En 1971, la guerre d’indépendance fait rage en Angola, alors colonie portugaise. António Lobo Antunes a 28 ans. Il vient de finir ses études de médecine et est envoyé en Afrique par l’armée portugaise. Son premier roman – Le Cul de Judas – et tellement de ses livres ensuite, porteront la trace de cette expérience traumatique. On pourrait même dire que c’est à cause de cette guerre que les livres de Lobo Antunes ressemblent à ce qu’ils sont : de grands livres épiques sur une défaite annoncée. Il y a quelques années, il a publié les lettres qu’il écrivit à sa femme pendant le conflit. Il prétend qu’il n’avait jamais pensé les voir publiées, mais il n’est pas sûr que ce soit vrai car on sent que, dans ces lettres, l’apprenti écrivain mettait tout son cœur. Au reste, elles sont magnifiques. On y découvre un homme au
moins triple, à la fois un amoureux de loin redisant son amour comme une façon de tenir dans le chaos ; un médecin militaire qui veut devenir écrivain et qui raconte le quotidien d’une guerre qui ne ressemble pas aux guerres classiques ; un jeune écrivain qui s’essaye un peu à tout – poèmes, descriptions de paysages, portraits de combattants, grandes déclarations lyriques – pour voir ce qui lui réussit le mieux. Ce sont ces lettres que Lazare Boghossian et Aurélia Petit ont décidé de donner à entendre.
Le dispositif est très simple : une femme est assise dans un coin et lit. On dirait presque qu’elle vient de recevoir ces pages qui se déversent comme des mots d’amour : « 27.2.71 Mon beau trésor chéri, 1.3.71 Mon amour, 8.3.71 Mon unique et beau tré
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