Loin des clichés et au-delà des étiquettes, la marionnette déploie une richesse infinie de formes, s’appuyant sur des histoires et des techniques souvent ancestrales mais qui demandent de s’actualiser, de se renouveler pour nous surprendre. Par sa spécificité, la marionnette, joue avec la représentation des corps, devient moteur de leur mise en image.
La marionnette cultive sa capacité de transformations fulgurantes, son aspect mouvant, réduit ou dilaté, grotesque et dérisoire. Ces corps non identifiés aux identités troubles nous questionnent. La marionnette possède cet immense avantage d’être le miroir de nos existences charnelles et de nous inviter par l’art de la concision à faire une autre expérience du monde. Edito de Renaud Herbin – Directeur du TJP Strasbourg / CDN d’Alsace
Cette 23e édition des Giboulées de la Marionnette est résolument tournée vers la création et la multidisciplinarité. Mise en lumière, en musique, en image, la marionnette est un art ancestral loin d’être désuet qui dialogue sans cesse avec les autres courants artistiques et résonne de la richesse de ces rencontres.
Le festival est le reflet de cette évolution. Ici le monde virtuel se juxtapose habilement à celui de la manipulation grâce à des techniques numériques mêlant vidéos, sons et images.
C’est le cas de Plug, mise en scène Paulo Duarte qui propose une « situation virtuelle d’errance » à travers un personnage « branché » dans un univers liant arts plastiques et numériques. Savanna, d’Amit Drori, interroge quant à lui le rapport robot/marionnette, accompagné d’objets, sons, vidéos créant ainsi une progression délicate et innovante dans notre imaginaire.
L’originalité de cette édition réside dans ces petites formes à l’humour décalé, ce show case de musique électronique, ces projections éclectiques …
Ce sont aussi trois parcours, trois lieux pour trois univers : Un parcours Kafka au TJP, Un parcours LàOù au Musée d’Art Moderne et Contemporain ou encore les tragédies grecques Antigone et OEdipe, revisitées par « Les Anges au plafond » au Mailllon Wacken.
A travers leurs marionnettes, les manipulateurs font passer un message qui nous est directement adressé. Toujours révélateur parfois même accusateur, il n’en est pas moins poétique et empreint de tendresse. Spectacle initiatique pour les uns, quête d’enfance pour les autres, la marionnette évoque la quintessence de la vie sous des formes imaginaires multiples.
A travers elle, on se questionne soi-même et on s’interroge sur les limites qui nous font avancer ou reculer. L’Envol de la compagnie des Imaginoires ou La Loba, gardienne des mémoires du Théâtre de Nuit évoqueront ces destins singuliers, ces quêtes.
De nombreuses créations de ce festival ont recours aux souvenirs et à la nostalgie mais le tout avec tendresse et humour. C’est le cas dans Seule la mer, histoire d’un écrivain raté qui retrace son histoire, de La maison de mon grand-père, qui s’éteint pour mieux revivre, d’ Une veillée singulière, ou une malle emblématique sera une formidable machine à remonter le temps.
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