C’est la consécration en France pour Fabrice Murgia, il passe d’un statut d’artiste underground à celui de metteur en scène reconnu. Notre peur de n’être explore son thème favori de la solitude, sa mise en scène cinématographie est toujours aussi léchée, mais l’émotion se dilue un peu dans son dispositif.
Quel parcours éclair pour Fabrice Murgia. Lauréat du Festival Impatience en 2010, il fait un tabac dans le Off en 2011 à la Manufacture et le voici programmé au Festival d’Avignon. Un parcours mérité pour un metteur en scène surdoué. Son procédé narratif utilise la vidéo comme élément poétique. Il sait raconter de belles histoires touchantes sur des personnages en proie au doute avec notre époque. « Notre peur de n’être » est dans la même veine que « Le chagrin des ogres« ou « Life-reset« . Fabrice Murgia étoffe son théâtre avec plus de personnages.
Dans « Notre peur de n’être » on suit des personnages reclus dans leur solitude. Nick Cave fait pleurer un homme d’âge mûr qui ne cesse de poser des questions à son téléphone portable. Un jeune adulte vit cloîtré dans sa chambre d’enfant ou dans ses toilettes tandis sa mère hystérique ne comprend pas sa faillite. Et puis il y a le personnage touchant de Sarah (excellente Clara Bonnet qui sort de l’école de la Comédie de Saint-Etienne) qui apprend qu’elle est mortelle le jour où on lui propose de souscrire une assurance vie. On partage leurs moments de vie comme autant de petites scènes sur une grande peinture. La mise en scène de Fabrice Murgia dans sa première partie est très picturale. Les comédiens évoluent derrière un voile sombre qui donnent une tonalité clair-obscure à la Georges de La Tour. La magnifique ambiance sonore de Maxime Glaude renforce l’angoisse sur le plateau. Nous sommes pratiquement au cinéma.
Dans la deuxième partie, le rideau s’ouvre et le processus de narration diffère car les personnages éprouvent le besoin de communiquer entre eux. Mais les moments d’émotions deviennent alors un peu moins convaincants. On a assez peu été touché par le discours de la mère qui s’adresse à son fils qui la filme. Mais les images restent cependant très léchées. La dernière scène nous plonge dans une forêt imaginaire, Sarah s’engouffre dans son tombeau tandis que sa robe rouge s’élève dans les cintres. Ce spectacle est certainement celui de la maturité pour Fabrice Murgia, ceux qui le suivent depuis longtemps comme c’est notre cas auront repérés des petits défauts qui devraient s’estomper avec la longue tournée qui se profile après Avignon. Ceux qui ne le connaissent pas vont tomber sous le charme de ce théâtre innovant et poétique.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Notre peur de naître
Texte et mise en scène Fabrice Murgia
Collaboration à la dramaturgie Vincent Hennebicq
Conseil artistique Jacques Delcuvellerie
En collaboration avec Michel Serres
Scénographie Vincent Lemaire
Lumière Marc Lhommel
Vidéo Jean-François Ravagnan et Giacinto Caponio
Musique Maxime Glaude
Assistanat à la mise en scène Vladimir Steyaert
Avec Clara Bonnet, Nicolas Buysse, Anthony Foladore, Cécile Maidon, Magali Pinglaut, Ariane RousseauProduction Cie Artara, Théâtre National (Bruxelles)
Coproduction L’Air Libre (Rennes), Comédie de Caen Centre dramatique national de Normandie, Comédie de Saint-Étienne Centre dramatique national, Comédie de Valence Centre dramatique national Drôme Ardèche, Le Groupov (Liège), Maison de la Culture de Tournai / NEXT Festival, Le manège.mons, Théâtre de Grasse, Théâtre de Liège, Théâtre de Namur, Théâtre des Bergeries (Noisy-le-Sec), Théâtre Dijon-Bourgogne, Le Carré Sainte-Maxime
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Wallonie-Bruxelles International, Centre Wallonie Bruxelles / Paris, DIESE # Rhône-Alpes, Eubelius, Fondation BNP ParibasDurée: 1h20
Gymnase du Lycée Aubanel
21 22 23 24
26 27 JUIL
À 20H
Le Théâtre National-Bruxelles : du 7 au 16 octobre
La Comédie de Saint-Etienne CDN : du 4 au 7 novembre
La Maison de la Culture de Tournai / Festival NEXT : 20 et 21 novembre
Le manège.mons : du 25 au 27 novembre
La Comédie de Valence CDN Drôme Ardèche : du 2 au 4 décembre
La Comédie de Caen CDN de Normandie : 10 et 11 décembre2015
Le Théâtre Dijon-Bourgogne : du 13 au 17 janvier
Le Théâtre des Bergeries / Noisy-le-Sec : 20 janvier
L’Aire Libre / St Jacques de la Lande : 23 et 24 janvier
Le Théâtre de Liège : du 27 au 29 janvier
Le Théâtre de Grasse : 5 et 6 février
L’Ancre et PBA / Charleroi : 10 février
Le Carré Sainte-Maxime : 21 février
Toneelhuis / Anvers : 26 février
Le Théâtre de Namur : du 3 au 5 mars
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