Hélène Iratchet déploie dans Les Délivrés (pièce créée à Lyon aux Subs dans le cadre du festival Sens Dessus Dessous), une autofiction où l’on croise livraisons de colis, relation mère-fille, conception d’une chorégraphie et engagement politique. Si la pièce peine à prendre une direction claire, elle témoigne avec justesse de la surcharge et de la confusion qui caractérise notre époque, avec décalage et fantaisie.
Sur scène, en tenues de sport bigarrées, jogging jaune et orange et doudoune sans manches, Hélène Iratchet et Tamar Shelef jouent une relation mère-fille, alors qu’un bal de livreurs qui les interrompt dans les répétitions de leur studio de danse. Entre le théâtre d’objet, le spectacle de danse, l’autofiction et la pièce engagée Les Délivrés aborde une multiplicité de sujets, mais peine à prendre une direction lisible, malgré sa fantaisie charmante qui transcrit la confusion de notre époque.
Interprète pour Gisèle Vienne ou Christian Rizzo, Hélène Iratchet nous a habituée à des digressions cocasses, souvent autour d’un gros fauteuil en cuir (Sketches) , qui devenait costume, duquel elle surgissait et dans lequel elle disparaissait. Dans Les Délivrés, les objets ont aussi bien leur place, ils en prennent même trop, deviennent gigantesques, à l’instar de grosses sculptures molles (galettes de riz, gobelet de soda ou machine à laver) qui envahissent le plateau. Dans ce studio de danse où mère et fille tentent de monter une pièce, les gentilles prises de bec sont interrompues par des livreurs qui ne cessent d’apporter de nouveaux colis, contenant des objets plus ou moins utiles. Manière de figurer la surconsommation et l’envahissement, aussi bien physique que mental. A travers cette confusion, rythmée par le départ et l’arrivée de ces divers éléments de décor, se dessine une relation entre une mère et une fille, qui prend toute la place à son tour, confrontation qui accentue la surcharge. La danse peine à se frayer un chemin, semble détachée ou en décalage avec le propos. Malgré l’interprétation fine de Tamar Shelef et Julien Ferranti (qui dévoile plusieurs visions de grâce, en cape mouvante façon Loïe Fuller dans l’obscurité).
Plusieurs questions restent en suspens : Où situer la teneur politique de la pièce ? Que devient la figure du livreur ? Quelle est la fonction de la danse ? Dans cette autofiction à l’allure de théâtre bricolé, Hélène Iratchet navigue entre vie d’artiste, relation avec sa mère, dénonciation des dysfonctionnements du monde et addiction à la consommation. Un tableau, qui malgré la superficialité des sujets abordés, témoigne bien de la confusion qui règne à notre époque. Elle le pimente par sa fantaisie habituelle, à travers l’extravagance des costumes et des décors, mais aussi sa manière décalée de s’emparer d’un sujet.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Les Délivrés
Écriture et chorégraphie : Hélène Iratchet
Scénographie et costumes : Rachel Garcia
Création lumière : Rima Ben Brahim
Création son : Cristián Sotomayor
Interprétation : Hélène Iratchet, Tamar Shelef, Julien Ferranti
Conseils à l’écriture : Yuval Rozman
Assistante artistique : Delphine Coindet
Production : Les SUBS – lieu vivant d’expériences artistiques,
Lyon et l’association Richard
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès
Coproduction et résidences : Les SUBS Lyon – La Maison de la Danse / Pôle européen de création, Lyon – La Comédie de Saint-
Etienne – Centre dramatique national Charleroi danse, centre chorégraphique de Wallonie, Bruxelles – Le CCN2 – Centre chorégraphique national de Grenoble – Le Centre chorégraphique national de Rillieux-la-Pape / Direction Yuval Pick – KLAP Maison pour la danse, Marseille – La Place de la Danse, CDCN Toulouse / Occitanie – Le Pacifique, CDCN Grenoble – Montevideo, Marseille
Soutiens : La DRAC Auvergne-Rhône-Alpes/ La Région Auvergne-Rhône-Alpes
Le Département de la Loire / La Ville de Saint-Étienne
LA SPEDIDAM est une société de perception et de distribution qui gère les droits des artistes interprètes en matière d’enregistrement, de diffusion et de réutilisation des prestations enregistréesDurée : 1h05
30 novembre et 1er décembre 2023
Théâtre de la Cité Intenrationale
Dans le cadre du festival Transforme – Paris
initié par la Fondation d’entreprise Hermès
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