La Cour des Comptes sort aujourd’hui un rapport sur la gestion de 4 des 5 théâtres nationaux: La Comédie-Française, l’Odéon , la Colline et le Théâtre national de Strasbourg. Elle a exclu de son rapport Chaillot dont l’activité est désormais tournée essentiellement vers la danse.
La Cour des Comptes ne pointe aucune malversation dans cette étude qui couvre 9 saisons théâtrales (entre 2006 et 2014). Mais elle s’inquiète des dépenses en augmentation et des déficitaires croissants.
L’absence d’orientations claires et d’objectifs précis est d’autant plus problématique que l’économie de ces établissements est fragile : malgré des taux de fréquentation élevés, les charges de structure sont en augmentation constante (+ 16 % entre 2006 et 2014) et l’activité très majoritairement déficitaire.
Elle tape surtout sur le Ministère de la Culture qu’elle trouve trop peu présent dans la gestion des théâtres. En gros elle lui reproche de distribuer beaucoup d’argent, plus de 458 millions d’Euros de subvention sur cette période (soit 71 % du total des ressources pour un montant de charges s’élevant à 677,15 M€), et ensuite de ne plus exercer de contrôle.
Les quatre théâtres nationaux reçoivent à eux seuls un montant de subventions sensiblement égal (53,8 M€) à ce que l’État verse à la totalité des 39 CDN/R et représentant près de la moitié (46 %) de ce qu’il alloue à l’ensemble des 110 scènes décentralisées.
Elle suggère au Ministère d’entrer au Conseil d’Administration de la Comédie-Française et qu’il fasse signer des lettres de missions à chaque directeur nommé. Elle pointe aussi les défaillances dans la gestion des nominations et rappelle les conditions chaotiques du départ de Julie Brochen de Strasbourg en 2013. Elle égratigne aussi les conditions de sortie des directeurs et demande une clarification et un peu plus de transparence sur les émoluments des directeurs dans l’exercice de leur fonction.
En matière artistique, le caractère peu explicite des modalités d’attribution aux directeurs de l’indemnité forfaitaire pour travaux de mise en scène (33 000 € annuels), couplé à l’absence de véritable contrôle sur la réalité du service fait, a pu conduire à des versements contestables.
Elle tire la sonnette d’alarme sur tout nouveau projet à Berthier et demande la réalisation d’une étude sur les investissements nécessaires, le coût d’exploitation et la mutualisation des équipements entre la Comédie- Française et l’Odéon.
Entre 2006 et 2014, les quatre théâtres nationaux ont créé 612 spectacles pour 13197 représentations. C’est trop peu estime la Cour. 22 représentations en moyenne par spectacle. Les recettes de billetterie ne couvrent jamais les dépenses.
Seuls sept spectacles se sont autofinancés. Elle propose donc d’accroître la diffusion en augmentant le nombre de représentations et les tournées en région (seuls l’Odéon et la Comédie-Française sont en mesure de tirer profit de leurs tournées pour amortir leurs productions), de réduire le nombre de places gratuites (75 000 en 2014), et de refonder la politique tarifaire. Des places plus chères, pas sur que cela fasse venir plus de monde dans les théâtres !
La Cour des comptes lance aussi comme piste de travail la mutualisation de certaines fonctions comme la production (création de décors) ou dans l’administration. Et demande aux directions de renégocier les conventions collectives.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !