Comme chaque été, Bassov et sa femme Barbara retrouvent leur datcha et leurs amis. Sont présents Carélie, sa soeur, son jeune beau-frère, son secrétaire, l’ingénieur Souslov, sa femme Youlia, le médecin Doudakov, Olga sa femme, le propriétaire Rioumine. Arrivent également l’étudiant Zimine, l’oncle Deuxpoints, et Sonia. Les vacances paisibles sont troublées par l’arrivée de l’écrivain Chalimov qui entre en conflit avec le médecin Maria Ivovna. Ce petit monde douillettement embourgeoisé en sera bouleversé. Entre confidences et coups de griffe apparaissent les idéaux reniés, les amours muettes, les lâchetés, les abandons, les déceptions. Poustobafoka, le veilleur de nuit, Kropilkine, le gardien, regardent vivre les estivants… « D’un monde qui se regarde mourir à un monde qui se voit naître. Un monde ancien qui dégénère, un monde nouveau non encore parvenu à voir le jour, où, dans le clair-obscur, peuvent surgir les pires monstres comme les plus belles chimères.L’écriture de Gorki ne nous met pas en suspens par rapport au dénouement de la fiction, elle nous oblige au contraire à nous intéresser au déroulement des actions. Au présent de l’acte. Passé et futur viennent de surcroît. Ainsi Gorki est un formidable laboratoire d’analyse comportementale. Situations extrêmes, situations crise, situations crash. Évidemment. Et ces situations, il ne s’agit ni de les théoriser, ni de les commenter, ni de les imiter, il s’agit d’en être. Gorki ne produit pas un théâtre d’idées mais un théâtre matérialiste, où être est un processus d’adaptation aux circonstances de la vie, chacun devant composer entre son bonheur individuel et son désir d’appartenance à la communauté. Il s’agit de la poursuite d’une recherche sur l’acteur (être), sur notre héritage théâtral (avoir), sur la place du théâtre dans l’époque, sur la place de l’époque dans l’histoire, sur la place de l’humain dans cette histoire-là. Les personnages de Gorki ne sont là ni pour divertir, ni pour nous communiquer quoi que ce soit. Ils ne sont là ni pour nous être sympathiques, ni pour devenir nos héros ; juste ils sont là. Et il faut bien faire avec. En revanche, et c’est là où ils nous troublent, ils ont bien du mal à reconnaître et à tenir, leur place et leur rôle. L’individu chez Gorki est une découverte permanente et non une donnée fixe et définitive. On aimerait tellement pouvoir s’identifier à des personnages de théâtre, on aurait tellement besoin de guides et de lumières, mais qui voudrait s’identifier à ces gens-là, qui voudrait s’identifier à soi-même, et qui voudrait de soi comme guide ? Regardons-les oeuvrer dans ce clair-obscur, sans espoir de lendemains qui chantent, sans petites lumières scintillantes dans le lointain. Ces estivants-là tracent leur chemin dans la forêt, et les branches et la pluie fouettent douloureusement leurs visages. Et nous réconcilient avec ce que nous sommes. » Eric Lacascade, novembre 2009
J’ai trouvé qu’Éric Lacascade a fait de cette pièce si russe une comédie de boulevard parisien, avec des comédiens parlant de façon peu claire d’une voix haute et hystérique. Les clowneries pathétiques des hommes m’ont paru pousser trop loin la farce, la célèbre phrase je suis trop grand pour les petites choses, trop petit pour les grandes était inaudible par le pauvre comédien qui s’escrimait à la guitare, j’ai amené des amis étrangers francophones qui n’ont pu comprendre la mauvaise diction, à cause du parti pris des voix aiguës, le must de la nudité sur scène a été une fois plus respecté sans aucune justification dramatique, ENFIN j’ai détesté, comme plusieurs autour de moi, dont la voix est étouffée par une critique bêtement unanime. Le petit parisianisme populaire est vraiment indécrottable. Enfin, en tant que russophone, je n’ai pas apprécié la traduction.
Il faut « en vouloir » pour confondre le niveau de travail d’Eric Lacascade avec une comédie de boulevard ! Les acteurs de haut niveau amènent sur le texte de Groki, complexe, un éclairage vivant et clair. Tout en en gardant l’épaisseur et les strates de sens, historiques, psychologiques, de l’action et des personnages, Eric Lacascade emporte la pièce dans un rythme juste, qui lui permet dans toute la grâce et la beauté de sa mise en scène, d’amener l’humour qui nous rend complice de son observation sans pitié de personnages en basculement. Tant pis pour l’académisme et l’intllectualisme, la vie gagne la scène du début à la fin et le texte est rendu au plus essentiel de son sens, pour 3 heures de grand régal théâtral.
J’ai trouvé qu’Éric Lacascade a fait de cette pièce si russe une comédie de boulevard parisien, avec des comédiens parlant de façon peu claire d’une voix haute et hystérique. Les clowneries pathétiques des hommes m’ont paru pousser trop loin la farce, la célèbre phrase je suis trop grand pour les petites choses, trop petit pour les grandes était inaudible par le pauvre comédien qui s’escrimait à la guitare, j’ai amené des amis étrangers francophones qui n’ont pu comprendre la mauvaise diction, à cause du parti pris des voix aiguës, le must de la nudité sur scène a été une fois plus respecté sans aucune justification dramatique, ENFIN j’ai détesté, comme plusieurs autour de moi, dont la voix est étouffée par une critique bêtement unanime. Le petit parisianisme populaire est vraiment indécrottable. Enfin, en tant que russophone, je n’ai pas apprécié la traduction.
Il faut « en vouloir » pour confondre le niveau de travail d’Eric Lacascade avec une comédie de boulevard ! Les acteurs de haut niveau amènent sur le texte de Groki, complexe, un éclairage vivant et clair. Tout en en gardant l’épaisseur et les strates de sens, historiques, psychologiques, de l’action et des personnages, Eric Lacascade emporte la pièce dans un rythme juste, qui lui permet dans toute la grâce et la beauté de sa mise en scène, d’amener l’humour qui nous rend complice de son observation sans pitié de personnages en basculement. Tant pis pour l’académisme et l’intllectualisme, la vie gagne la scène du début à la fin et le texte est rendu au plus essentiel de son sens, pour 3 heures de grand régal théâtral.