
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