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« Les Conséquences » sans nuances de Pascal Rambert

Annecy, Les critiques, Moyen, Nice, Paris, Théâtre
Pascal Rambert crée Les Conséquences au Théâtre National de Bretagne Rennes
Pascal Rambert crée Les Conséquences au Théâtre National de Bretagne Rennes

Photo Louise Quignon

Malgré une distribution de choix sur le papier, et solide à l’épreuve du plateau, Pascal Rambert livre, dans le premier volet de sa future trilogie, une jolie collection de clichés sur les générations et sur les mécanismes de psychogénéalogie qui les relient.

Ils sont venus, ils sont (presque) tous là, réunis dans cet imposant barnum – qui n’est pas sans rappeler le décor de STARs, l’une des précédentes créations de Pascal Rambert –, avec ses murs d’un blanc immaculé, son éclairage au néon, ses bancs et tables en bois, son insonorisation qui laisse à désirer et ses vulgaires fauteuils en plastique, pour commémorer dans la douleur ou célébrer dans la joie. « Ils », ce sont les personnages de la famille des Conséquences, premier volet d’une trilogie que Pascal Rambert ambitionne d’achever « vers 2029 » en écrivant et en montant à sa suite Les Émotions et La Bonté avec, à chaque fois, la même distribution ; « ils », ce sont aussi, et peut-être surtout, les membres de la famille de théâtre, et de coeur, de l’auteur et metteur en scène, ces comédiennes et comédiens avec qui il a noué une relation étroite, pour qui, au fil des années et des pièces, il n’a cessé d’écrire des rôles sur-mesure : Audrey Bonnet, Anne Brochet, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Laurent Sauvage et Jacques Weber. À ces fidèles, viennent s’ajouter des nouveaux venus, reconnus, comme Marilú Marini, ou moins connus, comme Lena Garrel, Jisca Kalvanda – avec qui il avait déjà collaboré dans 8 ensemble –, Mathilde Viseux – qu’il avait déjà dirigée dans Dreamers – et Paul Fougère, frais émoulus des écoles du TNB, du TNS ou du Conservatoire. De quoi mettre l’eau à la bouche de n’importe quel·le mordu·e de théâtre.

Toutes et tous appartiennent donc au même clan, dont Pascal Rambert a choisi de suivre la trajectoire durant dix ans, au long de deux mariages pour autant d’enterrements, dont nous serons « seulement » autorisés à voir les coulisses. Au sommet de la pyramide des âges, se tiennent Marilú et Jacques, qui vient tout juste de perdre sa mère tutélaire, âgée de 106 ans. Ensemble, et malgré les infidélités de Jacques, ils ont eu trois filles : l’aînée, la grande absente de ces réunions de famille en raison d’un fort déséquilibre psychologique ; Anne, embarquée depuis de trop longues années dans une union sans saveur avec Arthur ; et Audrey, mariée depuis toujours à Stan, mais qui, depuis leur rencontre à l’ENS, aime follement Laurent, qui vient de sortir de prison. Dans les plus hautes branches de l’arbre, se trouvent les plus jeunes : la fille d’Audrey et Stan, Jisca, qui ne tardera pas à se marier avec Paul, et Lena, qui, depuis de très nombreuses années, ne laisse plus tout à fait indifférente son associée et amie de toujours, Mathilde. Avec une matriarche danseuse et un patriarche psychiatre, linguiste et député-maire, les descendants ont en commun d’appartenir, reproduction sociale oblige, à ce qu’on nomme les élites intellectuelles : quand la deuxième génération aligne un énarque-diplomate, une normalienne-critique de théâtre-publicitaire et un préfet – de la Corrèze, certes, mais préfet quand même –, la troisième concentre une assistante parlementaire, un comédien et deux anciennes élèves de l’École alsacienne devenues gérantes-fondatrices d’une association qui aide les enfants des quartiers défavorisés à partir en vacances. En dépit, ou peut-être à cause, de ce beau tableau social, toutes et tous ont aussi en commun de ne pas savoir, ou vouloir, communiquer, de surnager dans un même bain où se mêlent les non-dits, les rancunes et les rancoeurs, mais aussi les traumatismes qui, parce qu’ils n’ont pas été réglés, se transmettent de génération en génération, telle une malédiction qui pousserait tout un chacun vers un abîme sentimental et/ou psychologique.

Pour conter cette histoire commune, et esquisser les trajectoires individuelles qui la façonnent, à travers quatre « moments forts », Pascal Rambert a semble-t-il voulu, au moins partiellement, changer de système dramaturgique. En lieu et place des longs dialogues monologués dont il s’était fait une spécialité, l’auteur et metteur en scène opte, à l’exception des soliloques intérieurs de ses personnages – qui offrent les plus beaux et touchants moments du spectacle –, pour des tirades beaucoup plus resserrées, symptômes, sans doute, du manque de communication familial qu’il entend mettre en exergue. Ce changement de pied n’est évidemment pas un problème en lui-même, mais, à l’épreuve des planches, il ne lui permet malheureusement pas d’atteindre ses fulgurances habituelles, de donner suffisamment de surface et de complexité aux individus qu’il entend dépeindre et, surtout, le pousse à recourir à une jolie collection de clichés qui frappent l’ensemble des générations. Tandis que, dans la trajectoire politique familiale, les grands-parents communistes engendrent, forcément, des enfants socialistes, qui se retrouvent, à leur tour, avec une progéniture macroniste, lepéniste ou apolitique, l’appréhension des existences et des métiers – les artistes incompris, les gérantes d’association naïves, le politique moralement corrompu, la normalienne dévoyée dans la pub, le professeur brillant envoyé dans le fin fond de l’Ardèche, le psychiatre mal chaussé et père d’une « folle », d’une dépressive et d’une névrosée – fleure bon les grosses ficelles, à grand renfort de psychogénéalogie mal digérée – Papy a trompé Mamy, donc Maman a trompé Papa et Tata a trompé Tonton, donc mon propre mariage, sans enfant, pour mettre fin, sans que j’en aie pleinement conscience, à la malédiction, fait feu de paille.

À l’avenant, si l’ensemble des membres de cette famille se montrent particulièrement perméables à la situation désastreuse du monde qui les entoure, et notamment à ses convulsions politiques, leurs réflexions arrivent souvent comme un cheveu sur la soupe, voire au forceps, et ne vont jamais au-delà du constat largement partagé par toutes et tous. Particulièrement didactique dans sa façon de ne laisser aucune zone d’ombre, et aucune place à la réflexion des spectatrices et spectateurs – à l’image de la scène finale où, débarquant seul dans une pièce désertée par tous, Jacques est obligé d’expliquer qu’il se sent comme Firs dans La Cerisaie de Tchekhov, et brise la potentielle magie du moment –, Pascal Rambert génère alors une atmosphère artificielle, où les références théâtrales, cinématographiques – Le fond de l’air est rouge de Chris Marker – et littéraires apparaissent comme autant de coquetteries. Ce sentiment d’artificialité, l’artiste le prolonge dans sa mise en scène qui, si elle profite de magnifiques déplacements chorégraphiés, grâce à l’élégant travail d’Olga Dukhovnaya, paraît un peu forcée, tant dans l’utilisation des lumières sur-présentes d’Yves Godin que dans les moments purement théâtraux de chant et de danse qui, là encore, sont tout sauf endogènes. Reste alors, et ce n’est pas rien, le talent de comédiennes et de comédiens qui, chacun à leur endroit, et malgré un texte plus en dedans que ceux qu’ils ont pu empoigner par le passé, s’avèrent d’une solidité remarquable. Parmi elles et eux, Stanislas Nordey dans sa tirade sans complaisance au beau-père, Arthur Nauzyciel dans sa déclaration finale ou Audrey Bonnet dans l’aveu de son amour éternel réunissent même à toucher au coeur, et à faire briller la langue rambertienne qui, lorsque sa plume n’est pas bridée, reste d’une exquise vigueur.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Les Conséquences
Texte, mise en scène et installation Pascal Rambert
Avec Audrey Bonnet, Anne Brochet, Paul Fougère, Lena Garrel, Jisca Kalvanda, Marilú Marini, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Laurent Sauvage, Mathilde Viseux, Jacques Weber
Lumières Yves Godin, assisté de Thierry Morin
Costumes Anaïs Romand
Musique Alexandre Meyer
Scénographie Aliénor Durand
Chorégraphie Olga Dukhovnaya
Assistanat à la mise en scène Romain Gillot
Collaboration artistique Pauline Roussille
Régie générale Félix Lohmann
Régie lumière Thierry Morin
Régie son Baptiste Tarlet
Régie plateau Antoine Giraud
Habilleuse Marion Régnier
Répétiteur José-Antonio Pereira
Coach vocal Lucas Van Poucke

Production structure production
Coproduction Théâtre National de Bretagne, Centre Dramatique National ; Le Cratère, Scène nationale d’Alès ; Festival d’Automne à Paris ; Théâtre de la Ville – Paris ; Bonlieu, Scène nationale Annecy ; Théâtre National de Nice – Centre Dramatique National Nice Côte d’Azur

Durée : 2h20

Vu en septembre 2025 au Théâtre National de Bretagne, Rennes

Théâtre de la Ville, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 3 au 15 novembre

Bonlieu, Scène nationale Annecy
du 2 au 4 décembre

Théâtre National de Nice – Centre Dramatique National Nice Côte d’Azur
du 17 au 19 décembre

2 octobre 2025/par Vincent Bouquet
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