Marie-José Malis, la directrice du Théâtre de la Commune d’Aubervilliers a fait savoir dans la nuit du 26 au 27 octobre 2016 sur son compte facebook que les comédiens du 81 avenue Victor Hugo et leurs amis ont été expulsés de leur squat, sur ordre de la préfecture. « Un tel gâchis se passe de commentaires politiques » explique la metteuse en scène. « 40 personnes dorment ce soir au théâtre. Nous ne tiendrons pas longtemps. Ensuite, c’est la rue ? Il y avait grand intérêt, en effet, en cette période de mise à l’abri des gens de Calais, à jeter dehors des gens pacifiques, exemplaires, ruiner un processus de régularisation qui rendait un peu justice au sort des gens, et désespérer encore plus la ville d’Aubervilliers, une des plus pauvres de France, qui se retrouve maintenant avec ces nouveaux sans abris dans ses rues. Il y a des passions tristes.
Mais ce ne sont pas les nôtres: il faut encore s’adresser à la préfecture du 93. 21 personnes doivent encore être régularisées, le processus de relogement des gens doit être accéléré. Sinon demain, nous aurons pour la première fois des acteurs du Festival d’automne (la pièce de Olivier Coulon-Jablonka qui avait été présentée cet été au Festival d’Avignon faisait aussi partie de la programmation du Festival d’Automne – le spectacle est encore programmé les 8 et 9 novembre au Centre dramatique national de Sartrouville – ndlr), et leurs amis, qui dorment sur le trottoir. Et pas par romantisme. »
Sur scène ses hommes racontaient leur quotidien de clandestins en France. Cette « pièce d’actualité « 81 avenue Victor-Hugo » fait référence à l’adresse du bâtiment que les membres du collectif occupent à Aubervilliers. Le préfet délégué à l’égalité des chances, Didier Leschi avait pourtant dans un premier temps décidé d’examiner leurs dossiers en vue d’une régularisation – une trentaine l’ont été effectivement, il reste 21 dossiers en cours d’examen. Et ces derniers jours les rumeurs d’une expulsion commençaient à circuler.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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