La 28e édition du Festival de Marseille s’est ouverte ce week-end en mettant les marseillais au coeur des spectacles, avec la démbulation d’Aina Alegre, Parades & Déobeissances, à la Citadelle, et BACH Nord de Marina Gomes au Théâtre de la Sucrière.
Dans un monde rongé par la défiance, dans une ville où des jeunes meurent régulièrement victimes du narcotrafic, le Festival de Marseille s’est ouvert ce week-end avec des créations pleines d’énergie et ouvertes sur le monde pour dire aux jeunes « qu’on peut rêver ». Le festival qui rassemble 34 propositions artistiques, dont 9 créations, se déroule cette année dans une quinzaine de lieux et les artistes vont donner à voir et entendre les aspirations de la jeunesse de Rio de Janeiro, Kampala, Amiens et celle de Marseille jusqu’au 9 juillet.
Marie Didier, la nouvelle directrice du festival a fait ouvrir en avant première La Citadelle, lieu emblématique de la ville, en travaux. Il a servi de décor à Parades & Déobeissances, un spectacle déambulation orchestré par Aina Alegre, la co-directrice du Centre Chorégraphique de Grenoble, qui a fait danser 100 marseillais de 17 à 80 ans. « C’était vibrant, puissant, collectif et bienveillant, vraiment très, très fort » exprime Sabrina, embarquée dans l’aventure par un ami. « On a été portés par le projet, par la bonne humeur, ça vaut toutes les antidépresseurs de la terre ! » surenchérit Danielle. Aina Alegre a travaillé plusieurs mois avec ces marseillais, guidés par des danseurs-passeurs professionnels. « J’avais envie de ramener la chair dans ce lieu de pierres » explique la chorégraphe. « Son histoire est lourde. C’est un lieu qui entre la mer et la ville et qui, à un moment donné, a voulu contrôler la ville et pour moi, venir avec un acte chorégraphique est une façon de célebrer ce lieu, de le rendre aux marseillais. »
Mettre les marseillais au coeur de leur festival, c’est la volonté de Marie Didier : « La ville de Marseille est bourrée de talents. Je souhaite donner des espaces d’expression à tout monde. Ce n’est parce qu’on est né quelque part et qu’on grandit quelque part qu’on doit à vie en payer la facture, il y aussi de la créativité, y compris dans les quartiers Nord » explique la nouvelle directrice du festival.
C’est qu’elle a fait aussi en produisant le nouveau spectacle de Marina Gomes, Bach Nord, un contre pied au film de Cédric Jimenez, Bac Nord. Passionnée de culture urbaine depuis l’enfance, c’est au sein du quartier du Mirail, à Toulouse, que Marina fait ses premières armes au sein du mouvement Hip hop. Sa compagnie Hylel est désormais installée à Marseille. Avec Bach Nord, elle, souhaite « déconstruire les clichés » sans occulter la violence. « Le drame, il est là, il nous impacte tous les jours.Cela aurait été malhonnête de présenter un tableau idyllique des quartiers Nord. En ce moment, on souffre beaucoup, c’est dur, mais malgré ça, il y a de la force. Il y a de la créativité. Et le mouvement Hip-Hop de manière globale, pour moi, est vraiment le meilleur témoin. C’est une culture qui se renouvelle sans cesse » poursuit la choéragraphe.
La jeunesse de Marseille sera aussi présente le week-end prochain ans Haircut by Children (24 et 25 juin). Le collectif canadien Mammalian Diving Reflex a invité les enfants de l’école Vincent-Leblanc à prendre possession d’un salon de coiffure, « Kenze », près du Vieux-Port: ils géreront accueil, coupe et couleurs, un message pour que les adultes fassent davantage confiance à la créativité des jeunes.
La chorégraphe brésilienne Alice Ripoll, passionnée par le « passinho », un style de danse né dans les favelas de Rio, plongera les spectateurs dans une zone franche, Zona Franca (7 et 8 juillet), où les danseurs expriment les espoirs des jeunes déshérités du Brésil après la transition entre les présidents Bolsonaro et Lula.
Dans la nouvelle création du chorégraphe français Eric Mihn Cuong Castaing, Waka (22 et 23 juin), c’est une « jeune pousse » de la pop ougandaise, Racheal M., qui viendra raconter le quotidien des Waka Starz, un groupe d’adolescents musiciens et engagés d’un quartier défavorisé de Kampala dont les clips atteignent des centaines de milliers de vues sur YouTube ou TikToK.
Et avant le festival d’Avignon, la chorégraphe Bintou Dembélé présentera G.R.O.O.VE à la Friche Belle de Mai (28 et 29 juin).
Pour être accessible au plus grand nombre, le Festival de Marseille applique un tarif très bas pour les billets (10 euros) et offre des réductions de 5 euros aux étudiants et moins de 12 ans. Des places à un euro sont aussi disponibles – dans une ville où le taux de pauvreté dépasse les 50% dans certains quartiers – et un millier de jeunes seront accompagnés pour « se familiariser avec le spectacle vivant » lors du festival.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !