Far West industriel
@ Bertrand Desprez
Voilà une pièce anti libérale ! Un acte de bravoure et de résistance. Laurent Leclerc et sa compagnie se sont immergés dans le monde ouvrier avant de monter le spectacle. Ils ont rencontré des ouvriers de la métallurgie dans le Nord de la France. L’histoire raconte le destin de deux anciens métallos, Lucien et Jeanne, licenciés, victime de la perte de vitesse de l’industrie française, de la délocalisation. Transformés en épouvantails, ils vont hanter les rues sombres et crasseuses de leur cité. Lucien mendie et Jeanne a son idée derrière la tête : voler son ancien patron pour s’acheter une sandwicherie. Il s’agit d’une fable sociale qui parle de gens simples. Et cela fait du bien.
Dans une esthétique très recherchée, proche d’une atmosphère à la Steinbeck, Laurent Leclerc a imaginé une scénographie très industrielle. Chloé Cambournac a créé d’incroyables accessoires. Le tout dans une mise en espace et un éclairage très soignés. Laurent Leclerc est l’homme pivot de sa compagnie : il est auteur, metteur en scène et acteur. Un poids énorme pour un projet enthousiasmant. Alors on aimerait sauter de joie en quittant Lucien et Jeanne et au lieu de cela on sort un peu frustré de ne pas avoir pris plus de plaisir, tant il y a de la sincérité et beaucoup de travail. Tous les ingrédients sont là, mais il faudrait un peu plus de nuances dans le jeu volontairement « fantastique » qui par moment alourdit la pièce. Le côté « trés joué » nuit à l’ensemble.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Les épouvantails
Texte et mise en scène et lumières Laurent Leclerc
Coréalisation de la mise en scène Margaux Delafon
Collaboration artistique Gérard Hardy
Avec Margaux Delafon et Laurent Leclerc
Costumes Alice Cambournac
Accessoires Chloé Cambournac
Musique originale Camille Delafon
Production déléguée : Compagnie Barouf Théâtre. En coréalisation avec le Théâtre Les Déchargeurs, avec le soutien de la région Île de France, de la Direction des Affaires Culturelle de la Mairie de Paris et des Plateaux solidaires d’Arcadi.
Durée du spectacle : env. 1h10
Les Déchargeurs (3 rue des déchargeurs 75001 Paris)
du 12 avril au 21 mai 2010 à 20h
Relâche dimanche et lundi
Quand on rencontre des personnes qui ont subi le choc d’être rejetées du jour au lendemain du monde du travail qui structurait leur existence,et si l’on prend la peine de leur adresser la parole on s’aperçoit alors à quel point souvent elles se sentent coupée du monde, et même de leur propre famille, par honte d’avoir tout perdu.On s’aperçoit alors aussi qu’elles ont tendance à se réfugier dans leur solitude qui, coupée de la réalité , bascule dans l’imaginaire, les rêves fantasmatiques voire le délire.Cet aspect dramatique de la réalité sociale de notre époque voilà ce que l’auteur-acteur et sa partenaire ont voulu nous faire toucher du doigt.Ces deux jeunes acteurs mettent toute leur énergie leur passion du jeu théâtral, leur virtuosité dans la répartie pour faire entrer le public dans cet univers mental si particulier. Mais ce n’est pas pour autant une histoire sombre : avec entrain et drôlerie ces deux exclus puissent finalement une force dans leur solidarité née du malheur, pour chercher une issue et retrouver une place dans cette société . Une pièce à voir « Les Epouvantails » Valentine Raicevic