Nous venons de vivre des semaines éprouvantes, marquées par des conflits sociaux, des grèves, des annulations de festivals, etc. Nous avons exprimé à maintes reprises notre solidarité avec les intermittents du spectacle, nous avons appelé les responsables politiques et les partenaires sociaux à entendre leurs voix, à rouvrir des négociations sur le régime des intermittents, à supprimer le différé qui selon l’accord du 22 mars toucherait durement nombre d’entre eux.
Jeudi dernier, le Premier Ministre a fait une longue déclaration sur le sujet. Il est rarissime qu’un chef de gouvernement s’exprime devant la Nation de manière aussi engagée et aussi détaillée sur la place des arts et de la culture dans notre société. Nous en retenons trois choses essentielles :
1. L’annonce d’une prochaine refonte et stabilisation du régime des intermittents et
l’accompagnement de la concertation confié à un comité de sages
2. L’annulation des effets du différé qui constituait le problème majeur de la renégociation des annexes 8 et 10
3. Le maintien des crédits pour la création culturelle jusqu’en 2017, et ce malgré les économies à réaliser dans les dépenses publiques.
Les premières réactions des intermittents et de leur organisations ont été mitigées voire hostiles. Dans le climat émotionnel que l’on a connu ces derniers temps, pouvait-il en être autrement ?
Nous comprenons les frustrations qui se sont accumulées au fil des mois et des années et nous restons aux côtés des intermittents. Nous sommes convaincus que tous, artistes et techniciens, travailleurs et responsables culturels, ne devrions pas manquer l’occasion qui nous est offerte. C’est une première victoire, et pas la moindre, de pouvoir enfin participer à la concertation sur les conditions d’une refonte et d’une stabilisation du régime des intermittents.
Nous sommes favorables à cette réflexion sur l’avenir de la culture et la promotion de l’emploi culturel, quand le gouvernement sanctuarise les crédits pour la création pour les trois prochaines années.
Les solutions ne seront sans doute pas faciles à dégager immédiatement, mais nous pensons que cette ouverture est la seule voie pour progresser, et améliorer le statut d’un secteur qui, au-delà de sa vocation vitale, peut aussi représenter un gisement d’emplois non négligeable et non délocalisable à l’avenir.
Bernard Foccroulle, Directeur du Festival d’Aix-en-Provence
François Hébel, Directeur des Rencontres de la Photographie, Arles
Olivier Py, Directeur du Festival d’Avignon
« C’est une première victoire, et pas la moindre, de pouvoir enfin participer à la concertation sur les conditions d’une refonte et d’une stabilisation du régime des intermittents. »
Il me semble qu’il y a des partenaires sociaux qui représentent les intermittents, comme la CGT spectacle: que faire lorsque des accords sont signés sans ces représentants ?
Quand à la concertation, elle existe depuis belle lurette, elle est simplement ignorée par le gouvernement, le medef etc… la concertation est menée par exemple par la CIP-IDF etc etc.
J’ai du mal à comprendre où se situe la victoire ?
La victoire, c’est l’annulation des accords de mars et qu’on applique les propositions de tous les collectifs, politicards, syndicats qui oeuvrent depuis 2003 pour proposer un système moins couteux et plus juste, sans subir les farces du MEFEF/CFDT/FO et les retournements de vestes du gouvernements.
comment avoir confiance ?
Un président qui a tellement retourné sa veste par rapport à son discours enflammé pour la culture au Bis de Nantes, sa promesse de sanctuariser le budget de la culture, sa priorité donnée à l’éducation artistique… On aurait pu rêver…, c’est fini !
des actes concrets tout de suite, pas à l’automne où ils auront tout oublié et auront réussi à « sauver » les grands festivals, pour l’image culturelle de la France et les économies locales …
A Bleton : il est bien dommage que les engagements du gouvernement n’aient pas été tenus. C’est même assez grave.
A Pierro : vous vous trompez. C’est la première fois qu’une concertation a lieu en s’appuyant sur les propositions de l’ensemble des acteurs et partenaires !
Il serait complètement absurde et malveillant de vouloir imposer les revendications et les idées des CIP : nous reprochons depuis des semaines à certaines organisations d’avoir négocié sans nous, et maintenant, nous voudrions imposer toutes nos idées et négocier sans elles ? C’est à n’y rien comprendre !
Quant à la cgt-spectacle, elle n’est pas majoritaire, dans le sens où la plupart des intermittents ne sont pas non plus syndiqués chez eux.
Elle essaye juste d’instrumentaliser le débat et de faire passer ses idées sans négociation. Exactement l’inverse de l’idée de ce que la plupart des intermittents prônent !
La victoire vient du fait que nous allons enfin pouvoir trouver les vrais compromis, avec l’ensemble des propositions sur la table.
– Franchement comment peut on faire confiance au gouvernement pour une large reforme? Quelles garanties? Il agrée l’accord du 22 mars pour éviter de se fâcher avec le Medef et les syndicats signataires, pourquoi le ferait il plus tard à l’issue de la concertation promise ?
– À Eric: Il ne s’agit pas des uniquement les idées de la CIP, mais les idées d’une concertation très large, regroupant des députés de tous bords politique, des chercheurs, des économistes, des sociologues, d’un syndicat des directeurs de théâtre qu’on peut difficilement faire passer pour des bolcheviks
– L’idée que l’état prenne en charge le coût du différé d’indemnisation, c’est pas ce qu’on demande, on est pas des mendiants ! C’est la meilleure façon de nous faire sortir de l’Unedic et donc de la solidarité inter-professionnelle, une caisse particulière, ce dont rêve le Medef depuis 20 ans.
– Je ne suis pas syndiqué (c’est peut être un tord), mais la CGT spectacle a toujours été présente à nos côtés en 2003 et encore aujourd’hui, les camarades syndiqués sont de vrais compagnons de lutte et nous partageons souvent les mêmes conclusions. Et inutile d’écrire que nous sommes récupérés, il n’en est rien, que nenni.
– Il n’y a pas de victoire, qu’on se le dise. La victoire c’est le non agrément et après on se met autour de la table. Ce qu’on nous propose c’est un chèque en blanc.
– Pour finir, les intérimaires et les autres chômeurs ont été oubliés dans l’histoire, et l’enjeu de cette lutte c’est bien la précarité, c’est de sortir de notre petit problème corporatiste et ça, ça fait flipper les politiques et le Medef, sinon pourquoi Valls se serait précipité pour faire son annonce, alors que nous commencions une convergence des luttes avec les cheminots, les postiers, les enseignants, les employés de pôle emploi, les sages femmes?
Le blocage de l’outil de production de tout temps est le seul levier des ouvriers, des employés, j’ai beau chercher mais je ne voit que ça.
Et quand le gouvernement va changer??? Qui comblera le déficit???
Sarko? Le Pen?
1) remise à plat du système: je ne sais pas ce que cela veut dire. Supprimer mes annexes 8&10 c’est aussi remettre à plat…
2) annulation temporaire du différé: en 2003 le fond a duré 2ans. Et quelle est la logique d’agréer un accord d’une main pour le détricoter de l’autre? De plus, l’assurance chomage ne doit pas être compensée par l’impôt mais équilibrer par une répartition plus juste des cotisations.
3) sauvegarde de la ligne Création sur un budget en baisse: on va déshabiller Pierre (la diffusion, le patrimoine, l’éducation artistique…) pour habiller Paul.